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Shanda Tonme : “ Pourquoi je soutiens Yves Michel Fotso”

Le diplomate et auteur de " J'ai compris Yves Michel Fotso. Un testament pour la postérité " parle des motivations qui ont conduit à la rédaction de son dernier ouvrage.

J'ai compris Y. M. Fotso. Le titre de votre dernier livre surprend. Qu'avez vous compris au juste ?
Je crois que dans la quatrième de couverture, j'ai dit à peu près le sentiment qui m'habite. Six ans après un certain nuage de l'ombre sur tout ce qu'Yves Michel Fotso subissait et tout ce dont il était accusé, il était important pour moi de réagir. Je dois dire qu'à mon habitude et de par mes origines sociales très modestes, je ne cours ni après les pouvoirs ni après les privilèges. J'ai connu Yves Michel Fotso comme n'importe quel citoyen ordinaire peut tomber sur les déclarations d'un homme public, d'un homme d'affaires en tout cas d'une personnalité en vue et sentir monter en lui, un besoin de manifestation, de présence. En réalité, j'aurai pu titrer ce livre, Mon frère, je t'ai compris maintenant, vraiment compris. Le déclic, c'est cet entretien d'Yves Michel Fotso avec trois chaînes de télévisions. Moi, je suis en mission à l'étranger.

C'est tout à fait par hasard affalé dans mon salon et regardant la télévision, ce que je fais rarement, que je vois défiler sur l'écran une rediffusion de cet entretien. On peut aujourd'hui me dire tout ce qu'on veut sur Yves Michel Fotso ou sur ma réaction lorsque je découvre cet entretien, je suis convaincu maintenant et mieux qu'hier que j'avais compris et non seulement cela mais qu'il n'avait pas menti au peuple camerounais. Depuis ce temps là, il s'est passé beaucoup de choses. C'est un cas parmi tant d'autres, car généralement je passe des messages de félicitations aux personnalités pour dire que ce qu'elles ont fait est bien ou mauvais.

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On est tout de même surpris que vous preniez la défense d'une personnalité poursuivie et même condamnée pour détournement de deniers publics. Pourquoi l'avoir fait ?
D'abord, je vais vous dire. Vous savez la justice demeure la justice des hommes et non celle de Dieu. La justice entendue comme système d'expression et de préservation de l'ordre moral dans tous les sens du terme demeure d'abord un pouvoir. Yves Michel Fotso a certes été condamné, je dirais même jugé et condamné mais j'ajouterais jugé par les hommes selon leur entendement, technique, loi, interprétation des documents ? Considération faite de certains faits. Peut-être pas de tous les faits. Certainement pas selon tous les entendements. Il a été condamné par deux fois et à la prison vie. Je vais vous dire profondément maintenant qu'au vu de tout ce que je sais, des documents que j'ai parcouru et donc mon livre n'expose même pas le centième, je vais vous dire que je crois avec des larmes qu'on a condamné un innocent.

Autre surprise, On s'attendait à un livre en bonne et due forme, Mais on se retrouve face à une compilation de documents. Qu'est-ce qui justifie un tel choix ?

D'abord, je vais vous dire pour ceux qui me connaissent bien, peut-être, c'est la première fois qu'une démarche en soutien et en défense d'un citoyen est aussi fortement médiatisé. Certes, il y avait déjà eu les affaires Vanessa Tchatchou mais pas avec une telle intensité émotionnelle. Il demeure qu'au quotidien, je vole au secours des causes que j'espère justes. Vous parlez de la compilation, il faut que je relativise ce qui s'est passé. C'est parce que je m'appelle Shanda Tonme que j'écris beaucoup, je me prononce beaucoup sur des événements qui agitent notre société et le monde que l'on s'attèle aujourd'hui à vouloir comprendre ce qui m'a amené à produire ce livre. Vous savez, c'est exactement comme si par hasard en vous promenant en brousse, vous tombez sur une pièce de musée rare et alors que même la personne qui a perdu cette pièce, qui l'a fabriquée n'est pas du tout consciente de son importance. Vous décidez que tout le monde doit être informé de l'existence de cette pièce, vous la promenez à votre cou.

N'avez vous pas peur que ce livre soit considéré comme un ouvrage de commande pour blanchir un détenu ?
On a beau dire tout ce l'on peut dire de notre pays et de ses cadres mais nous sommes l'un des tout premiers pays en Afrique francophone à avoir pris en charge la formation de nos magistrats. Je peux vous assurer que j'ai un respect presque mythique pour eux. Je ne vois pas mon livre comme un instrument d'opposition aux magistrats ni de leur remise en cause personnellement mais l'histoire de l'humanité est traversée de grands procès qui ont envoyé des innocents en prison tantôt volontairement, tantôt involontairement. C'est pour vous dire que l'erreur judiciaire existe, que la justice politique existe aussi. Mais qu'en réalité, comme dans tout système construit et géré par des hommes, rien n'est définitif, rien n'est perdu, jamais définitif, irréparable. Vous savez, j'ai passé six ans de douleurs, six ans pendant lesquels je n'ai pas épuisé une seule seconde pour m'intéresser sur les raisons pour lesquelles Yves Michel Fotso est en prison.

