L’URGENCE DE L’EXTENSION DE LA STATION D’AKOMNYADA
Depuis quelques semaines, la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), société en charge de la planification, de la gestion de l’ensemble des infrastructures, ainsi que des ouvrages nécessaires au captage, à la production, au transport, au stockage et à la distribution de l’eau potable en milieu urbain et en zone périurbaine affiche un bilan manichéen, près d’un an seulement après la prise de fonction de l’actuel directeur général, Jean Williams Sollo, nommé le 27 mars 2012. Cela fait donc un an que l’équipe-Sollo nous distribue de l’eau à nous consommateurs du Cameroun.
En douze mois, on peut se permettre de dresser un premier bilan de la politique managériale implémentée par la nouvelle équipe, d’évaluer son action, l’impact de la production et aussi de la distribution et de la qualité de l’eau potable sur le terrain et dans les ménages, et spéculer sur les perspectives de cette entreprise dont la mission primordiale consiste, entre autres, à favoriser l’extension infrastructurelle permettant une meilleure dotation démographique de l’eau dans notre pays, de la sensibilisation des usagers du service public de l’eau potable et de celui de l’assainissement du précieux liquide, source de vie. En tant que consommatrice de l’eau produite par la Camwater, et surtout en tant que technicienne supérieure en hydrologie, j’estime pouvoir parler de la Camwater car j’exerce comme ingénieure en chimie organique dans une entreprise privée spécialisée dans le filtrage et la vente d’eau issue des nappes phréatiques. je crois donc humblement être bien placée pour taxer les douze premiers mois de production et de distribution d’eau potable de l’équipe Sollo de bilan manichéiste.
Tout de go, en parlant d’un segment de production que je maîtrise le mieux, celui de la pureté hygiénique de l’eau dite « potable », j’affirme avec autorité, et au terme des analyses chimiques récurrentes que le premier mérite de l’équipe-Sollo est d’avoir rapidement contribué à produire une eau de meilleure qualité. Bref une eau plus potable. Les consommateurs sont unanimes là-dessus, l’eau qui sort du mur depuis quelques temps, est plus propre qu’auparavant. Elle est plus pure et forcément plus saine si l’on s’en tient aux qualificatifs de base d’une eau potable tant elle doit être « incolore, inodore, et sans saveur ». Oui ! On peut le dire sans aucun risque de se tromper, l’eau potable produite et distribuée en ce moment par la Camwater, puis commercialisée par la CDE, est de plus en plus de bonne qualité. Elle rassure à vue d’œil.
La clarté de l’eau qui arrive depuis quelques mois dans les robinets des bureaux et maisons n’a plus rien à voir avec l’eau jadis colorée en blanc comme du vin de palme ou celle naguère châtaine comme de l’acier rouillé et transportant quelques fois des saletés dérivées des canalisations, des cuves ou encore des fonds des châteaux d’eaux. Il s’agissait bien évidement de quelques impuretés en suspension dissoutes dans l'eau et la rendant désagréable à la vue, à l’odorat ou souvent impropre pour peu que l’on veuille l’ingurgiter. Cette qualité d’eau peu rassurante ne coule plus ces derniers temps des robinets de la Camwater, à la grande satisfaction des populations soit pour la boire, soit pour des tâches domestiques diverses. A l’évidence, l’analyse chimique de cette eau nouvelle conforte les érudits, tant cette eau contient des molécules d’eau sous la forme compacte et progressivement la Camwater fait des efforts louables et palpables pour véritablement s’attaquer à la variété de minuscules matières organiques et minérales indésirables en suspension éliminées à partir des stations d’eaux d’Akomnyada, pour ce qui concerne la ville de Yaoundé, par des méthodes, telles que le criblage et le traitement de l'eau avec des composés tels que le chlore pour purifier l’eau et la dépouiller des goûts et des odeurs.
On filtre mieux cette eau. On la javellise davantage pour détruire les micro-organismes pathogènes qu'elle contient à la station de captage. Pour tout dire, l’eau produite par Camwater est de meilleure qualité, c’est déjà un pas de géant dans la propreté visuelle et les propriétés organiques de ce liquide indispensable à la vie. Le second problème qui mine encore la Camwater se situe au niveau de la distribution de l’eau produite. C’est ce manquement qui crée l’inadéquation flagrante entre la qualité de l’eau produite et les quantités qui parviennent dans les ménages et les industries. Et c’est là, l’autre cheval de bataille de cette entreprise à capitaux publics.
Inadéquation qualité-quantité
Maintenant que Camwater produit une bonne eau, l’urgence réside dans l’amélioration de son réseau de distribution et dans l’extension de son réseau. C’est certainement dans ce sens que le dernier conseil d’administration de la Camwater tenu le 25 janvier 2013 à Yaoundé, a adopté son budget annuel équilibré en recettes et dépenses à la somme de 128,7 milliards de FCFA. Selon un communiqué publié à la suite par Jérôme Obi Eta, le PCA de cette entreprise, plus de 85% de cette enveloppe ainsi voté sera destinée à l’investissement, soit la bagatelle de 113,5 milliards de F.CFA.
