NOUS SOMMES
EN TRAIN d’assister à une sorte d’atmosphère de fin de règne au Cameroun pour
la simple et bonne raison que Paul Biya est en train d’effectuer les 12 travaux
d’Hercule pour nettoyer les écuries d’Augias. Lorsque l’homme prend le pouvoir
le 6 novembre 1982, ses maîtres mots sont Rigueur et Moralisation. Ceci aurait
dû faire comprendre aux Camerounais qu’après l’ère Ahmadou Ahidjo, son
successeur constitutionnel avait pour objectif de remettre les Camerounais au
travail. Paul Biya se met à l’oeuvre, mais malheureusement son prédécesseur se
ravise et lui met les bâtons dans les roues pour semer la zizanie et tente de
reprendre le pouvoir.
Paul Biya se
transforme en sphinx et adopte d’abord le profil bas puis survient le
tour des provinces d’Ahmadou Ahidjo ce qui vaut l’exclusion de trois députés de
l’Unc : Ninga, Songo, Moussa Yaya Sarkifada. Ceux-ci avaient eu le courage de décrier
cette action. Puis, en décembre 1982, survient le prix Dag Hammarjeld
où Ahmadou Ahidjo veut être accueilli par le chef de l’Etat en fonction peine perdue
car Paul Biya, en bon constitutionnaliste, exige d’arriver le dernier au palais
des Congrès.
Ahidjo s’y
plie, mais comprend que son poulain n’est plus une mauviette, lui qui l’a servi
pendant 20 ans. Il s’y plie, mais la guerre sourde est déclarée. En janvier
1983, Ahmadou Ahidjo accorde une interview à Henri Bandolo où il affirme que c’est
le président national du parti qui définit la politique de l’Etat. Le lendemain
Paul Biya rétorque en disant et en s’appuyant sur la Constitution que c’est le
président de la République qui définit la politique et le gouvernement l’applique.
En plus, dans la même Constitution, il est stipulé que le ou les partis
politiques existent, ce qui prouve que nous vivions dans une démocratie et non
dans un parti Etat. De guerre lasse, Ahidjo comprend que son successeur
constitutionnel n’est pas la mauviette qu’il croyait. Il faudra attendre la
veille de l’arrivée du président français François Mitterrand à Yaoundé, pour
comprendre que la donne a changé.
C’est le début
de l’exil pour Ahmadou Ahidjo au Sénégal jusqu’à son décès en novembre 1989.
Petit à petit, Paul Biya imprime son rythme et commence à s’affirmer. L’homme a
réussi à battre le record d’Ahidjo au pouvoir, est devenu cynique, machiavélique,
sans états d’âme et s’est transformé en un simple esprit désincarné, sans
sentiments, ni remords. Il a réussi à traverser des épreuves au point où l’opposition
camerounaise n’existe plus et où il fait la pluie et le beau temps. Je me
souviens au cours d’une interview accordée à Eric Chinje sur la prévarication,
il exigeait des preuves, c’était en 1987. Au jour d’aujourd’hui, Biya s’est
subitement transformé en chronos, un dieu grec qui avait la particularité de
manger ses enfants.
Ceci me
rappelle une autre anecdote, quand la vipère met bas, elle monte sur un arbre
et commence à pondre des oeufs qui vont éclore, le sol touché, car leur venin
est sans appel. La vipère se protège donc contre le venin de ses enfants. Je me
rappelle également de la truie quand elle veut mettre bas, doit être solidement
attachée et la bouche bloquée de manière à ce qu’elle ne puisse pas manger les
porcelets nouvellement sortis de ses entrailles. C’est ce Paul Biya nous sert
aujourd’hui en gros plan car ; il commence à manger et à broyer ceux qui
affirment être ses enfants donc, inattaquables. Cependant, dans le cas de Mendo
Ze Gervais, c’est un signal fort envoyé aux autres prévaricateurs qui se
croyaient intouchables. Paul Biya n’est plus un humain, il s’est mué en esprit
désincarné sans sentiments, ni états d’âme et ne peut donc pas avoir de
remords.
Il abat donc
ses dernières cartes sans remords pour faire comprendre à ses concitoyens que c’est
son dernier mandat, celui des grandes réalisations dans tous les domaines y
compris le redressement des moeurs. Il a donc entrepris de nettoyer les écuries
d’Augias pour laisser un pays propre à son successeur qui commence à se
dessiner sous la forme d’un militaire mis à la retraite, donc jouissant du
statut de civil. C’est peut-être ce scénario machiavélique que Paul Biya réserve
aux Camerounais. Chacun ira de sa propre analyse pour dénicher l’oiseau rare
qui se trouve pourtant parmi nous car les autres proches collaborateurs du chef
de l’Etat sont mouillés à divers niveaux, donc déclarés non partants comme au
Pmuc.
Le sphinx
Biya, prince machiavélique est donc en train de tisser sa toile afin que le
Cameroun connaisse une transition démocratique sans failles, ni heurts, ni
bruits de bottes. La famille politique Camerounaise est composée d’hyènes, de
renards, de hiboux, de vautours prêts à fondre sur une proie à peine abattue.
Paul Biya, en bon stratège est donc en train de peaufiner sa succession afin qu’elle
se déroule dans les normes et les exigences de la Constitution, sans heurts et
sans éclats de voix. Il a donc déjà commencé par positionner son poulain car,
ce dernier n’appartient et ne milite dans aucun réseau ; aucun circuit et ne s’est
jamais mouillé dans les affaires d’argent ou de trafics d’influence.
Il est resté
fidèle à son patron à qui il obéit comme un zombie. Lors des multiples
scandales de la nation, son nom ne s’est jamais retrouvé dans ces sales
affaires de corruption ou de détournement qui secouent la nation. Au prochain
numéro, je vous brosserai le portrait robot de cet oiseau rare que nous côtoyons
partout tous les jours et qui sert le prince depuis au moins 22 ans.
Aurore Plus
: Michel Michaut Moussala
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