Un article publié tout récemment dans ce site même suscite étonnement et consternation aussi bien par son traitement journalistique, que les réactions des internautes.L’article a pour titre : Bernard Lugan historien de l’Afrique du Sud écrit un livre politiquement incorrect sur Mandela. L’auteur de l’article se nomme Parfait Valère Mbeg.Ce texte rédigé très brièvement pouvait ne pas mériter la discussion. On y découvre rien de très décisif. Ce qu’on apprend entre les lignes, c’est que Mandela n’est pas le grand homme que l’on croit. On peut supposer que c’est ce que texte veut dire, car le texte n’est pas suffisamment argumenté.
L’article est accompagné d’une video où Robert Ménard ancien directeur de reporters sans frontières devenu membre du front national interroge un intellectuel (Bernard Lugan) qui appartient comme lui à l’extrême droite française.
Que dire grossomodo de ce travail journalistique ? C’est tout simplement une anomalie du boulot.
Ceux parmi nous qui s’investissent au quotidien dans la transmission de l’information doivent faire attention de ne pas relayer des propos tenus par des cerveaux malades. Car en réalité Bernard Lugan n’est rien d’autre (pour ceux qui le connaissent) qu’un esprit malade et un raciste notoire.
Mais supposons qu’un journaliste tenait rendre compte de son discours. Il y aurait tout de même des précautions minimales à prendre.
La première serait de remettre sa parole dans sa véritable trajectoire intellectuelle en expliquant qui est ce monsieur ? Ceci fait ; il faudra soumettre à une critique rigoureuse le contenu de son texte. Il faudra restituer le propos sans le déformer et montrer ses failles par la suite. Ce travail n’a pas été fait.
Monsieur Valère Mbeg était certainement motivé par une bonne intention : faire connaître un discours incorrect capable de faire avancer la compréhension de ce qui se passe aujourd’hui dans l’Afrique du Sud Post- Apartheid. Le problème c’est qu’il n’a pas saisi les ressorts racistes du discours qu’il voulait mettre à l’information du public.. Il a par conséquent relayé très inconsciemment une parole portée par un individu dont les desseins sont connus : détruire tout ce qui peut constituer en Afrique subsaharienne un symbole de fierté pour les populations noires ; détruire tout ce qui peut donner au continent noir un peu ou trop de relief.
Détruire chez l’homme noir toute forme de fierté est une vieille stratégie pour le tirer vers le bas, là où se trouve l’absence totale de conscience raciale et historique.
A ceux qui veulent s’informer sur Nelson Mandela, nous recommandons un magnifique livre rédigé par l’ex-ministre français Jack Lang. Il a pour titre :
Nelson Mandela ,leçons de vie pour l’avenir.
Ne lisez aucun livre rédigé par Lugan. Ses textes ont pour but de nous démolir spirituellement. Que reste-il à un peuple qui a perdu son âme ? Il est prêt à tout ;il est prêt à se prostituer, à se vendre aux nations conquérantes à vil prix. Il sera d’autant plus facile à récupérer qu’il a perdu toute forme de résistance.
Prétendre que Mandela ne représente rien est tout simplement délirant. C’est le plus grand personnage historique depuis plusieurs siècles. Il se dit dans certains textes qu’il serait le plus personnage de toute l’histoire. C’est exagéré.
Le plus grand personnage de toute l’histoire, c’est Jésus Christ. Le reconnaître comme tel n’est pas un discours de croyant.
Mais revenons à Bernard Lugan. Qui est-il ?
Universitaire français, Bernard Lugan s’est spécialisé sur l’histoire de l’Afrique. Il a enseigné à l’université de Lyon et à l’institut des hautes études de défense nationale.