C’est dire si la nouvelle équipe dirigeante menée par la directeur général, Jean Williams Sollo reste déterminée à faire des mains et des pieds pour que les populations du Cameroun aient de l’eau potable en quantité, et surtout que cette eau coule à flot dans une plus grande surface des zones urbaine et périurbaines. La santé des populations en dépend, tant l’eau est à plus de 80 % une denrée de première nécessité... Dans un contexte où la problématique de l’eau est devenue une préoccupation d’intérêt public, et pourquoi pas un potentiel catalyseur d’instabilité politique, et une menace à la paix sociale, on peut se féliciter de ce que la Camwater engage dès cette année 2013 un bon programme d’investissements prévisionnels sur 10 ans dont le coût est estimé à 400 milliards de FCFA. Et que, à court terme, l’entreprise se lance effectivement dans les projets de réhabilitation et d’extension de la station d’eau d’Akomnyada, près de Mbalmayo pour que, enfin, l’eau devienne une substance véritablement démocratique et s’arrime au programme des Grandes Réalisations, tout en résorbant, les pénuries d’eau potable qui assoiffent les grandes métropoles que sont Douala et Yaoundé.
La solution urgente à cette pénurie d’eau passe donc par l’extension urgente de la station d’Akomnyada pour ce qui concerne la cité-capitale. Yaoundé dépasse 2 millions d’habitants et l’offre en eau potable de cette ville est de 100 000 m3/j. Mise en service en 1985, l'usine de traitement des eaux d'Akomnyada, est victime de saturation depuis le début des années 2000. La croissance démographique des villes comme Douala ou Yaoundé a tôt fait d’engloutir les capacités de productions des stations classiques. Pour l’heure, la station d’Akomnyada, alimente Yaoundé en pompant environ 100 000 m3 d'eau/jour, au lieu de 300 000 m3/j jugés nécessaire par les experts et la direction générale, pour satisfaire à brève échéance, la consommation quotidienne de la capitale politique du Cameroun, il faut combler environ un apport supplémentaire (important) de 200 000 m3 par jour. C’est l’équivalence du même besoin supplémentaire pour la ville de Douala qui dépasse 2,5 millions d’habitants et dont l’offre en eau potable actuelle est d’environ 140 000 m3/j. Camwater prévoit de porter la production de la capitale économique à 300 000 m3/j. Ce qui nécessite un apport de 160 000 m3 à brève échéance.
Des pénuries à solutionner dans l’urgence
Pour que les pénuries d’eau potable soient rapidement résorbées, on peut se féliciter de l’action de l’actuel DG de la Camwater qui, dès sa nomination, a aussitôt entrepris de lancer un programme d’urgence pour résoudre les carences d’eau à Yaoundé et Douala. Ce programme d’urgence consistait à augmenter la capacité de production en eau potable issue d’Akomnyada et de Yato. Pour résoudre les pénuries d’eau potable dans la seule ville de Yaoundé, un Appel d’offre a été lancé dans le but de réaliser urgemment l’extension d’eau potable d’Akomnyada. C’est à ce titre que les experts placent l’espoir de ravitaillement de la capitale dans le lancement effectif de l’Appel d’offre No : 000136/AONO/Minmap/CTPCTM-AI/2013 du 26/12/2013, ayant pour objet : « La réalisation d’extension d’eau potable d’Akomnyada clé en main (Mesure transitoire d’urgence pour des solutions innovantes, en vue d’améliorer) par la procédure d’urgence à court terme l’offre en eau potable à Yaoundé et Douala) par la mesure d’urgence ». Si l’appel d’offres venait à être fructueux, une grosse partie des pénuries sera résolue en quelques 06 (six) mois seulement, et donc avant fin 2013. Ce qui serait un vrai ouf de soulagement pour les populations. Est-ce à travers le lancement de ce plan d’urgence que l’Association des journalistes amis de la paix a cru décerner le prix de l’excellence au DG de la Camwater le 13 mars dernier ? En tout cas, dans son propos, Jean Williams Sollo a promis agir par des actes et d’apporter de l’eau aux camerounais à brève échéance. Techniquement, les « Mesures transitoires d’urgences pour des solutions innovantes en vue de l’améliorer l’offre en eau potable à Yaoundé et Douala » proposées par la Camwater consistent à combler le déficit en eau potable de l’ordre de 360 000 m3/j dans les prochains mois. Ce serait une aubaine si ce projet se concrétisât pour le bonheur et la santé des Camerounais, et tous ceux qui habitent notre pays. Tout en espérant que les pesanteurs à dessein, ne viennent pas une fois de plus, bloquer le projet d’extension de la station d’eau d’Akomnyada. Tout ce qui aura pour effet, de repousser en 2014, l’augmentation de l’offre en eau potable aux populations.
Olive Gertrude Nankam, ingénieure en hydrologie
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