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Si seulement Marafa l’avait su ! par Serge Williams Fotso

Si je savais écrire, je saurais certainement répondre à Marafa Hamidou Yaya (MHY). Je le ferais aussi bien, voire mieux que les illustres plumes qui ont, depuis la publication de son essai et même avant, relevé les incongruités, pour dire le moins, qui jonchent les 409 pages de rapport administratif -on a bien l’impression que c’est plus de cela qu’il s’agit que d’un livre- dont les vraies bibliothèques se passeraient volontiers. Si seulement MHY le savait. Un confrère qualifie d’ailleurs l’ouvrage de «  Version animée de l’organigramme du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation vue par l’intéressé »

Un autre le taxe « D’apologie du nombrilisme » et un dernier en parle en ces termes : « On perçoit le souci de l’auteur de se bâtir une image de travailleur infatigable, d’initiateur des réformes, de patriote acharné toujours soucieux de l’intérêt du pays ». Pas du tout nouveau. Son abondante activité épistolaire nous a déjà habitués à ce scénario.


Si j’avais une bonne mémoire, je me souviendrais sans doute que quelqu’un nous avait déjà prévenus de ce que la stratégie de l’auteur de « Le choix de l’action » consiste à gagner la bataille de l’opinion, en se faisant passer pour une victime de calomnies, de manipulations, de rumeurs, etc., pour éviter de rendre compte au peuple.

Si je n’étais pas devenu amnésique, je me rappellerais également de cette règle qui interdit qu’un homme d’état, un vrai, ne jette le sacro-saint principe d’obligation de réserve aux chiens. ça, MHY ne le sait certainement pas, « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». A cette trouvaille de Jean-Pierre Chevènement, les jaloux ajouteraient volontiers « Si ça ne partage pas les convictions, donc la politique définie par le Boss, ça dégage ». Au regard des informations ( ?) dont fourmille l’ouvrage, et qui se limitent à des assertions péjoratives et désobligeantes sur le président de la République, son régime et son action, ses détracteurs se seraient attendus à ce que l’auteur de l’essai démissionnât de ces fonctions sans valeur, qu’il a occupées deux décennies durant. MHY envisageait certainement de le faire, avant d’être surpris par un décret, un certain 9 décembre 2011. ça aussi, il ne pouvait pas le savoir.

                 Pourtant c’est sûr, si MHY avait eu un verre d’eau, il l’aurait fait geler et l’aurait conservé sous verre. Tout comme si on lui avait donné une motte de beurre, il l’aurait aisément fait couler en bronze. Dommage, il n’en a rien été. Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement ? Le pauvre a fait long feu aux affaires -19 maigres années. Et quelles affaires ! L’infortuné n’a été que ministre d’état, Secrétaire général de la présidence de la République, ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Conseiller spécial du président de la République, Secrétaire d’état auprès du ministre des Finances, Pca de la SNH, Pca du Feicom, membre du Bureau politique du Rdpc, chef de la délégation du Comité central du parti au pouvoir pour la région du Nord et j’en oublie certainement .

Quelle misère ! Que peut-on réaliser avec d’aussi modestes fonctions, en dehors des suspensions qu’on inflige de temps à certain journaliste ? Le pauvre reporter de L’Action qui, ayant eu vent de son fameux « projet » lui avait demandé dans un protocole d’interview, s’il comptait être candidat à la présidentielle de 2011 contre Paul Biya. MHY avait alors piqué une colère verte, saisissant la hiérarchie du Rdpc et accusant les journalistes de son « propre parti » de vouloir semer le doute dans l’esprit de l’opinion sur sa « loyauté éternelle » envers Paul Biya, le Président qu’il s’était engagé à « soutenir contre vents et marées » (Ce sont ses mots d’alors).

Comment dès lors ne pas avoir « Moins de raison de ne pas assumer mon action » tout « pilier du régime » qu’il était. Comme dit la chanson, « Si je savais, vient toujours un peu tard ». Si seulement Marafa l’avait su !

Serge Williams Fotso
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