« Dans ce nouveau siècle qui s’ouvre, caractérisé par la planétarisation du
principe marchand, des guerres sans fin, le cynisme et le remplacement de la
conscience historique par la consommation de l’instant, il y’a peu de place pour
l’héroïsme à la Mandela ». C’est en ces mots que, répondant aux questions de
RFI, le théoricien de la post-colonie sonnait ainsi le glas de l’héroïsme en
terre africaine et dans le monde entier. Ce que nous pouvons retenir de ce qui
précède, c’est que nous sommes « entré dans le siècle des anti-héros », et de ce
point de vue, Achille Mbembe pense avec opiniâtreté et dextérité que « Mandela
n’a pas de successeur ». Ce qu’on se propose dans ce texte ce n’est point
d’avoir les velléités de rejeter en bloc et avec turbulences les idées avancées
par Achille Mbembe. Nous voulons plutôt dénicher le sens et la puissance qui se
cachent derrière ces propos, les interroger, et in fine voir dans quelles
mesures l’avenir peut être autre que ce que prévoit l’auteur de cette citation
qui fait l’objet de notre investigation.
Le triste tableau de notre ère tel qu’à bien voulu le
peindre Achille Mbembe, semble être vraisemblablement hostile à l’éclosion des
héros et des grands hommes. Nul ne peut douter que le principe marchand, le
cynisme et la consommation pour la consommation, ou encore la « frénésie de
l’accumulation » comme le dit Maurice Kamto, sont des non-valeurs que les
nouvelles sociétés de ce siècle nouveau veulent bien ériger en valeurs absolues.
Dans une telle atmosphère, où baigne ce type de pratiques aussi nocives
qu’avilissantes, il est clair que l’Homme ne peut que s’enfermer dans la
dictature du « ça » plutôt que de s’élever vers les cimes libératrices du «
sur-moi ». Le sur-homme tant chanté et célébré par l’iconoclaste Nietzsche, ne
naitra certainement pas sur cette terre du XXIe siècle, dans cette ère plongé au
milieu d’un tintamarre des pratiques plus que bestiales. Tout ce qui élève
l’homme est banni et bâclé par ceux qui disent diriger le monde. L’homme, avec
une vitesse vertigineuse et incommensurable, est en train de se diriger dans le
gouffre où reposent les choses parmi les choses dans la nature. La pensée, le
travail, l’amour du prochain, le pardon, l’amabilité, la mémoire…ces indices qui
permettent de distinguer l’Homme des autres choses de la nature sont en train de
se dissoudre.
A la question de savoir comment naissent les héros ? On se
retrouvera devant deux vérités peut être contradictoires, mais complémentaires.
Les tenants de la thèse innéiste diront qu’on nait héros. De ce fait, c’est la
nature qui nous fait grâce de ses biens et qui nous élève au rang des grands
hommes. C’est elle, cette grande artiste, qui dessine avec les pinceaux les plus
fins, ceux qui auront pour mission de diriger les autres de part leur vertu
naturelle. Les autres, tenants de la thèse existentialistes diront que le héros
se crée indéfiniment. L’homme ordinaire ne le devient effectivement que
lorsqu’il a pu acquérir par le travail et la persévérance les qualités qui sied
au héros. Malgré tout, il y’a matière à se séparer pour une fois du dualisme et
de joindre les deux thèses qui se présentent à nous comme opposés. A ce propos,
Baltasar Gracian affirme ceci : certes quelques uns des héros sont nés vertueux,
mais « les soins, les réflexions, les efforts peuvent rendre aux autres ce que
la nature leur a refusé ». L’histoire de Moïse, de Malcom X, de Lincoln pour ne
citer que ceux-ci, nous prouve qu’on ne nait pas toujours avec les vertus
héroïques mais qu’on peut, pas l’exercice permanent, les acquérir.
Une chose est sure, les héros ne naissent pas de terre comme
des champignons. Il existe toujours des circonstances, ou ce que Machiavel
appelle « l’occasion », pour hisser l’homme ordinaire au rang de héros. Dans Le
prince, il affirme que : « ce qu’il ya de singulier dans tous ces héros, c’est
que la fortune ne leur a fait d’autre faveur que de leur présenter l’occasion
qui leur donna lieu de former leur matière comme ils jugèrent à propos ». Il a
fallu que le peuple d’Israël soit en servitude en Egypte pour que Moïse puisse
mettre à jour son génie de libérateur, pareil pour Martin Luther King avec la
situation des Noirs aux USA que pour Mandela avec la situation des Noirs en
Afrique du Sud. De ce fait, si l’occasion ne se présente pas, le héros ne naitra
pas non plus. Mais l’occasion peut aussi se présenter sans pouvoir faire naitre
le héros, si l’homme a qui elle s’est présenté n’a pas eu les qualités requises
et adéquates pour en profiter. Pour ce type d’homme, « Sans l’occasion, leur
vertu se fût anéantie et sans leur vertu, l’occasion eut été inutile » poursuit
Machiavel au chapitre sixième.
