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Déclaration de Jean Michel Nintcheu A LA SUITE DU DRAME DE L’HOPITAL LAQUITINIE

La mort de Monique KOUMATE survenue le 12 mars dernier à l’hôpital Laquintinie vient fatalement nous rappeler que les deux premières causes de mortalité dans nos hôpitaux publics sont l’hôpital et les gouvernants de notre Etat.

L’hôpital Laquintinie de Douala, comme la quasi-totalité de nos formations hospitalières, tue aux urgences qu’il ne sauve les vies. La majorité du personnel médical des urgences concentre les plus grands maux à savoir la mauvaise formation à la base et, pour ceux qui ont été bien formés, la violation permanente et flagrante des règles de déontologie médicale qui interdit à tout médecin ou infirmier de refuser de soigner un malade pour discrimination ou pour des raisons financières. Le Code de déontologie médicale appliquée dans tous les pays est clair à ce sujet quand il énonce que : « Quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurés. ». Accuser la famille de la victime, comme le font des intervenants gouvernementaux, de l’avoir gardée longtemps à la clinique et de l’avoir amenée morte à l’hôpital Laquintinie participe d’un ergotage stupide.

Rien, absolument rien ne peut justifier un acte aussi abominable. Le simple fait que tout le monde s’accorde à dire que médecins et infirmiers ont refusé de les prendre en soins près d’une heure après l’arrivée de la victime aux urgences de ce centre hospitalier et que le corps de l’un des jumeaux était encore en vie quelques minutes après son extraction du ventre de sa mère démontre à suffisance qu’il y a eu un déni de soins et à ce titre, l’hôpital poursuivi pour non assistance à personne en danger et le personnel des urgences en service au moment des faits poursuivi homicide volontaire et manque de professionnalisme. Il n’est pas normal de garder en détention la sœur de la victime qui, dans une énergie de désespoir face au personnel des urgences insensible, a voulu sauver un des jumeaux qui était encore en vie. Il faut la libérer au plus vite et interpeller dans les brefs délais les véritables responsables de cette tragédie humaine. 

La mort de nos trois compatriotes (dame Oumate et ses deux jumeaux) quelques jours après la mort du Dr Ngo Kana nous oblige également à nous interroger sur le rôle de nos gouvernants dans le domaine de la santé publique et de questionner notre système de santé publique. Des griefs à leur égard fusent à juste titre. Nos gouvernants ont depuis près de trois décennies laissé prospérer la corruption et l’affairisme dans nos hôpitaux publics. L’affectation du personnel médical et la nomination à des postes sensibles de responsabilité n’obéit à aucune logique qui puisse permettre l’épanouissement et l’émulation dans ce corps de métier. La formation et la juste rémunération des médecins et infirmiers n’ont jamais été la priorité dans la politique humaine de ceux qui nous gouvernent. C’est manifestement la raison pour laquelle nous assistons régulièrement à la valse des gouvernants et de leurs proches qui au moindre mal partent à l’étranger pour se soigner, créant de ce fait une fuite de capitaux vers l’extérieur. Alors qu’ils auraient pu construire des infrastructures hospitalières et renforcer les équipements de matériels médicaux à même d’assurer sur place leur prise en charge et éradiquer le carnage quotidien dans nos hôpitaux. Les retro-commissions exigées après les nominations aux postes dits juteux ainsi que le règne de l’impunité ont transformé des hôpitaux publics en officines annexes du crime maquillé et la plupart de nos médecins et infirmiers en serial killer qui tuent sans être inquiétés et le plus souvent sans être interrogés. Des cas semblables de tueries sont fréquemment enregistrés dans nos hôpitaux sans qu’il y ait une enquête ou une information judiciaire ouverte, sans qu’il y ait une condamnation même à titre symbolique des auteurs par les tribunaux de la République pour rappeler le corps médical à l’ordre. C’est à ce niveau que l’Etat a cessé d’exister, nos gouvernants n’ayant jamais fait œuvre de volonté politique ferme pour assainir ce corps de métier, en dépit de la bonne foi remarquée et remarquable du Conseil de l’ordre des médecins qui n’a de cesse de rappeler que l’Etat de son côté ne joue pas à fond le rôle qui est le sien dans le domaine médical. L’hôpital au Cameroun n’est plus un service public investi d’une mission d’intérêt général. Même le ministre de la santé publique est incapable de faire appliquer ses directives à ses collaborateurs directs ou éloignés, deux semaines seulement après avoir rendu public l’arrêté N° 14431 du 26 février dernier qui précisait que les urgences médicales et chirurgicales doivent bénéficier d’une prise en charge urgente prioritaire, le paiement des soins et autre actes étant exigibles 24h au plus tard.

Dans le domaine de la santé publique, le Cameroun a atteint le fond du trou. Du fait de leur médiatisation, les cas du Dr Ngo Kana et de dame Monique Koumate ne sont que la partie visible des crimes atroces que subissent quotidiennement nos concitoyennes et concitoyens. Le décès de dame Oumate et de ses jumeaux sont des crimes de trop qui ne sauraient rester impunis. Dans l’urgence et comme cela se passe dans toutes les Républiques exemplaires, le ministre de la santé doit être démissionné à défaut de démissionner, le délégué régional de la santé publique pour le Littoral et le directeur de l’hôpital Laquintinie révoqués de leurs fonctions respectives et le personnel des urgences en service au moment des faits interdits d’exercer dans toute formation hospitalière du pays. Pour qu’un début sérénité et de changement dans les comportements du corps médical revienne dans nos hôpitaux publics.

Jean Michel Nintcheu
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