Pendant les six ans, j'ai régulièrement fréquenté Yves Michel Fotso, partout où il se trouvait en détention. Lorsque j'ai et c'est la première fois qu'il a pu parler ainsi, donnant les éléments de sa réaction à la sortie du député Martin Oyono à propos de la gestion de la Camair, quelqu'un pour qui j'ai un respect immense en tant que élu du peuple, je me suis tout simplement dit, je ne vais pas laisser passer cela. Je me suis demandé comment je pouvais porter cela sur la place publique, faire entrer ces convictions fortes dans l'histoire du Cameroun. Le livre est comme un testament pour moi. Et un testament ne sert que pour demain, pour qu'on sache ce qui avait été dit, fait. Une nuit à deux heures du matin, je me suis dis réveillé et je me suis mis à parler seul : Yves Michel Fotso, je t'ai compris. Je t'ai compris mon frère.

Qu'attendez-vous concrètement de cet ouvrage ?
Je vous le redis foncièrement et fondamentalement, Yves Michel Fotso a peut-être énervé quelqu'un, vexé des gens, peutêtre posé un acte qui n'a pas plu au chef de l'Etat, lequel le porte en très grande affection. Peut-être, son destin a voulu qu'il serve de passoir, qu'il joue un rôle précis à ce moment de la vie du Cameroun. Tout a été dit par rapport à son père, sa banque, l'avion présidentiel. Je peux vous dire que mon jeune frère a pu effectivement vexer des gens mais Yves Michel Fotso n'a pas volé ni détourné ni les biens de son père, sa banque ni la Camair. Je mets quiconque aujourd'hui qui peut estimer avoir des preuves solides, individuelles ou collectives contre lui de me les présenter. Je prendrai le temps qu'il faut pour démontrer le contraire. Voici un homme d'affaires, ce terme est même petit ; un industriel connu, reconnu dans toute la sous-région et même Asie camer.be. Je ne vais pas vous dire que je suis content qu'il soit en prison, ou que certains autres soient en prison mais pour trois raisons majeures, je ne me fais aucun doute. Il revient au chef de l'Etat de se pencher sur ce que j'ai compris. C'est d'abord lui, le Père de la nation, le président de notre diplomatie, le président du Conseil de la magistrature, le commandant suprême de nos forces armées.

D'abord, au regard des états de service d'Yves Michel Fotso pour notre pays, états de service qui s'apparentent à des sacrifices que je ne crois pas qu'un autre Camerounais soit capable par exemple de faire ce qu'il a fait. Il a mis sa fortune personnelle en jeu, ses propres sociétés en danger, pour faire fonctionner la Camair, notre fierté nationale. Il fallait le faire. En trois ans, il n'a reçu aucune subvention. La Camair a tourné avec huit avions, étant même classé parmi les compagnies les plus ponctuelles, avec un personnel gâté. Ensuite, il y a quand même cette relation personnelle avec le chef de l'Etat et son dévouement pour sa famille. Il a fonctionné comme un réparateur des torts, comme un fils soucieux à la fois de la confiance et du prestige du président de la République. Enfin, il s'agit d'un chef d'entreprise capable de nous donner tout de suite 1000 à 3000 emplois et qui se retrouve en prison.

Tout montre aujourd'hui qu'il n'aurait jamais se retrouver en prison au regard des éléments connus et inconnus. Je vais subsidiairement vous dire que lorsqu'il arrive à la Camair, il n'y a pas de comptabilité, de 78 milliards, le déficit est passé à 34 milliards en trois ans. Les salaires sont payés, les avions et les pilotes tournent. Alors je ne suis rien du tout, je suis un citoyen comme d'autres mais nous avons la chance d'avoir un président qui est un grand chrétien. C'est aussi quelqu'un qui a beaucoup de coeur, qui sait lire et comprendre le temps et les éléments. Il comprendra Yves Michel Fotso et sa grâce qui est au bout de la motivation de mon livre.

Plus globalement est-ce que vous considérez que l'opération épervier à failli ?
Vous savez, je l'ai dit et redis à plusieurs reprises. On ne construit pas une famille sur les procès et les accusations. Et on ne refait pas une société malade avec la problématique de l'emprisonnement et des grands procès. Toutefois, il faut reconnaître au chef de l'Etat, le seul et l'unique maître du destin de notre pays, le garant de l'ordre moral, tous ses privilèges, attributs, toute sa liberté et sa plénitude de compétence pour décider de la façon qui lui semble la plus appropriée, de résoudre les problèmes qui minent notre société et pour remettre notre pays sur le droit chemin. C'est parce que j'ai fermement confiance en ces pouvoirs et privilèges que je garde confiance qu'il comprendra et peut-être même qu'il a déjà compris Yves Michel Fotso. Il ne peut pas le laisser là où il se trouve. C'est son fils, et il doit éclaircir son horizon autrement.


 Source : Le Jour : Jean-Philippe Nguemeta
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