Si je savais écrire, je saurais certainement répondre à
Marafa Hamidou Yaya (MHY). Je le ferais aussi bien, voire mieux que les
illustres plumes qui ont, depuis la publication de son essai et même avant,
relevé les incongruités, pour dire le moins, qui jonchent les 409 pages de
rapport administratif -on a bien l’impression que c’est plus de cela qu’il s’agit
que d’un livre- dont les vraies bibliothèques se passeraient volontiers. Si
seulement MHY le savait. Un confrère qualifie d’ailleurs l’ouvrage de «
Version animée de l’organigramme du ministère de l’Administration territoriale
et de la Décentralisation vue par l’intéressé »
Un autre le taxe « D’apologie du nombrilisme » et un
dernier en parle en ces termes : « On perçoit le souci de l’auteur de se bâtir
une image de travailleur infatigable, d’initiateur des réformes, de patriote
acharné toujours soucieux de l’intérêt du pays ». Pas du tout nouveau. Son
abondante activité épistolaire nous a déjà habitués à ce scénario.
Si j’avais une bonne mémoire, je me souviendrais sans doute
que quelqu’un nous avait déjà prévenus de ce que la stratégie de l’auteur de «
Le choix de l’action » consiste à gagner la bataille de l’opinion, en se
faisant passer pour une victime de calomnies, de manipulations, de rumeurs,
etc., pour éviter de rendre compte au peuple.
Si je n’étais pas devenu amnésique, je me rappellerais également
de cette règle qui interdit qu’un homme d’état, un vrai, ne jette le
sacro-saint principe d’obligation de réserve aux chiens. ça, MHY ne le sait
certainement pas, « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». A
cette trouvaille de Jean-Pierre Chevènement, les jaloux ajouteraient volontiers
« Si ça ne partage pas les convictions, donc la politique définie par le Boss, ça
dégage ». Au regard des informations ( ?) dont fourmille l’ouvrage, et qui
se limitent à des assertions péjoratives et désobligeantes sur le président de
la République, son régime et son action, ses détracteurs se seraient attendus à
ce que l’auteur de l’essai démissionnât de ces fonctions sans valeur, qu’il a
occupées deux décennies durant. MHY envisageait certainement de le faire, avant
d’être surpris par un décret, un certain 9 décembre 2011. ça aussi, il ne
pouvait pas le savoir.
Pourtant
c’est sûr, si MHY avait eu un verre d’eau, il l’aurait fait geler et l’aurait
conservé sous verre. Tout comme si on lui avait donné une motte de beurre, il l’aurait
aisément fait couler en bronze. Dommage, il n’en a rien été. Comment aurait-il
d’ailleurs pu en être autrement ? Le pauvre a fait long feu aux affaires -19
maigres années. Et quelles affaires ! L’infortuné n’a été que ministre d’état,
Secrétaire général de la présidence de la République, ministre d’état, ministre
de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Conseiller spécial
du président de la République, Secrétaire d’état auprès du ministre des
Finances, Pca de la SNH, Pca du Feicom, membre du Bureau politique du Rdpc,
chef de la délégation du Comité central du parti au pouvoir pour la région du
Nord et j’en oublie certainement .
Quelle misère ! Que peut-on réaliser avec d’aussi modestes
fonctions, en dehors des suspensions qu’on inflige de temps à certain
journaliste ? Le pauvre reporter de L’Action qui, ayant eu vent de son fameux «
projet » lui avait demandé dans un protocole d’interview, s’il comptait être
candidat à la présidentielle de 2011 contre Paul Biya. MHY avait alors piqué
une colère verte, saisissant la hiérarchie du Rdpc et accusant les journalistes
de son « propre parti » de vouloir semer le doute dans l’esprit de l’opinion
sur sa « loyauté éternelle » envers Paul Biya, le Président qu’il s’était
engagé à « soutenir contre vents et marées » (Ce sont ses mots d’alors).
Comment dès lors ne pas avoir « Moins de raison de ne pas assumer
mon action » tout « pilier du régime » qu’il était. Comme dit la
chanson, « Si je savais, vient toujours un peu tard ». Si seulement Marafa
l’avait su !
Serge Williams Fotso
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