M. Paul Eric Kinguè, maire de Njombé-Penja se trouve en détention depuis le 29 février 2008. D’abord à la prison de Nkongsamba, il est ensuite transféré à la prison de New-Bell où il endure une peine dont l’énoncé des accusations semble clair et les preuves introuvables. Successivement, l’homme est accusé d’avoir trempé dans trois affaires : - D’abord l’affaire du pillage des Plantations du Haut Penja (PHP) dans la localité dont il est le maire : entre le 25 et le 28 février 2008, les manifestations des jeunes occasionnèrent des dégâts matériels ; M. le maire est ensuite déclaré de complicité avec les jeunes et incarcéré dès le 29 février 2008 sous l’accusation de pillage en bande et destruction.
- Ensuite, il y a la première affaire de détournement des fonds : un montant de 1 400 000 F CFA aurait été détourné à l’occasion de la cérémonie d’installation du maire.
- Enfin, il y a la deuxième affaire de détournement des fonds d’un montant de 10 296 000 F CFA dans l’exercice de ses fonctions de maire.
- Ensuite, il y a la première affaire de détournement des fonds : un montant de 1 400 000 F CFA aurait été détourné à l’occasion de la cérémonie d’installation du maire.
- Enfin, il y a la deuxième affaire de détournement des fonds d’un montant de 10 296 000 F CFA dans l’exercice de ses fonctions de maire.
Pour la première affaire, la question qui vient immédiatement à l’esprit est celle-ci : quels intérêts obscurs mais apparemment au-dessus de la bonne opinion qu’il attend que ses administrés aient de lui, peuvent pousser un maire, pourtant garant de la sécurité dans sa commune, à faire chorus avec des casseurs sur son propre territoire ? L’on a avancé que nuire aux PHP fut le mobile du maire. Soit. Si l’on accepte qu’il eut l’esprit assez tordu pour prendre ce risque sur son propre territoire, on doit aussi admettre qu’il y a bien d’autres moyens de nuire au consortium de la banane, par exemple en suscitant une grève des ouvriers, plutôt que de favoriser le vandalisme dans le périmètre où s’exerce précisément l’autorité du maire ; autorité qui l’oblige, de toute façon, à rendre des comptes surtout en cas de dégâts. M. le maire pouvait-il ignorer que s’il s’amusait à jouer au pompier pyromane c’était du même coup s’exposer à être emporté dans l’embrasement de l’émeute si les choses avaient enflé bien plus que ça n’a été le cas ? Outre cela, Paul Eric Kinguè est maire RDPC, le parti au pouvoir. Il connaît de l’intérieur la rudesse du système qu’il sert et mesure mieux que d’autres à quel point il subirait le retour de bâton du camp dont il fait partie s’il songeait à faire profit d’émeutes contre le pouvoir RDPC pour régler des supposés comptes avec les PHP. Il faut se rappeler, en effet, que la répression des émeutes de février 2008 fit 40 morts selon le bilan officiel.
Lors du procès, aucun des 49 témoins à charge dont certains étaient précisément des casseurs n’affirma avoir eu commerce avec l’infortuné. En revanche, l’un d’eux parla des pressions dont il avait été l’objet pour l’amener à charger l’accusé devant la justice . Malgré cela, les délits cités passèrent comme une lettre à la poste et le tribunal de Nkongsamba prononça une condamnation de six ans d’emprisonnement ferme en juin 2009.
Transféré à la prison de New-Bell à Douala grâce à son pourvoi en appel du verdict de Nkongsamba, Paul Eric Kinguè eut sa peine réduite à 3 ans par la Cour d’appel du Littoral le 23 mars 2011, et à 100 millions de francs de dommages et intérêts à verser aux PHP . Toutefois, en faisant tomber les accusations de délits d’attroupements, de réunions et de manifestations, de complicité d’obstacles sur la voie publique, et en ne retenant que le délit de complicité de pillage en bande la Cour d’appel laisse perplexe. Car déclarer complice de pillage en bande quelqu’un qui n’a été d’aucun attroupement, d’aucune réunion, d’aucune manifestation, et sans pouvoir établir avec qui il fut en bande, c’est faire bon marché de la justice que de la rendre par un oxymore en usage chez les durs des cours de récréation : en bande … tout seul.