Njoh Mouellé abonde à demi-teinte dans le même sens que
Machiavel et Mbembe sur les conditions de la naissance des héros, des génies et
des grands hommes. Dit ’il « la plupart des génies n’auraient pas donné à
l’humanité leurs œuvres s’ils n’avaient pas vécu dans un contexte stimulant »
[1998 : 165]. C’est pour ce contexte stimulant que Marx a jadis lutté pendant
toute sa vie. Pour lui, il fallait que la société permette à celui qui porte en
lui le génie de Mozart ou celui de Raphaël, de ressusciter en lui ce Mozart ou
ce Raphaël assassiné. Mais le contexte actuel tel que le décrit si bien Achille
Mbembe ne peut être propice à l’émergence de ce type d’homme. De ce fait, devons
nous confondre ici le contexte de naissance du génie, du grand homme et du héros
qu’il soit politique ou pas ! Le contexte qui donne naissance au génie, au grand
homme n’est pas le même qui donne naissance au héros qu’il soit politique ou
qu’il ne le soit pas. Précisons-le. Le tableau que dresse Achille Mbembe du
monde actuel semble être véritablement le contexte dont la naissance des héros
du siècle dernier a été subsidiaire. Permettons nous de les citer : « les
guerres sans fins », « le cynisme », « la frénésie de l’accumulation »…ce ne
sont que ceux qui ont pu mettre fin à ce type de calamités ou qui ont proposés
éloquemment d’en mettre fin, qui ont pu être hissé au rang de héros. C’est parce
que Hitler avait proposé mettre fin à la paupérisation qui sévissait en
Allemagne à l’aube de la première guerre mondiale qu’il a été à un moment donné
le héros de la race supérieure. Dommage que d’autres circonstances ont fait de
lui un tyran, « un monstre naissant » et bien né.
Ce triste exemple Hitlérien nous permet de faire la
différence fondamentale qui existe entre le héros et le tyran. Pour Baltasar
Gracian, les tyrans, ces faux-héros, ont en eux des qualités qui « démentent
mille fois le caractère de héros ». L’auteur dénombre deux principaux écueils de
l’héroïsme qui sont : « la colère sans frein et la cupidité sans retenue ». Les
hommes qu’on qualifie abusivement de héros et qui se laissent avilir par ce type
de passions, ne sont que de simples imposteurs. Ainsi, l’Afrique a eu le malheur
de connaitre ce type de leaders, qui, au lieu d’aimer leur peuple, ont plutôt
cherché à se faire craindre par ceux ci. Il est inutile de les citer ici, libre
à chacun d’en faire cet exercice.
Mandela nous a permis de découvrir un nouveau type de héros,
celui du héros politique. Ce type de héros représenté par cette « nouvelle
figure » politique, ne meurt pas toujours au champ de bataille. Il n’est pas,
comme nous le rappelle Achille Mbembe, un martyr. La
fortune leur donne toujours la chance de conduire leur
peuple vers le long chemin de la liberté. Et souvent la chance de, non seulement
voir la terre promise, mais aussi d’y demeurer avec eux. Mandela nous a appris
que le héros n’est pas obligé de vaincre avec péril pour pouvoir triompher avec
gloire. Il sait comme Boileau dans ses Epitres, qu’ « on peut être héros sans
ravager la terre ». Pour y arriver, Achille Mbembe a noté que Mandela avait
besoin de se munir des qualités presque sur-humaines : « le détachement,
l’ascèse et la purification ». Le bref passage de Mandela à la présidence de la
nation arc-en-ciel fait montre de la totale possession et maitrise de ces vertus
par le héros. Si, comme le dit Achille Mbembe, « présider à la destinée n’était
pas une fin en soi », il n’avait non plus pour ambition d’y élire domicile. Nous
pouvons noter que le long séjour en prison de Madiba a pu l’aider dans ce sens,
dans la mesure où Albert Memmi nous apprend dans son traité sur la dépendance
[1990] que la prison a été crée parce que les hommes n’arrivaient pas à se
séparer de leurs biens et de leurs proches. Mais combien de prisonniers n’ont
jamais pu parvenir au détachement et à l’ascèse ? Comme pour attester une fois
de plus la thèse sur la fabrique des héros. Ceux-ci qui ont toujours été, le
carrefour des « qualités filles d’une destinée heureuse » et celles « filles
d’une industrie louable » comme le dira Baltasar Gracian. Nous pensons sans
doute avec lui que : l’art doit achever en l’homme ce que la naissance a
commencé.
