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David EKAMBI DIBONGUE : Libération du peuple kamerunais:Qui est notre ennemi aujourd’hui ?

Après cinquante trois années d’indépendance nominale du Kamerun, notre pays s’appauvrit inexorablement, malgré le fort potentiel humain et matériel dont il recèle. La démocrature de Paul Biya étiole tant les valeureuses énergies embrigadées au Rdpc  que celles qui refusent de faire partie de cet appareil politico administratif. Heureusement, le double scrutin du 30 septembre 2013 a démontré que, la robustesse de l’ogre, malgré tous les artifices et irrégularités d’un pouvoir dictatorial, serait toutefois amovible et détrônable. Il reste aux Kamerunais, au lieu de continuer à voir l’ennemi toujours ailleurs, d’affirmer une volonté réelle et déterminée pour un changement patriotique. Car l’impérialisme international, malgré tout, négocie, aujourd’hui, en fonction du rapport de force à lui imposé par les forces patriotiques.

 Le double scrutin des législatives et des municipales s’est déroulé globalement dans la paix et a été marqué par un retour notoire des masses dans les urnes. Mais, il a essentiellement démontré que : « Le pouvoir au Cameroun n’est pas de tradition démocratique. Il repose dans un moule de conception souverainiste et autocratique. Ses dirigeants se font mal en adoptant de façon forcée, les pratiques usuelles en démocratie. Le parti au pouvoir n’aurait aucune gène à régner seul (démocratie pourtant). Il serait exubérant au Parlement avec ses deux chambres ; contrôlant la totalité des conseils municipaux sur l’ensemble du territoire national. La preuve, toutes sortes de manigances sont entreprises pour ne pas appliquer les règles d’élégance là ou la proportionnelle devrait logiquement être de rigueur. Dans un tel environnement où les mentalités politiques demeurent archaïques, ce ne serait ni la biométrie, ni les machines plus performantes qui viendront crédibiliser le vote.  C’est un tout, c’est-à-dire l’élément humain et la science en même temps. Pour parvenir à cette conjonction d’actions de manière harmonieuse, il y a encore un long chemin à parcourir, que nous ne semblons pas emprunter. » (1).  

Pour preuve tant d’irrégularités récurrentes du Rdpc, pour fausser absolument le verdict des urnes et les farouches manigances et manipulations pour étouffer, parmi tant d’autres, le courageux Mouvement de la renaissance du Cameroun dans le Mfoundi. Car, le Mfoundi  étant considéré à tort ou à raison comme son bastion. Cependant, quelques endroits où d’autres forces politiques étaient mieux organisés pour barrer la voie à ces pratiques funestes, leurs auteurs ont reculé. Au verdict final des urnes, malgré la misère galopante au Kamerun, les déchirements internes au sein du Rdpc, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais est toujours victorieux et hégémonique.

Cependant, ces victoires ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Au Kamerun, la décrépitude morale, intellectuelle et matérielle est indescriptible. La démocrature qui perdure vide la nation de valeureuses potentialités. Car même au Rdpc  où militent, réellement, quelques rares Kamerunais, tous les autres citoyens y sont enrôlés d’une façon ou d’une autre ou simplement embrigadés pour des considérations diverses. Comme au Kamerun l’Etat-Rdpc contrôle tout, régule et dispense  toute évolution sociale et matérielle, au pire il peut détourner, annihiler ou compromettre  toute valeur individuelle et toute ambition qui ne sont pas mises au service du Prince-organisateur.

Ainsi l’Etat-Rdpc est une véritable gangrène pour le pays. Il développe des métastases à tel point que les valeurs humaines dans la Nation ont un rendement proche de la  médiocrité, de peur de trop bien faire, et au risque d’être accusées de porter ombrage au Prince ou à un baron de la localité, proche du Prince. Plusieurs proches zélés, dudit Prince, s’activent habituellement, au-delà des attentes de ce dernier. A tout moment et partout, il faut  psalmodier le nom et les œuvres du Prince-régnant. Même ceux qui ont choisi une autre voie, celle de l’opposition politique ou de la société civile, sont plus ou moins absorbés dans cette turbulence infernale. Toute la vie socio politique nationale est pratiquement en berne.

Heureusement, le double scrutin de 2013 est venu ouvrir les perspectives d’un autre jour au Kamerun.  Car comme le disait Karl Marx : « Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. »(2).

Aujourd’hui au Kamerun, il y aura un avant et un après 30 septembre 2013. De toutes les façons  le parti administratif, le Rdpc, ne sortira pas indemne de ses dissensions internes, de ses déchirements, de la permanence de ses fraudes électorales,  de l’impact de certaines victoires acquises par l’opposition, et surtout de cette volonté politique manifestée par des millions de compatriotes d’avoir osé. Reste que le retour massif aux urnes des citoyens doit se consolider et que les entrepreneurs politiques se mettent en devoir de devenir sérieux et déterminés.

C’est à bon escient, que Maurice Kamto dit : « Nous avons gagné l’avenir » (3).
Quel est l’avenir ? 