On ne s’arrêta pas là. Dans un retournement spectaculaire du procédé judicaire qui exige d’apporter la preuve du délit, il fut plutôt question du silence de Paul Eric Kinguè par quoi il se serait rendu complice des jeunes émeutiers en ne leur parlant pas, en ne leur demandant pas d’arrêter les pillages. C’est sans doute cela que l’on nomme le « silence complice », notion qui ne résiste pas à l’examen dès qu’on s’avise que d’autres autorités locales n’avaient rien dit non plus contre les pilleurs pendant que ceux-ci étaient à l’œuvre, et que tous ces silencieux de la région seraient donc passibles des barreaux, eux aussi. C’est sans doute ce qui conduisit la Cour, dans le même mouvement, à invoquer encore des critiques que M. le maire avait faites aux PHP avant les émeutes. Celui-ci serait donc le complice des pilleurs des PHP aussi bien par son silence que par ses bavardages. Voilà le délit de complicité établi sans échappatoire, que l’on se taise ou que l’on parle.
Le premier procès n’était pas terminé que le maire de Njombé-Penja fut sous le coup d’un second, accusé d’avoir commis des irrégularités d’un montant de 1,4 million de francs CFA. Cette somme aurait été distraite des dépenses des cérémonies de son installation. Or pour décaisser de l’argent, il faut que quelqu’un signe. L’on avança que la signature du Préfet de l’époque, M. Gambo Haman, aurait été imitée par M. le maire pour le décaissement. Condamnation : 10 ans de prison ferme. Le condamné fait appel et décide de ne participer aux audiences en appel qu’à la condition que l’accusation produise les pièces prouvant ce dont on l’accuse : l’imitation de la signature du Préfet pour faire décaisser 1,4 million. Les pièces réclamées étant introuvables, Paul Eric Kinguè est acquitté pour faits non établis. Auparavant, au motif que des irrégularités avaient été constatées dans la gestion des deniers communaux M. le maire est révoqué de ses fonctions par un décret présidentiel du 2 juin 2009.
Le second procès n’était pas fini qu’il y eut une troisième affaire du détournement de 10 296 000 F CFA dans l’exercice de ses fonctions de maire, initiée au Tribunal de Nkongsamba à l’insu du prévenu qui est à ce moment-là à la prison de New-Bell à Douala. Sans avoir été entendu et sans pouvoir être présent au procès de Nkongsamba, c’est à Douala qu’il apprit sa condamnation à perpétuité. Comme d’un jeu ! Dans cette affaire aussi s’emboîtent deux autres affaires : la première pour le détournement de 4 955 551 F CFA, don de la société de bananeraie à la commune pour l’installation d’eau à l’hôtel de ville de Njombé-Penja ; la seconde pour le détournement des sommes censées rentrer dans les caisses de Njombé-Penja après que la commune eût loué son engin Caterpilar aux deux communes de Mbanga et de Dibombari.
A Douala où Paul Eric Kinguè pouvait pour la première fois s’expliquer, il fit appel de la condamnation à perpétuité. La peine fut ramenée à 10 ans de prison ferme et à 3 millions d’amende ; malgré le fait que les dix témoins à charge l’aient plutôt laver des soupçons ; malgré le fait qu’il fut constaté que l’eau a été installée conformément aux engagements ; malgré le fait que MM. Ngollè Jacques et Nguimè Ekollo, respectivement maires des communes de Mbanga et de Dibombari aient détruit l’accusation à la barre : il n’y avait pas eu location de l’engin Caterpillar, il s’agissait seulement de cessions de matériel à titre gracieux pour des travaux de courte durée, comme il s’en fait entre communes pour s’entraider et soigner les relations de bon voisinage. Notons que la commune de Njombé-Penja s’est gardée jusqu’ici de se porter partie civile dans une affaire où, pourtant, elle est supposée avoir été lésée d’un de ses biens.
Paul Eric Kinguè travailla pour une société gouvernementale d’Afrique du Sud, puis s’établit à son compte dans l’import-export, avant de briguer la mairie et la députation. Vainqueur du scrutin municipal de 2002, le RDPC auquel il appartient lui refuse l’investiture qu’il cède à son concurrent, un haut cadre des PHP. En 2007, Paul Eric Kinguè se présente à nouveau et la bataille à la candidature divise le RDPC local. Le Comité central dépêche sur place une délégation pour arbitrer. L’arbitrage échoue et la liste conduite par Paul Eric Kinguè gagne. Le nouveau maire est investi par son parti trois mois seulement avant les événements de février 2008 à propos desquels on l’accuse d’avoir tenu le mauvais rôle qui le fait jeter en prison.