Baltasar Gracian pense aussi que pour y parvenir il faut
nécessairement avoir un « cœur héroïque ». Ce cœur qui dispose le héros à fuir
la vengeance à laquelle un homme ordinaire se livrerait, à pardonner une injuste
haine, et à rendre le bien pour le mal. Dans notre contexte, seul Mandela y est
parvenu. Lui qui disait que : si les hommes apprennent à se haïr, ils peuvent
aussi apprendre à s’aimer. Baltasar Gracian, auteur de l’essai sur Le héros,
énumère d’autres qualités au héros : il note une intelligence brillante et
étendue au premier chef. Ce sont ces qualités qui poussent le héros à proférer
des « paroles pleines de feu », ces étincelles qui précèdent à des entreprises,
grandes et rapides. Pensée-parole-action, telle est la trilogie qu’impose avec
clarté ce type d’homme. Dans un contexte marqué par la fin de la guerre
idéologique, le vent venu de l’est, la dévaluation du CFA, la crise financière,
le génocide au Rwanda, la ségrégation raciale en Afrique du Sud, le héros
Mandela est né et a survécu. Malgré les critiques acerbes proférés en sa
personne, Obama n’a pu hésiter avant de reconnaitre que « Mandela est un héros
pour le monde » celui dont « l’héritage traversera les âges » disait’ il à
Dakar.
Mandela l’a toujours dit à qui voulait l’entendre : je ne
suis pas un saint. Voici la véritable vérité : les héros sont des hommes. Et de
ce fait, ils ne manquent pas à la critique ni aux imprécations qu’on ne connait
ni d’Adam ni de Eve. C’est ce que Baltasar Gracian appelle en sa manière : la «
critique envieuse ». Le soleil n’a-t-il pas ses éclipses et le plus beau des
diamants ses pailles ? s’interroge-t-il. Conscient de ce manque dû à sa
condition d’homme, le héros se doit de rester prudent à ce qu’il propose au
peuple et à ce qu’il prétend accomplir. Le maitre ou le héros, nous dira Dan
Arbid dans « qu’est ce qu’un maitre ? », a conscience de ses limites. Il sait
que l’homme parfait n’existe pas, sinon l’UN. Il n’a pas la prétention d’offrir
tous les « objets-réponses » à son peuple, de rendre heureux le premier jusqu’au
dernier des citoyens. Le héros en politique n’est pas celui qu’on nous présente
dans le monde de la science-fiction. Ces « super-héros » des bandes dessinées
allant de Kirikou à Superman,
passant par les stars hollywoodiennes, qui peuvent en moins
de 24 heures chrono « sauver le monde, mais ne peuvent rien contre les attentats
». C’est la raison pour laquelle, à la Mandela, le héros doit avoir assez de
sagacité et de lucidité pour savoir quand est ce qu’il faut quitter la fortune
avant qu’elle ne nous quitte. Car « la fortune, dira Gracian, vieillit et
s’affaiblit en quelque sorte avec les années ». Le héros quant’ à lui maitrise
le « temps en politique », il sait en faire usage, il sait ne pas se laisser
dégrader par lui. Le héros n’est pas un sophiste, comme nous le rappelle Njoh
Mouelle, le héros ne se clame pas, il se vit. « Ses arguments sont des œuvres »
son projet est celui de « contribuer à l’achèvement de ce monde imparfait et
inachevé ». [1998 : 157]. C’est parce que la plupart manquent à ces principes
qui sied au héros, lacunes provoquant des conséquences fâcheuses, que Gérard
Ayache annonce véhément que « l’heure de la politique post-héroïque a sonné ».
Pourquoi, parce que « la politique héroïque conduit inévitablement à la
déception, au désintérêt et à la désaffection », parce que « les politiques
héroïques admettent difficilement que leurs jours sont comptés ».
