«Pendant que le vaillant peuple de Guinée, sous le leadership et la haute clairvoyance du Professeur Alpha CONDE, Chef de l'État, se dresse comme un seul homme pour ... »
C'est par cette éjaculation de langue de bois, une prose d'obséquiosité et de culte éhonté de la personnalité que l'on croyait rayées du jargon politique guinéen, qu'un certain (et autre) «professeur d'université», membre du «Bureau Politique National» du RPG introduisit un discours de mises en garde ordurières sur les prochaines élections présidentielles.
Bon voyou politique, il lance un ultimatum indiquant que le RPG « se réserve le droit naturel, d'user de la légitime défense préventive pour mettre hors d'état de nuire, quiconque se muerais en danger réel pour sa survie. »
Aux militants et aux leaders de l'UFDG de tirer les leçons qui s'imposent sur ces menaces et ces dispositions d'esprit du RPG.
Dans le torchon, le milicien-professeur fait l'amalgame entre l'UFDG et Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon avec les mêmes visées sinistres qu'autrefois. Remises à la mode par les sbires du «PRESIDENT DEMOCRATIQUEMENT ELU» (comme si les autres présidents du monde n'étaient que des putschistes), elles ont pour but de continuer l'œuvre de diabolisation du Fouta-Djallon.
Par des insinuations, les affidés du RPG veulent ancrer dans les esprits l'idée d'une gangrène et d'une aberration au cœur de la Guinée que serait le Foutah, avec des mœurs moyenâgeuses et esclavagistes; pour faire oublier les violeurs et les pilleurs qui hantent les corridors de leur gouvernement.
Cette tradition bien établie de faire la politique, toujours au dépens d'un groupe ethnique ou social, est l'idéologie qui nourrit la logomachie pornographique de ce néo-nazillon de professeur qui, avec un culot de gone, présente notre organisation avec des spasmes injurieux qui rappellent les jours les plus sombres de l'odieuse radio de la VOIX DE LA REVOLUTION: «une flopée de renégats... au rang desquels trônent, les thuriféraires [d'une] organisation sectaire, ténébreuse et dangereuse, dénommée POTTAL FII BHANTAL FOUTA ».
Le néo-nazillon croit se rattraper avec des parenthèses (à dissocier du vrai Fouta, très attaché à l'unité nationale !) pour trahir encore mieux ses menées de division. Pour eux, il y a un vrai Foutah attaché à leur «unité de bandits ».
Et puis il y a l'autre ... . Faut-il rappeler à ce milicien-en-cravate que dans cette «flopée de renégats » de Pottal se trouvent des militants qui furent au front des campagnes de libération de Alpha Condé quand il fut arrêté? La gratitude n'est pas naturelle chez l'humain. Elle n'est que la manifestation de la vertu.
Alpha Condé a montré en être totalement dépourvu. Ainsi, il fait vomir son fiel en public par les miliciens de son parti, du fait du haut-le-cœur que leur donnent les questions que POTTAL FII BHANTAL pose inlassablement sur l'éradication de l'impunité et des graines du fascisme dans notre pays.
À savoir : pourquoi, dans un pays qui veut qu'on lui colle le label de démocratie émergente, y a-t-il des accusés de crimes contre l'humanité dans le gouvernement? Pourquoi ce même gouvernement s'évertue-t-il à denier la justice aux victimes et les entoure de mépris? Pourquoi entretenir aujourd'hui un mini-apartheid dans l'administration et dans l'armée?
Une mise en garde aux jeunes qui n'ont pas eu le malheur de vivre la peste du PDG s'impose contre cette prose empoisonnée. Pour qu'elles sachent que ces déclarations et les actes des ethno-fascistes du RPG ne sont pas nouveaux.
Le RPG n'est que le continuateur de la tradition du PDG qui abreuva des générations entières de guinéens de ce genre d'amalgames, de mensonges, d'imprécations et d'intimidations. Certains d'entre nous ont grandi sous le règne du PDG.
Les outrances des affidés du RPG ne nous sont donc pas étrangères. Néanmoins, c'est avec amertume qu'on note que la bête immonde du Parti-État a enfanté d'éclopés mentaux et qu'elle ne mourra pas de mort naturelle.
Il faudra des coups de boutoir des démocrates pour anéantir cette vermine et assainir la Guinée. Avec ses résurgences et sa pérennité féconde et déroutante, la vermine du PDG-RPG a amoindri les espérances des guinéens.
Elle nous aura poussés dans les retranchements suicidaires de la fatalité. Sciemment et, sur la table rase de la décence, la pègre aura presque réussi à désarçonne la raison.
Au point que les intellectuels guinéens évoquent en public, la malédiction de la nation que l'on avait jusque-là conjurée sous cape et avec des points d'interrogation.
Il faut raison garder et à tout prix rester lucide pour réfuter (même si la tristesse de l'impuissance demande de l'avoir en arrière-fond) l'explication simpliste, peu opératoire, fataliste et contreproductive de la malédiction de la Guinée. Si on abonde dans cette thèse, la pègre satanique aura réussi dans son jeu.