A Douala où Paul Eric Kinguè pouvait pour la première fois s’expliquer, il fit appel de la condamnation à perpétuité. La peine fut ramenée à 10 ans de prison ferme et à 3 millions d’amende ; malgré le fait que les dix témoins à charge l’aient plutôt laver des soupçons ; malgré le fait qu’il fut constaté que l’eau a été installée conformément aux engagements ; malgré le fait que MM. Ngollè Jacques et Nguimè Ekollo, respectivement maires des communes de Mbanga et de Dibombari aient détruit l’accusation à la barre : il n’y avait pas eu location de l’engin Caterpillar, il s’agissait seulement de cessions de matériel à titre gracieux pour des travaux de courte durée, comme il s’en fait entre communes pour s’entraider et soigner les relations de bon voisinage. Notons que la commune de Njombé-Penja s’est gardée jusqu’ici de se porter partie civile dans une affaire où, pourtant, elle est supposée avoir été lésée d’un de ses biens.
Paul Eric Kinguè travailla pour une société gouvernementale d’Afrique du Sud, puis s’établit à son compte dans l’import-export, avant de briguer la mairie et la députation. Vainqueur du scrutin municipal de 2002, le RDPC auquel il appartient lui refuse l’investiture qu’il cède à son concurrent, un haut cadre des PHP. En 2007, Paul Eric Kinguè se présente à nouveau et la bataille à la candidature divise le RDPC local. Le Comité central dépêche sur place une délégation pour arbitrer. L’arbitrage échoue et la liste conduite par Paul Eric Kinguè gagne. Le nouveau maire est investi par son parti trois mois seulement avant les événements de février 2008 à propos desquels on l’accuse d’avoir tenu le mauvais rôle qui le fait jeter en prison.
Depuis cinq ans, cet homme est dans la tourmente. Il prend des coups sans nombre et se couvre de blessures dont certaines ne cicatriseront jamais. S’il est en prison c’est qu’il est coupable de quelque chose. Mais de quoi ? Dans les trois affaires devenues quatre, il est acquitté pour l’une d’elle et pour les autres les preuves manquent. Quelles preuves de sa complicité en bande ? C’est tout à la fois son silence et son bavardage contre les PHP. Quelles preuves d’un vol de 1,4 million ? Il n’y en a pas et il est acquitté. Quelles preuves d’un vol de l’argent devant servir à l’installation de l’eau à l’hôtel de ville ? Il n’y en a pas et son propre successeur à la mairie confirme l’installation de l’eau, tout comme l’agence locale de la SNEC. Quelles preuves que de l’argent a été escamoté de la location de l’engin Caterpillar ? A la barre les témoins démentent qu’il y eut location de matériel. Alors quoi ?
Oui, quoi ? Comment se fait-il que tous autant que nous sommes nous ne nous sentons pas plus interpelés que cela par ces répétitions d’absence de preuves ? C’est que le couple Paul Eric Kinguè d’un côté, la justice de l’autre est surmonté par quelque chose au sein de laquelle semble se dissoudre la contradiction des accusations sans preuves et cependant sanctionnées par des condamnations. Cette chose qui nous met sous influence et dissuade d’y voir plus clair c’est la moralisation que, semble-t-il, le chef de l’Etat déclare d’imprimer dans les affaires publiques à travers l’Opération Epervier. Dans ce contexte où certains pensent immodérément assister ou participer à une sorte de croisade moralisatrice, un maire accusé par trois fois d’avoir trempé dans des affaires d’argent, s’il n’est pas coupable d’emblée a au minimum quelque chose à se reprocher. « C’est eux-eux… », commente-on rapidement. Or, ce qu’on ne doit pas oublier c’est que les ennuis de Paul Eric Kinguè ne commencent pas par une affaire d’indélicatesse avec l’argent public, mais par sa supposée complicité en bande pendant les émeutes de février 2008 qui furent, dans l’ensemble des villes où elles eurent lieu, un sursaut des jeunes sans perspectives et désorientés, avant que nombre d’entre eux ne succombent. Ce mécontentement de grande ampleur, sans concertation et sans plan, et qui se solda par un nombre important de victimes en moins d’une semaine, marque une date désormais mémorable dans notre pays. Or dans la localité de Njombé-Penja, les jeunes s’attaquèrent à un monument réputé intouchable : les Plantations du Haut Penja (PHP). En ce cas, il n’était pas bon d’être accusé de complicité avec ces jeunes, ni en bande, ni tout seul. Incarcéré, et pour le dire autrement neutralisé derrière les barreaux, M. le maire essuie alors de nouveaux coups. On l’accable de malversations que ses propres administrés découvrent à travers la presse. Jusqu’à cette caricature d’une condamnation à perpétuité pour un délit d’environ dix millions de francs CFA. Or dans ce pays où l’on condamne ainsi un homme à perpétuité, la presse courageuse révèle quelques cas de vols de plusieurs milliards et le ministère public ne semble pas seulement vouloir entendre ceux qui sont ainsi indexés documents à l’appui.
NB: Albert MOUTOUDOU est un homme politique camerounais
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