Lugan n’est pourtant pas connu pour le sérieux de son travail.il est réputé parce qu’il mène des combats idéologiques au nom de la race. Il est constamment sollicité par des magazines et sites internet proches de l’extrême droite. Son discours sur l’Afrique est faux et mensonger mais très argumenté. C’est en cela qu’il est dangereux. On a dit du racisme qu’il provenait de l’ignorance ; Ce n’est pas toujours vrai. Parlant des racistes Albert Memmi disait : <<les grands racistes sont souvent des individus très outillés. Et s’ils maîtrisent leur sujet , c’est parce qu’ils s’y sont intéressés>>.
Malgré l’érudition abondante de ses livres, les conclusions sont presque toujours irrecevables. Ses travaux ne sont qu’un faisceau de thèses colonialistes et parfois très ouvertement racistes.
Qu’à t-il dit pendant toutes ces années où ses travaux n’ont cessé de blesser le bon sens ?
Bernard Lugan soutient la thèse d’une hominisation multiple, pour cause, il trouve insupportable d’avoir le même ancêtre avec le noir. Il s’accroche à cette position depuis des années malgré toutes les clarifications de la paléontologie qui dit le contraire.
Il mène depuis des années, une lutte à mort contre l’afrocentrisme. Il en veut à Cheikh Anta Diop pour avoir démontré que l’Egypte pharaonique était majorité habitée par des noirs et fut une civilisation africaine ; il en veut à Martin Bernal pour avoir démontré que la culture classique qui a émergé dans la Grèce antique avait des racines africaines.
Il défend à travers articles sulfureux et conférences l’idée qu’il faut recoloniser l’Afrique. De la colonisation, il ne pense que du bien. Elle fut une grande œuvre de bienfaisance.
Comment expliquer les guerres africaines ? Pour Bernard Lugan , l’Afrique est trop simple. Pour comprendre pourquoi les africains se battent, il faut partir d’une seule et unique grille de lecture : l’ethnie. Si on s’en tient à ce discours les guerres africaines n’auraient aucune dimension économique, ni même politique… Son explication n’est pas seulement fallacieuse, c’est d’abord un argument néocolonial très classique.
En mars 2001, Bernard Lugan est promu « maître de conférences hors classe » sur le contingent de l'Université. Selon le rapport Rousso « La décision provoque la colère des associations et même [...] une pétition signée par plus de cinquante africanistes français dont certains sont assez connus » (Rapport Rousso). Ils affirment dans la pétition :
« Nous nous élevons avec vigueur contre cette distinction qui est susceptible de jeter le discrédit sur l'ensemble des études africanistes en France. En effet, qu'il s'agisse de l'Afrique du Sud, du Maroc ou de l'Afrique des Grands Lacs, les travaux de Bernard Lugan ne sont pas considérés comme scientifiques par la plus grande partie de la communauté universitaire. En revanche, à travers des articles élogieux et des interviews complaisantes, parus dans Minute, Présent et National Hebdo ces travaux ont servi de support à des thèses défendant l'apartheid en Afrique du Sud ,les fondements racialistes de l'histoire africaine et faisant l'apologie de la colonisation. Nous nous élevons donc contre cette promotion et demandons aux autorités compétentes de suspendre son application. »
On en vient aux réactions du public suite à l’information relayée par Valère Mbeg en écho aux arguments de Lugan sur Mandela. Grand a été notre étonnement de voir certains internautes africains insultés Madiba. Leurs réactions sont révélatrices d’une réalité profondément triste : Nos sociétés restent encore trop fragiles et précaires sur le plan de conscience historique. Que n’importe quel imposteur même venu des milieux nazis soit capables de les persuader de la pertinence de son propos est tout simplement consternant.
Comportement consternant, mais pas si nouveau. Il n’est rare dans l’histoire de l’Afrique de voir des masses nègres applaudir ceux là même qui les insultent. On se souvient qu’après la publication de Négrologie ,le texte ordurier de Stephen Smith, des africains sont intervenus sur la toile pour soutenir :<<ce qui est écrit dans Négrologie est certes dur à avaler, mais c’est bien vrai en fin de compte.
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