On ne pourra ni faire l'étiologie du mal, ni apporter les solutions théoriques qui permettront de charpenter la lutte contre ces ravageurs. Il est certes difficile de cerner, avec des outils logiques, les modes de raisonnement de pouvoirs profondément imprégnés d'irrationnel et de haine.
Donc n'entrons pas dans leur domaine et dans leur champ. Restons les pieds fermes sur ceux des analyses. De la psychanalyse plus adéquatement.
Depuis l'indépendance, les méthodes de gouvernement des dirigeants guinéens ont tous les traits de la mauvaise conscience qui elle-même, procède de la conviction intime de leur flagrante imposture. La mission de forger un pays et de créer une nation ne peut et ne pourra jamais être l'œuvre des médiocres.
La tâche est trop complexe pour eux. Toutefois, pour incapables qu'ils se sont avérés, les tenants du pouvoir se sont toujours accrochés, jusqu'à la dernière minute, aux privilèges que procurent leurs positions.
Pour avoir refusé l'humilité de reconnaitre leurs limites et de faire appel à l'aide, ils se condamnèrent de fait à diluer la noble mission de construire une nation et de conduire le peuple, dans une arrogance à fleur de peau et la cruauté gratuite, qui demandent pour se perpétuer l'exaltation de la médiocrité.
La mauvaise conscience qu'ils trainent de se sentir en deçà des exigences de l'histoire, explique leur inclination à ses comportements sadiques qui étonnent et traumatisent.
Dans ses manifestations journalières, le sadisme s'habille d'un cynisme routinier qui décrète que la culture et l'intelligence sont des valeurs surannées, voire dangereuses. Elles seraient même la cause de tous les problèmes du pays. Le cynisme fait l'éloge du larbinisme aux dépens du travail.
Il entérine l'allégeance au chef de bande du jour comme seule possible alternative. Toute tentative de corriger la course suicidaire ou l'imbécilité officielle est de la traîtrise fomentée par des ennemis du peuple.
Au crépuscule, le sadisme se mue en propagande et, par le truchement des thuriféraires, il insulte et humilie pour inoculer dans les esprits que la nation ne vaut pas la peine; qu'elle est faite de bon-a-riens et d'envieux.
En même temps, ce sont des cris incessants au complot pour sauver cette même nation des menées des ennemis et des saboteurs imaginaires.
Durant la nuit, le sadisme reprend ses formes régulières pour exterminer tout ce qui pourrait le gêner, tous ceux qui prétendent ou pourraient prétendre au pouvoir, laissant derrière lui une trainée de psychoses et de peurs. Au petit matin, le cycle reprend avec l'appui des légions de l'obscurantisme encouragées à soigneusement ignorer tous les principes de justice et de droit.
La règle restante est celle de «qui tu connais, ton nom de famille ou combien tu donnes». Ayn Rand a bien décrit le mécanisme par lequel on arrive à cet état de fait: «Ne cherche pas à raser tous les sanctuaires ; tu pourrais effrayer les hommes. Sanctifie la médiocrité - et les sanctuaires sont rasés » (THE FOUNTAINHEAD).
En Guinée, les ethno-fascistes ont perfectionné cette démarche. Ils n'ont pas fait que raser les sanctuaires. Ils ont érigé d'autres, de leur propre marque. Les esprits y marinent à l'école des règlements de compte. Les âmes s'y allaitent du fiel des insultes.
Les basses convoitises y sont encensées. De ces sanctuaires les artistes, les créateurs de richesses, les esprits critiques et de culture ont décidé de se porter absents ou de garder le profil bas - pour une question de préservation physique. Le silence et l'absence des citoyens d'avant-garde sont tout ce dont la pègre a besoin. C'est le couronnement de son œuvre. C'est la clé de voûte de son succès.
Voici, à mon humble entendement et succinctement décrite, la pépinière guinéenne qu'on croit être une «malédiction». C'est un terrain fertile mais d'où ne fleurissent plus que les lignées de salopards.
Elles s'y perpétuent avec une régularité désarmante : le psychopathe Sékou Touré qui échoua à l'école primaire, chauffa la place à la vipère aux aguets dont toute nation civilisée aurait honte, Lansana Conté. La vipère fut succédée par l'écervelé de Daddis ; puis ce fut le soudard de Konaté.
À eux tous succéda l'homme du temps, Alpha Condé. Il combine en un cocktail désastreux les tares de tous les prédécesseurs : des origines familiales douteuses, une éducation hypothétique, une culture de malin, des mœurs légères et un affairisme criminel.
La succession vertigineuse de ces chamans de la complotite, des manitous de la division ethnique, des marabouts de l'obscurantisme, de cette engeance d'affameurs qui font de la misère du peuple leur allié le plus sûr et de la souillure des âmes leur religion, cela ferait bien croire que la terre que nous léguèrent nos ancêtres est maudite.
