Des chefs de l’opération Alpha craignent le retournement des soldats camerounais à cause de la thèse du complot nordiste.
Près de 160 militaires et 200 policiers nigérians, en service dans la localité frontalière de Banki, ont demandé, mardi vers 10h aux autorités camerounaises, à se replier pour rejoindre leur armée par un itinéraire sécurisé en territoire camerounais. Pour argumenter leur demande, les Nigérians ont dit que depuis que la ville de Bama est aux mains des Boko Haram, ils sont coupés du reste de l’armée nigériane et font face seuls aux exactions des terroristes. Le droit de passage convoité leur a été accordé presqu’aussitôt.
Seulement, c’est vers 19h qu’ils ont décidé d’entrer au Cameroun. Ils ont presque forcé l’entrée à Amchidé, ville mitoyenne de Banki. Ils ont ensuite été conduits àMora, puis acheminés vers Moubi (Nigéria) en passant par Guider. Cette fois, les militaires de l’opération Alpha ont pris la précaution de les désarmer lors de leur passage au Cameroun et ne leur ont rendu leurs armes que lorsqu’ils ont franchi la frontière.
Avec la tombée de Banki, sous la coupe des terroristes, c’est toute la frontière nigériane avec le Cameroun, de Gwoa jusqu’à Sakmé dans les confins du Lac Tchad qui est dégarnie des forces de défense nigérianes. Cet état de fait interpelle les militaires camerounais sur les raisons de ces défections. Selon un officier supérieur en charge du renseignement, les Boko Haram sont constants dans leur ambition de créer un Etat islamique au Nord-est du Nigéria.
Ils ambitionnent, pour réaliser ce rêve, de prendre la mégapole de Maiduguri. Celle-ci a cinq millions d’habitants et la plus importante base aérienne de l’armée nigériane au nord. « Boko Haram est à Bama, 80 km, et à Mongolo à 60 km de Maiduguri. Les combattants de la secte ne redoutent rien autant que l’aviation que le Nigéra a très sophistiquée. Nous savons que Boko Haram a massé près de 70% de ses efforts, en terme de puissance de feu, pour prendre cette ville.Mais, il leur faut un travail de préparation.
Ils doivent se faire des bases de repli et surtout ne pas laisser derrière eux, des forces nigérianes qui pourraient les prendre en tenaille », explique notre source. Selon notre interlocuteur, les militaires nigérians ont déserté leurs positions à Banki, Achigachia, Gwoa, Kerawa, Bama Gambaru et Sakmé. Ils étaient super équipés et pouvaient, par leur puissance de feu, tenir valablement tête pendant des mois aux terroristes. Seulement, pensent les chefs de l’opération Alpha, « l’armée nigériane a été victime de la propagande de Boko Haram ».
Les terroristes ont savamment distillé des discours de désunion des forces, de corruption et d’inefficacité des chefs militaires nigérians, si bien qu’ils sont parvenus à faire croire que les généraux étaient illégitimes et peu crédibles pour mener la guerre contre eux. «Ces hommes politiques à Yaoundé et à Douala, qui parlent de rébellion, sont pour nous de vrais dangers ici. Nous disons à nos soldats que l’ennemi vient du Nigéria et qu’il faut à tout prix garder étanche notre frontière. Eux, ils disent que l’ennemi est camerounais et est dans leur dos. Cela crée de la suspicion des soldats vis-à-vis des chefs. Ils vont finir par nous croire peu crédibles nous aussi », enrage notre source.
Malgré ces sombres présages, l’opération Alpha a renforcé ses positions à Amchidé hier. «Nous avons augmenté le feu et les servants », dit notre interlocuteur. Des chiens renifleurs d’armes ont été déployés sur le terrain eux aussi.
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