Si le rôle du héros est de contribuer à l’achèvement de ce
monde imparfait ; nous convenons avec Njoh Mouelle que le simple fait de vivre
dans un siècle plein d’imperfections comme l’atteste Achille Mbembe, n’est pas à
lui seul un frein à l’éclosion des héros. Le héros, comme la philosophie, nait
des « situations troubles ». Les guerres sans fins, le cynisme, la frénésie de
l’accumulation etc, peuvent être des signes de bon augures, nous indiquant que
d’autres héros naitront dans ce siècle pour y mettre un terme, le laver de
toutes ses impuretés, le sauver de tous ses maux. Mais à y voir plus clair, ce
contexte ne suffit pas pour voir naitre en ce siècle des successeurs de Mandela.
De ce point de vue, nous donnons raison à Achille Mbembe. Ce qu’il faut, c’est
de pouvoir créer en nos jeunes des mentalités de réceptivité, d’incarnation et
de perpétuation de l’héritage de Mandela. Mais connaissant les écrits d’Achille
Mbembe sur la jeunesse africaine, nous comprenons qu’il ne peut rien espérer
d’elle. Lui qui disait déjà qu’ « on se retrouve devant une génération sans
mémoire historique ». La nouvelle génération, si elle veut bien succéder à
Mandela, doit être digne de son héritage héroïque, être prête à consulter sans
cesse l’histoire des grands hommes ayant présidé à la destiné des siècles
précédents. Certes, Corneille nous averti qu’ « un prince dans un livre apprend
mal son devoir, et les exemples vivants sont d’un autre pouvoir ». Ainsi,
Mandela se place en pôle position pour avoir des successeurs en ce siècle qui
commence. Car la plupart des moins de 20 ans ont vu Mandela agir, l’ont entendu
prophétiser la paix et prôner le pardon. Ils ont vu mourir « le vieux » Félix
Boigny, et on entendu tambouriner les échos de la démocratie.
Ce qu’il faut à nos jours, c’est d’inciter les jeunes à ne
jamais oublier que pour la liberté, la démocratie, le bien être, il a existé des
hommes doté d’une grandeur d’âme et qui l’ont sacrifié pour le bien absolu des
générations futures. Certains ont connu le sacrifice du corps, d’autres comme
Mandela, « le sacrifice politique ». Certains ont échoué dans la course,
d’autres ont tant bien que mal relevé le défi. Les jeunes ont pour mission de
fouiller dans l’histoire pour faire le tri entre les forces et les faiblesses
des grands hommes du passé. Rejeter ce qu’il y’a à rejeter, perpétuer ce qu’il
y’a à perpétuer, tout ceci pour le bien de l’humanité toute entière. Car «
combien de gens auraient été des phénix en leur genre et des modèles pour les
siècles futurs, si d’autres n’étaient pas venus avant eux ?» s’interroge
Baltasar Gracian. Si les jeunes manquent à cette tâche, à quoi aurait’ il donc
servit que
Mandela vive en ce siècle ! C’est pour cette raison que
Baltasar Gracian convient avec Achille Mbembe que « la plupart des premiers
héros n’ont point du tout eu de postérité, ou n’en ont point eu qui héritât de
leur héroïsme ». pour le simple fait que les nouvelles générations n’ont pas su
perpétuer l’ouvrage de leurs mains.
Nous ne demandons pas aux jeunes de prendre forcément
Mandela et tous les autres héros de la même nature comme des modèles à copier
systématiquement. En plus de la conscience historique qui doit habiter les
jeunes, ceux ci doivent regarder en avant. Car « c’est vers cette direction que
Dieu a placé les yeux » disait intelligemment Francis Bebey. Les jeunes doivent
être des démiurges, des créateurs de leurs propres valeurs, des émules et de
véritables Prométhée pour leur génération. Comme nous le dit Gracian, « qu’on ne
se les propose pas seulement pour les imiter, seulement pour les égaler et pour
marcher du même pas qu’eux, mais encore les surpasser ». Dans ce sens, si les
jeunes sont disposés, formés, et aptes à relever le défi, et que l’occasion se
présente un jour, il est possible qu’on puisse voir naitre en ces lieux des «
sur-Mandela ». C’est ainsi qu’Alexandre fut pour César ce qu’Achille avait été
pour Alexandre. Les héros sont aussi des maitres de la transduction. En latin
transducere, c'est-à-dire le fait de laisser passer quelqu’un ou quelque chose.
Ils ne meurent pas et ne doivent pas mourir avec les clefs de leur héroïsme.
C’est ainsi que Njoh Mouellé nous affirme que, Le héros, le saint, le grand
homme, n’ont pas besoin d’exhorter, ils n’ont qu’à exister : « leur existence
est un appel ». Puisse la jeunesse africaine répondre avec foi et détermination
à cet appel historique de Mandela.
