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Mohamed Bouhamidi : Aminata Traoré, Oumar Mariko, la France sarkollande et la fatalité impérialiste



Les autorités françaises ont refusé un visa à Aminata Dramane Traoré, ancienne ministre malienne de la culture mais surtout animatrice talentueuse de « Forum pour un autre Mali ».
Ses livres comme ses autres textes restent des contributions décisives de la déconstruction des idéologies de la fatalité impérialiste que sont devenues chacune des politiques Euro-US en direction de l’Afrique en particulier et de l’ancienne aire du Tiers Monde en général.
L’importance de ses textes, outre leur souffle fanonien, leur puissance poétique – connaissez-vous des textes réellement révolutionnaires qui n’en soient pas enveloppés ? - et leur à-propos historique immediate, appelle tous les militants de la libération nationale, clé de la libération sociale, à les faire connaître comme moment du combat.

L’affaire du visa reste une anecdote de la duplicité des états impérialistes. Le refus de visa aura empêché Aminata et Oumar Mariko, le Secrétaire Général du Parti anti-impérialiste SADI, de dire, dans les réunions programmées avec des militants anticolonialistes européens, une autre version de ce qui se passe au Mali et de délivrer une autre analyse.
La presse française meanstream, de gauche comme de droite, n’en a soufflé mot. La presse de la gauche de la gauche a publié des tribunes dont le côté moralisateur a surtout servi à enfouir, sous la dénonciation indignée du double standard de la liberté d’expression que tous savaient à géométrie variable, leur exact alignement sur les politiques de la droite  et de la social-démocratie. Soutien à l’agression de l’état libyen, soutien à la subversion des contras en Syrie, soutien à l’intervention militaire française au Mali. Pire les gauches françaises, ont fourni un effort considérable pour habiller les bombes l’OTAN en Libye et les crimes des contras en Syrie, d’oripeaux « démocratiques ».
Pour le Mali, l’attitude des gauches françaises a été particulièrement indécente. En se récriant sur les dangers d’une conquête islamiste du Mali, sur le despotisme de la charia et sur la régression morale et culturelle du fouet public, des lapidations et des amputations, elles ont prolongé dans la « morale et dans l’éthique » une ingérence française au Mali qui dure en sous main depuis des décennies.
Et dont Aminata Traoré a montré dans ses textes et à l’envi, son but d’annuler une indépendance que le Mali de Modibo Keïta  avait voulu authentique par son prolongement dans le développement économique et social, dans la volonté de donner aux populations maliennes les moyens d’une autre vie, d’un autre idéal que la domination coloniale ou néocoloniale et les divisions ethniques ou culturelles au détriment du destin national solidaire.
Depuis au moins deux décennies Aminta Traoré et d’autres progressistes maliens se battent pour freiner le démantèlement du secteur public malien qui a donné des chances de promotion et d’amélioration concrète de la vie de toutes les composantes de la population. Démantèlement du secteur public, bradage  des grands ensembles agricoles, industriels ou des services, partage des miettes entre factions arrivées au pouvoir par le coup d’état qui a renversé Modibo Keïta en 1968, résiliation des avancées sociales dans la santé, la scolarité, la culture etc...
Le mali était un état pivot dans l’émancipation de l’Afrique, un état clé dans la confrontation avec le néocolonialisme et la Françafrique. La raison en est que l’indépendance du Mali comme celle de la Guinée ont été en grande partie arrachées par des luttes sociales et nationales sévères même si elles n’arrivèrent pas au niveau du génocide perpétré contre les peuples du Cameroun par les officiers français prélevés du corps expéditionnaire en Algérie.
L’indépendance du mali n’a pas été une indépendance octroyée.

Développement ou fatalité néocoloniale ? Voilà la question qu’Aminata Traoré pose aux élites politiques maliennes en traquant inlassablement les masques de ces « idéologies de la fatalité impérialistes. ».
Pourquoi l’hypothèse de la charia au Mali serait-elle une cause suffisante pour la guerre et l’ingérence et sa réalité en Arabie Saoudite et au Qatar, un ciment de l’amitié franco-saoudienne ou franco-qatarie, ou mieux encore, une raison supplémentaire de l’alliance guerrière contre la Libye, contre la Syrie et demain contre l’Iran ou l’Algérie. Pourquoi les amputations et les destructions du patrimoine seraient insupportables à Tombouctou et parfaitement admises dans les pétromonarchies ?

C’est à l’opinion française de se poser enfin quelques questions sur ses unanimités... dont le silence sur le cas Aminata Traoré interdite de visa pour « divergence d’opinion » et le vote à l’assemblée le 21 avril 2013, sans voix contraire, du prolongement de la mission Serval.  
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