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Réponse de Manassé ABOYA ENDONG à Serge BAYONGEN: «Il ne sert à rien de danser sans musique !»

Monsieur Serge Bayongen, c’est avec une rare curiosité que j’ai découvert dans le site Cameroon-info.net, votre interpellation sur les prétendus « errements des politologues camerounais » au sujet de la crise en cours dans les régions anglophones.
Du Canada où vous exercez avec brio les fonctions de « Directeur de la conscience universelle » pour le Cameroun, vous avez manifestement cru indispensable de remettre virtuellement de l’ordre dans un chaos discursif entretenu par deux « politologues », Mathias Éric OWONA NGUINI et moi, habitués par défaut des débats dans les chaînes de télévision. Non sans les présenter comme des « partisans du statu quo », notamment par opposition à un autre « Cameroun du changement » tant souhaité, que vous vous préparez à émanciper à partir de votre science infuse canadienne, jusque-là inconnue des peuples indigènes d’ici.

Aussi, ayant nommément été inclus par vos soins dans ce « duo maléfique de circonstance », voudrais-je vous apporter gratuitement quelques précisions importantes, en rapport avec le débat de fond. Au minimum, celles-ci auraient pu meubler une recherche exploratoire préalable, généralement indispensable pour esquisser une analyse sérieuse.
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  • Je suis Professeur Titulaire de Science Politique à l’Université de Douala, et non à l’Université de Dschang. Cet identifiant mal ajusté atteste à profusion que vous ne savez même pas de qui vous parlez.
  • Je ne suis pas un invité surprise dans l’analyse de la question anglophone au Cameroun. Pour votre gouverne, comme de nombreux indigènes du Cameroun, je suis un analyste in situ de cette problématique pour laquelle j’ai consacré quatre publications disponibles, même virtuellement, à savoir :
  • L’Etat unitaire du Cameroun à l’épreuve des revendications sécessionnistes : tenants et aboutissants de la question anglophone », dans Idara, revue de l’Ecole nationale d’Administration, Alger, volume 8, Numéro 2, 1998 ;
  • « Menaces sécessionnistes sur l’Etat camerounais », dans Le Monde Diplomatique, N° 385, décembre 2002 ;
  • « La question anglophone au Cameroun : entre menaces sécessionnistes et revendications identitaires », dans Revue Juridique et Politique des Etats Francophones, N° 1, Janvier-Mars 2005 ;
  • « Le Parlementarisme sous tutelle de L'Etat fédéral (1961-1972) : Une construction politique par le droit de L'Etat Unitaire du Cameroun », dans Revue française de droit constitutionnel, PUF, 2014/1 - n° 97, pp. e1 à e29 ;
Un chercheur sérieux prend connaissance de la littérature existante, avant d’amorcer une éventuelle critique idéelle. Une telle démarche lui évite, sinon de verser dans les préjugés inutiles, du moins de bâtir un argumentaire sur les a priori périphériques. A vous lire effectivement, vous parlez essentiellement des « sujets » querellés par la brigade des réseaux sociaux et non de « l’objet » en débat que vous effleurez manifestement de manière passagère.
  • Le « Politologue de la télé» sur lequel vous affabulez, par contagion ou par contamination, n’est coupable d’aucun délit d’opinion, notamment exprimé dans une quelconque télévision camerounaise. Si oui, vous n’illustrez pas dans vos développements inutilement fleuves les accusations querellées, qui justifieraient mes « éventuels errements » sur la crise anglophone. Par contre, je me suis exprimé sur « la non-légitimité de la rue comme moyen d’accession au pouvoir » le 3 février dernier lors d’une conférence organisée à la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES). A un militant du CPP qui suggérait « la rue comme étant la seule voie qui restait au Cameroun pour arriver au pouvoir », j’ai fermement indiqué à tous « ceux qui pensaient utiliser cette voie pour accéder au pouvoir qu’ils devraient s’attendre à affronter l’armée, au besoin à se faire tuer inutilement, la rue n’étant pas un moyen légal d’accession au pouvoir ». Cela étant, je suis responsable de ce que je dis et j’assume entièrement cette position. Je ne saurais être responsable de la compréhension approximative émanant des individus inaptes au débat intellectuel, a fortiori scientifique. De même, je ne saurais être responsable de la transposition qui a été faite de ces propos par les « brigadiers des réseaux sociaux » sur la question anglophone, objet de toutes « les sauces », à l’instar de la vôtre.
A partir de ces précisions, je ne saurais vous répondre sur quoi que ce soit sur vos propres « errements analytiques ». En effet, « si les prémisses sont fausses, il en est de même des conclusions ».
Pour le reste, je suis convaincu qu’il ne sert à rien de danser même quand il n’y a pas de musique. Au risque de donner raison à tous ceux qui pensent que l’émotion est nègre, et la raison…hellène !

Manassé ABOYA ENDONG

Lire ici l'article du professeur Serges Banyongen
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