Que serait devenu Einstein s’il n’avait émigré aux Etats-Unis pour fuir le nazisme et qu’aurait perdu le monde ? Karl Marx aurait-il pu écrire le Capital et laisser au monde un regard critique sur le capitalisme sans un pays d’accueil pour lui ? Le statu quo de l’Europe face à l’exil et à l’exode du prochain alors que le Christ et les siens avaient connu l’exil est-il la dernière preuve de l’éviction des racines chrétiennes de l’Europe par le fondamentalisme égoïste du marché? Que serait devenu la France si le General de Gaulle n’avait eu droit à l’espoir grâce à sa migration à Londres ? Que serait la vie quotidienne si chacun d’entre nous ne pouvait migrer chaque jour pour aller au travail, au marché, chez des amis, à une réunion ou d’une pièce de sa maison à une autre ?
Il en résulte une grande contradiction de la mondialisation économique. En fait, alors que le marché global transforme la mobilité humaine en atout pour le travailleur global, l’érection des barbelés, des barricades et des murs au sein de l’UE est la preuve que la mondialisation économique renie cet aspect des choses et n’exalte la libre circulation que lorsqu’il s’agit du grand capital en conquête des emplois rémunérateurs à travers le monde. Grand capital qui fait des dégâts sociaux, moraux, politiques et environnementaux dans de nombreux pays d’émigration où pullulent les toutes puissantes multinationales occidentales. Il devient donc paradoxal que l’Europe fasse un distinguo entre bons migrants à aider, c’est-à-dire les persécutés et les pourchassés pour leurs idées, et les mauvais migrants à renvoyer chez eux, c’est-à-dire les migrants économiques alors que la mondialisation économiques est aussi une guerre économiques qui persécute, appauvrit et vulnérabilise plusieurs populations à travers le monde. Non seulement le droit à la mobilité internationale du travail est refusé aux migrants, mais aussi les conséquences sur eux de la mobilité du grand capital et du marché global ne sont pas prises en compte par la politique humanitaire de l’UE. Dans un monde où le marché et le grand capital font la loi, dire que l’UE ne veut pas de migrants économiques est tout simplement une façon de donner tous les droits au grand capital et au marché global mais aucune responsabilité éthique, sociale et morale de leurs
actions sur la vie et le monde pauvres. C’est faire de la mondialisation économique la cigüe de l’humanité alors que l’hécatombe humaine que nous vivons en ce moment est une preuve que les marchés et le grand capital ne sont pas bons pour tous car ils tuent, persécutent, appauvrissent, exploitent et précarisent les plus pauvres d’entre nous même quand ceux-ci veulent en profiter comme les migrants économiques qui ne réclament rien d’autre au marché global que de tenir réellement sa promesse théorique d’une libre circulation du travail à travers le monde.
Thierry AMOUGOU, Macroéconomiste du développement, Prof. Université catholique de Louvain, Fondateurs et animateur du CRESPOL, Cercle de Réflexions Economiques, sociales et Politiques, cercle_crespol@yahoo.be
Dernière publication de l'auteur disponible sur ce lien: http://www.lajourneedumanuscrit.com/SOS-HAKUNA-MATATA
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Thierry AMOUGOU
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