Cameroon Tribune dans sa livraison du 2 décembre 2014 nous annonce l’examen d’une loi jugée recevable par la Conférence des présidents de l’Assemblée Nationale, lequel projet de loi « propose la sanction ultime, la peine de mort, pour quiconque à titre personnel, en complicité ou en coaction, commet un acte terroriste. » Ce texte est une régression dans l’évolution de l’humanité et un aveu d’impuissance des autorités politiques et gouvernementales du Cameroun. Je ne voudrais pas reprendre ici toute la philosophie qui entoure la peine de mort. Le projet de loi soumis à la lecture et à l’adoption de nos députés est un four tout tant dans la définition du terrorisme que dans la qualification même des actes dits terroristes.
« Celui qui, à titre personnel, en complicité ou en co-action, commet tout acte ou menace d’acte susceptible de causer la mort, mettre en danger l’intégrité physique, d’occasionner des dommages corporels ou matériels, des dommages aux ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel »
Le gouvernement demande en réalité à la représentation nationale de lui accorder le permis de tuer impunément des citoyens camerounais.
Qui peut imaginer que ce soit juste, morale, éthique de donner la mort pour montrer qu’il est interdit de tuer ? Non nous ne voulons pas de cette loi, la peine de mort est la négation même du droit humain le plus fondamental, celui de vivre ainsi que tout le monde peut le lire dans la Déclaration Universelle des droits de l’homme, c’est un acte inhumain. Je paraphrase Robert Badinter partant de l’esclavage pour dire que la peine de mort « est un crime qui déshonore encore l'humanité », le peuple camerounais a une conscience, le monde entier nous regarde et universellement la tendance générale dans le monde est à l’abolition de la peine de mort, le gouvernement Yang par cette loi veut légitimer la justice populaire où l’on voit dans nos rues des valeureux pères de familles donner la mort à coup de gourdins, de machettes, l’homme animalisé avec des vieux pneus de voitures !
J’ai lu de nombreux rapports des plus grands experts sur la criminalité, il n’a jamais été prouvé que la peine de mort est plus dissuasive que d’autres formes de châtiments ; bien au contraire, de nombreuses études montrent que la peine de mort est susceptible d’entraîner la hausse des crimes violents car « elle contribue à banaliser les comportements brutaux. » Le Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie s’associe à toutes les forces progressistes de notre pays pour inviter le gouvernement camerounais à retirer ce projet de loi, nous attirons l’attention du chef de l’Etat sur la banalisation du crime dans notre pays. Le meilleur moyen d’agir préventivement contre le crime, crimes violents inclus, n’est pas l’imposition de la peine plus sévère mais la garantie que tout crime ne restera pas impuni. C’est au président de la république que je m’adresse à présent, Monsieur comme le disait Jaurès, « la peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêve de plus noble. » La peine de mort est contraire aux trois religions socle de notre Etat-Nation, vous ne saurez promulguer une telle loi sans faire porter aux générations futures le déshonneur perpétuel.
Vincent-Sosthène FOUDA
Président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie [M.C.P.S.D]
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