Si telle n'était pas l'impression, il y aurait raison de s'interroger sur la santé mentale des guinéens. Il faut noter toutefois que, tout comme le fou ne questionne jamais l'idée de sa normalité, le maudit aussi ne s'interroge pas sur sa condition. Tous les deux estiment leur situation des plus normales. Ni l'un ni l'autre ne chercheraient à la changer.
Le peuple de Guinée par contre s'interroge permanemment sur son destin et cherche confusément comment sortir de l'ornière. Conclusion: le peuple de Guinée n'est ni fou, ni maudit.
Même si il n'a pas encore réussi à briser le carcan de la dictature. Les maudits et les fous sont ses dirigeants. Eux qui, à l'approche des élections, promettent d'avance violence et terreur pour survivre.
Donc, un sursaut est possible. La rédemption est possible. Il est possible de nettoyer la pépinière de la «malédiction». La lutte contre la pègre demande des sacrifices, des efforts mais surtout de l'imagination.
La lutte s'organisera en changeant les états d'âmes, les désillusions, les lamentations dans les salons ou les écrits en actions coordonnées et intelligentes. Les intellectuels guinéens doivent arrêter la fuite en avant.
Il y a lieu d'ancrer la réflexion sur les moyens et les méthodes de la lutte contre l'ethno-fascisme, en se défaisant des scepticismes de blasés et des slogans simplistes de « il n'y a qu'a et il suffit que... ». Ils doivent s'organiser en forces multiples, chacun là où il excelle, pour redescendre dans l'arène désertée et en bannir les salauds.
L'unité d'action de toutes les composantes de progrès est nécessaire. Mettons donc de côté les chicaneries sémantiques, les querelles de chapelles et les égotismes maladifs pour faire de la hardiesse notre maitresse commune.
Refusons de soumettre notre destinée à des hommes providentiels qui se sont avérés être des tricheurs de petit calibre. Sur le chemin vers l'arène, chacun doit prendre à bras-le-corps la mission de sauver le prochain de la «malédiction».
Le temps ne doit pas être perdu à attendre l'organisation idéale, le candidat parfait, la charte sans tache, le parti avec l'idéologie la plus pure, le discours qui plait, les analyses sans failles. Le même réalisme qui permit aux intellectuels de se préserver des salauds doit prévaloir dans la bataille à venir.
Nous devons cesser d'alimenter l'illusion de solutions électorales face à des fascistes. Le combat demande l'explorer avec lucidité les conditions du terrain, d'évaluer les forces et les faiblesses de la pègre au pouvoir, de tirer les leçons des échecs passés pour rénover les outils et réarmer les actions.
Avec la misère et le ras-le-bol, il est fort possible que ce l'on vit aujourd'hui soit bientôt suivi d'un réveil brutal, comme en 2006 et en 2007. La société civile ébranla le régime de Conté à l'époque. Nous devons nous préparer à une telle éventualité.
Mieux, nous devons la créer. Nous devons nous entendre sur une charte minimale pour que l'insurrection populaire à venir soit la débâcle définitive du fascisme ethnique.
Pour ne pas que la transition qui s'en suivra soit détournée par les calculs politiques, nous devons la fonder sur des principes démocratiques qui ne souffrent pas d'équivoque, l'encadrer avec un plan intelligent assorti de critères précis de choix des hommes qui seront en charge de la mener.
Cela consiste à insister avec rigueur et sans compromis sur la justice, à exiger une conférence nationale de vérité, à forcer sur la nécessité de réviser à fond la constitution pour la rendre conforme à notre histoire, à notre pays et à notre douloureuse expérience.
Cela consiste aussi à demander un calendrier précis d'assainissement du corps électoral - fondement de toute démocratie, à programmer des élections étagées dans le temps et sans précipitation pour empêcher le détournement du processus.
Tout leader social ou politique qui ferait croire qu'il faut avancer rapidement, que le chemin est simple, facile ou aisé devra être surveillé. Toute pression des «ONG de la démocratie» qui nous ferait dérailler du devoir de bien scruter notre passé avant de nous engager vers l'avenir devra être regardée avec suspicion.
Par ambition ou par patriotisme, nous devons faire une lecture saine des aspirations des Guinéens avec de la compassion pour les victimes innombrables, silencieuses dans les tombes et les fosses anonymes, qui ont montré la voie. L'honneur ultime à leur rendre consiste à débarrasser la nation de ce passé aberrant qui refuse de mourir.
Ensemble, leaders politiques du jour ou simples citoyens, nous devons être les mains et les instruments pour seconder les aspirations si souvent trahies mais qui elles aussi refusent de mourir. À l'érection et au succès de la transition vers cet objectif, nous devons travailler. À cette tâche nous devons nous limiter. La voie sera alors libre.
Les jeunes générations manufactureront l'avenir. Faite sans arrière-pensées, ce sera une contribution autrement plus exaltante que de se ronger les ongles avec des ambitions présidentielles ou ministérielles compromises d'avance par les quadrillages du RPG. Avec des menaces de surcroit.
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