Foulassi: Un nom qui réveille bien des souvenirs chez les Camerounais
Situé à quelques encablures de Sangmelima, c'est en effet le lieu où est né, à travers les jeunes de l'école normale protestante des instituteurs d'antan, le chant de ralliement qui deviendra par la suite l'hymne national camerounais corrigé et adapté par la loi du 20 mai 1970. Un ancien pensionnaire de cette école qui remettrait les pieds aujourd'hui à Foulassi, penserait a priori à un canular.
La célèbre école (Voir photo) n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les salles de classes sont délabrées, les murs fendillés et les toitures en tuiles de certains édifices tiennent encore par miracle. Les dortoirs sont devenus le lieu d'hébergement des serpents et autres bestioles tout aussi dangereux, car littéralement envahis par la nature.
Le dispensaire bat de l'aile, non seulement par sa vétusté, mais aussi par le manque des produits pharmaceutiques. Seule la célèbre église, bâtie en pierres par les Américains en 1944 résiste encore aux aléas de la nature.
Et pourtant faire renaître Foulassi de ses ruines, malgré l'ampleur des travaux de réaménagement que nécessite le célèbre site, ne semble pas décourager Nana Kouanang, le président de l'Association tourisme inter sport automobile club du Cameroun.
Il a fait un tour à Foulassi il ya de cela quelques années, accompagné d'un architecte. " Nous pensons qu'il y a lieu de réhabiliter ce site, qui pourrait devenir un haut lieu du tourisme camerounais ", explique le président de l'association. Avant d'enchaîner : " Etant donné que Foulassi était un complexe complet avec une école et des infrastructures sanitaires et sportives, nous souhaitons qu'une université protestante d'Afrique centrale y soit construite ainsi qu'un complexe sportif, afin que Foulassi retrouve ses lettres de noblesse d'antan. " Plus qu'un souhait, pour André Tchiebeb, architecte urbaniste, il est regrettable de voir un site comme celui de Foulassi abandonné alors qu'il aurait dû être un patrimoine national protégé. " Les voies et moyens techniques pour réhabiliter Foulassi existent, prétend l'architecte, maintenant il s'agit de trouver les voies et moyens financiers qui demeurent le nerf de la guerre. " A l'issue de la visite du site, il estime avoir toutes des indications nécessaires pour pouvoir évaluer le coût des travaux. " Foulassi, c'est d'abord un problème de l'EPC, précise André Tchiebeb, il faudrait savoir pourquoi ce site a été longtemps abandonné. Maintenant qu'on parle de réhabilitation, il faudrait savoir concrètement ce que l'EPC veut en faire. " Une interrogation qui trouve un écho favorable chez le modérateur de la paroisse EPC de Foulassi.
L'hymne national "O Cameroun berceau de nos ancêtres " a rythmé nos premiers pas dans la vie scolaire, souvent sans que l'on se pose la moindre question sur sa signification, ou sur son origine. Et un jour, au hasard d'une leçon d'éducation civique, l'on apprend que ce chant n'est pas un chant comme tous les autres, et qu'il a des auteurs. Samuel Minkyo Bamba et René Djam Afane, anciens élèves de l'Ecole normale de Foulassi, sont reconnus, depuis son adoption, comme les auteurs de l'hymne national du Cameroun. L'un pour les paroles, l'autre pour la musique. Cependant, cette version n'est pas la seule à avoir existé. On a eu à contester aux deux anciens de Foulassi, la paternité du chant qui deviendra l'hymne national de la future République du Cameroun. Un article paru, il y a plusieurs années dans la "Presse du Cameroun ", accordait à un certain Ekwalla, de Douala, la paternité de ce chant. Mais aujourd'hui, il est pratiquement acquis qu'il n'en était rien, et qu'il s'agissait beaucoup plus de manipulation.
Et que dire de notre hymne national " ô ! Cameroun, berceau de nos ancêtres "?
C'est en 1928 à Foulassi que les élèves de la première promotion de l'Ecole normale de la même localité composeront les strophes de l'hymne national.Foulassi, petite localité située à quelques kilomètres de Sangmelima est peu connue de nombreux Camerounais. Pourtant Foulassi est le berceau de l'hymne national du Cameroun.
L'histoire retiendra aussi que René Jam Afane, compositeur des paroles et Samuel Minkyo Bamba, compositeur de la musique comme principaux auteurs. En 1928, Foulassi est l'une de nombreuses stations de la Mission Presbytérienne américaine au Cameroun. Cette petite localité abrite une Ecole normale qui forme en trois ans des instituteurs. Cette année là, comme nous l'apprend Antoine Edo, l'école est dirigée par un pasteur de nationalité française, le révérend Camille Armand Chazeau. Il fut proposé aux élèves de fin de formation un devoir d'instruction civique au titre évocateur : " exprimer leur espoir en l'avenir du Cameroun ".
Les élèves se mettent au travail dans la salle d'étude qui leur sert en même temps de bibliothèque. Le lendemain matin, en classe, chacun lit son devoir à haute voix. Les meilleures phrases sont portées sur le tableau noir. Certains élèves qui s'intéressent à la poésie, comme René Jam Afane, le plus doué de tous ces poètes en herbe, fait la synthèse de toutes les phrases et sort finalement des paroles qui sont contenues dans les deux strophes ( version originale) de notre hymne national. Il leur donne le titre de " chant de ralliement camerounais. Après la lecture de ces paroles devant tous ses camarades de promotion.[…] Il est alors question de composer une mélodie devant accompagner ces paroles, les camarades font appel aux trois musiciens de la promotion : Michel Nkomo Nanga, Moïse Nyatte Nko'o et Samuel Minkyo Bamba. Les trois musiciens se mettent au travail, séparément. " (Cf.P-P23-24, Le cameroun. Arts, histoire et traditions de Bernard Puepi et Henri Njomgang, Ed harmattan).
Selon la même source, ces compatriotes musiciens vont travailler assidûment et sans arrêt pendant deux mois. Leurs œuvres seront auditionnées et celle de Samuel Minkyo Bamba retiendra l'attention des deux autres musiciens et des camarades de promotion.
Selon les propos de Samuel Minkyo Bamba diffusés en 1995 lors d'une émission de la télévision nationale la CRTV, il se devait dès lors d'enseigner cette chanson à ses camarades. Ce chant de ralliement fut ainsi enseigné dans toutes les écoles du Cameroun et fut adopté par la première assemblée législative (1957-1959) comme hymne national du Cameroun (loi no57 -47 du 5 novembre 1957). Toujours en 1991, la CRTV au cours de cette même émission avait présenté à l'une de ses éditions des journaux parlés, la rétrocession d'un grand bâtiment à Minkyo Bamba de son vivant pour lui manifester " la reconnaissance de la nation " pour son œuvre. L'un de nos confrères du quotidien Le jour s'étant rendu à Bikala en novembre 2007 avait entendu dire des membres de la famille de Minkyo Bamba qu'il s'agissait d'une " fausse image " et que rien n'avait été fait en guise de reconnaissance des œuvres de ce héros. Mais, il faut dire la vérité en se regardant dans les yeux, car ce tableau du respect de nos emblèmes serait plus reluisant si les gouvernements successifs de Ahidjo et de Biya avaient mis les moyens pour poursuivre les objectifs fixés dans la Constitution. Au Cameroun, leur respect est encore une théorie d'Etat. Il n'est pas encore une expérience éprouvée et partagée par le commun des citoyens.
H.S
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