L’autre contexte qui nous met en difficulté et conforte la
position d’Achille Mbembe, c’est que nous vivons sur une terre hostile à la
nouveauté et à la grandeur. Or c’est ce qu’ont toujours proposé les héros sous
tous les cieux et en tout temps. Ainsi, ce n’est pas seulement en Afrique mais
aussi ailleurs que l’homme manifeste depuis le commencement la haine pour les
héros, les révolutionnaires : Socrate, Jésus, Galilée, Luther, Gandhi, Martin
Luther King, Malcom X ont payé le prix de leur héroïsme d’une manière ou d’une
autre. Et si Mandela a pu résister à la vindicte de l’échafaud, on a bien peur
qu’il ne puisse plus en exister d’homme de ce type. Mais Achille Mbembe nous l’a
dit « le héros n’est pas un martyr » rassurons nous.
Plus en Afrique qu’ailleurs, jamais on a vu les hommes
détester autant les héros. L’Afrique hait les grands hommes, les tuent et les
enfouis dans la nuit noire de l’oubli. Comme nous le dit Maurice Kamto, nous
n’avons que de « morts inutiles » dans notre société, de héros qui n’inspirent
pas ou qu’on ne permet pas d’inspirer les nouvelles générations. Pour l’auteur,
« nos héros se sont dissous dans les ténèbres de la mort, sous le regard
indifférent de ceux qu’ils ont éclaboussés de leur génie ». [1993 : 39]. Plutôt
que de cultiver le sens de la transduction, nos sociétés pratiquent la tactique
maléfique de l’endiguement. Si bien qu’Axelle Kabou se pose la question de
savoir quand est ce que les africains arrêterons de se détester et de se vendre
entre autant entre eux ? Ce jour n’est pas encore arrivé. Mais nous savons que
chaque héros est le fruit de son époque, que la pomme ne tombe jamais loin du
pommier. Mais nous savons aussi qu’une société pleine de calamités, de malheurs
de toutes sortes, qui a besoin de basculement de situation, manifeste toujours
un besoin urgent des héros. Ceux-ci qui doivent la laver de ses impuretés et la
conduire vers la terre promise. Noussavons, comme le dit Njoh Mouellé, que « les hommes
excellents naissent des foules d’hommes médiocres ». De cette situation
désastreuse que nous vivons en ce début de siècle qui ne fait que commencer,
naitront certainement des nouveaux Mandela. Notre tradition et les hommes qui la
porte, bon gré mal gré, doivent se montrer ouvert pour « accepter en permanence
les traditions nouvelles ». Njoh Mouellé, [1983 : 71].
Nous sommes convaincu de la tâche qui revient à la nouvelle
génération pour relever ce défi, pour lever cet écueil presqu’insurmontable posé
par Achille Mbembe. Mais nous sommes persévérants et déterminés et c’est
Mandela qui nous l’a appris. Lui qui après 27 ans de prison,
n’a pas succombé, n’a pas courbé l’échine ni jeté l’éponge. Que la mort de
Mandela puisse servir d’humus à cette terre africaine aride pour la rendre
fertile et propice à l’éclosion voir à l’émergence des nouveaux héros en ce
siècle. Que son vécu, ses œuvres, puissent inoculer en cette nouvelle génération
les germes qui feront pousser en leur âme les grandes vertus qui donneront à
leur tour naissance aux grandes entreprises. Tant que l’avenir est ouvert, tous
les possibles sont envisageables. Mais nous sommes habités par une conviction
inébranlable : « de la montagne Mandela en travail, ne naitra pas une souris ».
La légende continue, le combat aussi ! Le tableau noir de la situation de
l’Afrique dressé par Achille Mbembe nous rassure, car comme le dit Gracian « un
diamant ne brille jamais plus que dans les ténèbres de la nuit ». Voilà la
condition nécessaire à la naissance des héros ! tant que l’Afrique fera face aux
grandes difficultés, on aura besoin des grands hommes pour les surmonter. Tant
que l’Afrique va rester dans le noir, on aura toujours besoin de ces nouveaux
héros pour la « sortir de la grande nuit ». Et j’en connais des jeunes qui ne
vivent que par le désir de porter sur eux ce lourd fardeau. Et dire que Mandela
n’aura pas de successeur c’est amenuiser leur espoir et estomper leurs énergies.
N’en déplaise à Obama, l’Afrique a encore besoin des hommes forts pour pouvoir
fortifier les institutions qu’ils ont pour mission de diriger. Et en ce siècle,
ces hommes naitront et ces institutions aussi. Vous en doutez, j’en ai la
certitude.
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