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François Bimogo : LES ELECTIONS LEGISLATIVES ET MUNICIPALES EN REPUBLIQUE CACAOYERE

En République Cacaoyère, on est cultivateur, buveur de vin de palme, mais aussi électeur selon la saison. Les Blancs ont leurs grandes démocraties, vieilles démocraties (démocraties séniles ?), système présidentiel, système parlementaire…

Nous aussi, on a notre démocratie cacaoyère qui a ses règles. Les Blancs, depuis que nous avons souverainement décidé que les Conférences nationales étaient « sans objet », et que nous avons achevé d’être au niveau de « Pays Pauvre Très endetté », n’arrêtent pas de dire que nos règles démocratiques cacaoyères ne sont pas propres. Nous on leur répond, que de bonnes règles n’ont jamais été propres, les bonnes règles  sont faites pour régler nos problèmes de République Cacaoyère. On a préféré une démocratie puérile (jeune, apaisée ?) à des démocraties séniles des occidentaux. Donc, nous on garde nos règles un point c’et tout !
Ainsi, nous, cultivateurs de cacao, sommes donc allés voter nos 316 maires et 180 députés avec nos propres règles.

Règle numéro 1 de nos élections : On donne tout l’argent du financement public des partis après la proclamation des résultats. C’est-a-dire on donne tout l’argent nécessaire pour gagner les élections quand les élections sont déjà terminées. Un peu comme si on donnait à la mariée sa robe de mariage le lendemain du mariage, ou qu’on donnait une cuillère à soupe quand le bol de soupe a été vidé  à la fin du repas.

Cette règle a pourtant deux avantages au moins : elle évite que les partis n’achètent des électeurs, et elle évite des éclats de voix après les résultats. On sait qu’en République Cacaoyère, une bouche pleine d’argent ne parle pas, de peur de perdre son argent. Du coup, chez nous en République Cacaoyère, il y a la paix « avant, pendant et après les élections ». En fait il y a la paix partout, les arbres poussent en paix, les oiseaux chantent en paix, les taxis et moto-taxis conduisent à gauche en paix, on pisse en paix devant les bars, même les moutons se baladent en paix au centre-ville de notre capitale…Bon revenons aux règles de nos élections.

Règle numéro 2 : Zéro tendances des résultats du vote après les élections. En République Charcutière de France, avec 44 millions d’électeurs, on connait les résultats des élections quelques heures après le vote ; chez nous en République Cacaoyère, avec 5 millions d’électeurs, il faut attendre quelques jours ou quelques semaines. Pourquoi on ne veut pas de tendances ? C’est pour la bonne raison que nous, cultivateurs de cacao, on aime danser. Même à l’église, on danse, même aux enterrements ; on danse partout. Et une tendance, ça peut vite faire danser les militants des partis avant les résultats. Donc zéro tendance, zéro danse.

Règle numéro 3 : Zéro  candidats indépendants. Oui, pour être candidat à une élection en République Cacaoyère, il faut être dans un parti politique, cela évite d’avoir des maires indépendants. Un maire ou un député indépendant, c’est un danger pour notre démocratie cacaoyère : il risque de refuser de dormir à l’Assemblée nationale lorsqu’on vote la loi des finances, il risque de refuser de célébrer les mariages polygamiques à la mairie, bref il serait comme une chèvre qui n’est pas attachée, or en République Cacaoyère, la chèvre doit être attachée (par son parti) pour brouter là où elle est attachée.

Avec ces trois règles, les élections se passent toujours bien chez nous en République Cacaoyère. C’est-à-dire que chacun des partis broute là où il est attaché, et laisse les autres chèvres, ou les autres troupeaux de chèvres brouter là où ils sont attachés !

Peut-on parler d’élections sans parler d’électeurs ?  Le cultivateur de cacao, est quelqu’un d’un peu spécial, il est atteint en ce qui concerne les élections,  de deux maladies qui sont à la fois mentalement contagieuses, ethniquement transmissibles et socialement compatibles : c’est le SYDES et la schizophrénie électorale.


Le SYDES, c’est ce que les Blancs appellent joliment le SYndrome DE Stokholm.  Le syndrome de Stockholm, c’est quand quelqu’un fait ami ami avec quelqu’un qui le maltraite. L’électeur de la République Cacaoyère, tu l’entends enguirlander ses élus locaux à longueur de médias, dans les rues, les marchés, les églises, les bureaux… il se plaint du chômage, des ordures qui trainent dans les quartiers, des embouteillages, du manque d’eau et d’électricité, des hôpitaux-cimetières.  Il dit que la faute au maire ou au député. Mais le jour du vote, le même cultivateur de cacao va voter son bourreau de maire ou de député. Il se plaint qu’il gère mal la mairie ou ne fait pas bien son travail de député, mais miracle ! le jour du  vote, il vote le même maire… c’est ça le syndrome de Stockholm.

L’électeur en République Cacaoyère, il est aussi atteint de schizophrénie électorale. La schizophrénie, c’est quand deux esprits différents font ami ami dans le corps d’une même personne. Le schizophrène te dit une chose, et la minute d’après, il fait le contraire. L’électeur en République Cacaoyère, il te dit qu’il est contre le tribalisme, le népotisme, mais le jour du vote, quand il est seul dans l’isoloir devant les bulletins de vote, il va choisir le frère de son village, ou le membre de sa famille. Quand il sort, il te dira qu’il a voté le « mérite, la compétence, les valeurs, l’intégrité, le courage »…Que de jolis mots et principes.

Et comme l’électeur schizophrène refuse d’accepter qu’il est malade, et qu’il est tribaliste, il te dira que c’est toi qui est tribaliste, parce que tu vois le tribalisme partout. Pour te mener en bateau, il va te dire que cultivateurs de cacao de différentes ethnies se marient entre eux et font de beaux bébés qui font ami ami avec des enfants d’autres ethnies.


Malgré tout cela, ou plutôt à cause de tout cela, notre démocratie cacaoyère se porte bien. ça nous évite d’avoir comme Barack Obama des blocages des salaires de fonctionnaires parce qu’il y a trop d’opposants républicains au Parlement qui bloquent les comptes d’un Etat. ça nous évite d’avoir des élections trop contestés parce qu’il y a eu trop de tendances (n’est-ce pas Laurent Gbagbo). ça évite enfin d’avoir trop de députés intelligents et indépendants qui pourraient paralyser l’Assemblée nationale.
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