Seul un changement patriotique donnera une autre et meilleure orientation à notre pays. Tout autre chemin ne serait que du saupoudrage et encore, la perte du temps pour une nation déjà  exsangue. Pour l’instant, la voie des urnes est acceptée, malgré tout. Mais, elle ne sera point efficace pour les patriotes, dès lors, qu’un grand travail de mobilisation et de conscientisation des masses populaires n’est pas entamé. Le devoir qui nous incombe, le changement face à une vieille dictature, est pénible et sûrement lourd de conséquences et de sacrifices.
Même aux urnes, la tâche n’est pas encore assurée. Car, nous ne cesserons de le répéter, le vote chez nous ne se limite point au dépôt du bulletin dans l’urne. Il faut surtout être capable de réussir la sécurisation des vrais résultats. Et le cas échéant, s’apprêter également, si jamais cette sécurisation s’avérait insuffisante, à réclamer sous toutes les formes et par tous les moyens jugés appropriés le vrai verdict des urnes. Ce qui requiert nécessairement une préparation, une formation et une vision conséquentes.

La preuve, nous avons entendu, Maurice Kamto déclarer : « Nous avions fait le pari de la confiance dans les institutions du pays, en particulier celles concourant de près ou de loin à l'organisation des élections. Manifestement ce pari a été perdu. En prenant à témoins nos compatriotes, les amis du Cameroun et la communauté internationale, nous voulons maintenant être le plus clair possible avec ceux qui nous gouvernent : notre attachement obsessionnel au changement dans la paix ne doit pas être mal compris. Lors du prochain scrutin dans notre pays, à la barbarie électorale du RDPC et du pouvoir, nous opposerons, jusqu'à notre dernier souffle, une résistance citoyenne et républicaine.» (4)

A écouter, Maurice Kamto, on dirait les révolutionnaires de l’Upc…
De toutes les façons, il faut se préparer pour s’affronter aux urnes ! Car mentionnons-le clairement, les élections ne sont pas encore chez nous, un moment de saine compétition, mais d’affrontement. Alors, si nous ne sommes pas disponibles à cet affrontement entre un ordre d’aliénation et celui de la reconquête de notre liberté et souveraineté, aller aux élections ne vaut point la peine, pour les vrais nationalistes du Kamerun. Et Eric Mathias Owona Nguini le soulignait pour le cas du Mrc, sur un plateau de télévision : « Le Mrc peut avoir des victoires politiques au double scrutin à Yaoundé, mais pour obtenir concrètement ces victoires, il faudrait un fait physique». A bon entendeur salut…

COMMENT PREPARER L’AFFRONTEMENT ?
Croire qu’un régime de voleurs et de dictature sauvage et sanguinaire qui tire sur sa population, comme en 2008, peut accepter pacifiquement un verdict des urnes contre lui, c’est faire preuve d’une naïveté politique suicidaire. Seul un équilibre des rapports de force la peut le dissuader.

Potentiellement, le régime Biya détient un armement ahurissant, il vient encore de le prouver. Mais aucune armée au monde, ne peut venir à bout d’un peuple déterminé et surtout bien organisé et uni. Chez nous, ce qui fait problème, est la détermination de nos dirigeants de l’opposition. Mais ce peuple qui souffre, saura prendre son destin en mains. Cependant, afin que cela ne soit  encore une autre occasion manquée pour la conquête populaire du pouvoir, il faudrait que des dirigeants politiques authentiques de l’opposition assument leurs responsabilités.

Nous, notre armement est le peuple organisé, conscientisé politiquement et déterminé. Le travail des appareils politiques est de revenir vers les  masses populaires pour les convaincre que : « les hommes et les femmes ne peuvent pas raisonnablement continuer à se moquer aussi massivement du fait politique, sans courir le risque d’approfondir l’impossibilité qui frappe la vie dans leur pays. L’Etat n’est pas seulement le système des institutions du pays. L’Etat est surtout la scène où joue la Nation. » (5). Nous avons l’impérieux devoir d’aller à la conquête du pouvoir politique d’Etat. Les politiques doivent expliquer aux masses populaires, que tout investissement  de ces dernières dans les luttes pour leur survie quotidienne ne constituera que des batailles ininterrompues, toujours recommencées, tant que le pouvoir politique d’Etat n’aura pas été conquis. Car c’est le pouvoir politique d’Etat qui indique mieux la ligne générale et les moyens de transformation d’un pays. Seules les masses populaires revenues dans les luttes  politiques et encadrées par les progressistes et les révolutionnaires sérieux et déterminés, peuvent permettre la modification du rapport de force politique actuel, qui demeure pour l’heure, en faveur des forces anti patriotiques, qui ont instauré la violence d’Etat.

Seul le retour massif des masses populaires dans la scène politique peut permettre une forme d’équilibre des forces. Ces dernières doivent remplir  politiquement leurs devoirs citoyens, à savoir : l’inscription massive sur les listes électorales avec le retrait normal des cartes électorales, la participation aux activités des formations politiques et  leur présence massive lors des saines manifestations de revendication de l’opposition ou la société civile. Enfin une présence déterminée, des masses populaires  aux échéances politiques.     
Nous sommes responsables aujourd’hui de notre destin
_________________________________________
1-  Xavier Messe, Encore du chemin à faire. Mutations n°  3500. Lundi 07 octobre 2013. P, 3
2- Kar Marx, Contribution à la critique de l’économie politique. P-P, 19 et 20
3- Maurice Kamto, Nous avons gagné l’avenir.
4- Maurice Kamto, idem.
5- Raoul Nkuitchou Nkouatchet, Le hiatus camerounais. Mutations n° 3388. Jeudi 25 avril 2013. P, 15.


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