Ils sont les plus nombreux à l’Assemblée nationale, ils sont aussi les plus nombreux au sein du bureau de la chambre basse, ils sont pour la majorité encore dans leurs bases respectives où, ils ont replié pour briller de mille feux à la faveur de la célébration hier, des 29 ans d’existence de leur parti le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Mais en fait le gros des députés du Rdpc, ont le corps dans leurs bastions, la tête et le cœur à l’hémicycle. Il en est aussi de la majorité des députés, élus sous les oripeaux des partis de l’opposition. Principale pomme de discorde, la mauvaise répartition des quatre milliards Fcfa, mis à disposition au début du mois de mars 2014, par le ministère des Finances, en direction du service comptable de l’Assemblée nationale. A l’origine, la mirobolante cagnotte financière, concédée à Cavaye Yeguie Djibril et ses collègues députés, pour répondre aux doléances en termes d’attribution des crédits de véhicules dans la mesure du possible, à l’effet de subvenir aux nécessités prioritaires et expresses de l’Assemblée nationale.
«Scandale financier » pour certains, « raid financier doublé d’un apartheid entre les députés» pour d’autres, la répartition de l’enveloppe est au centre d’une controverse qui divise les élus du peuple. «Il est anormal qu’au simple prétexte qu’ils sont membres du bureau, 23 députés sur 180, se partagent 2 milliards 500 millions (la part du lion) d’indemnités contre 1 milliard 500 millions (la potion congrue) pour 157 autres députés. Une telle répartition, montre le décalage qu’il y a dans le concept de député ordinaire et député extraordinaire» dénonce un député. A titre d’illustration, chacun des 12 secrétaires du bureau, recevra 45 millions pour l’achat d’un véhicule ; 50 millions pour chacun des quatre questeurs ; 65 millions pour le 1er vice président et 60 millions pour chacun des cinq vice-présidents. Le « roi » Cavaye Yeguie Djibril à lui seul, par ses fonctions de Pan, s’octroie une rondelette somme de 80 millions Fcfa. Ce qui agace les élus de la nation et déclenche un vent de mécontentement généralisé, porte sur les avantages et privilèges concédés aux fonctionnaires de l’Assemblée nationale, au motif des dispositions du règlement intérieur de juin 1973 qui stipule que ces derniers, ont droit à certains avantages. A la différence des « simples » députés, le Sg, ses deux adjoints, le directeur du cabinet du Pan et son adjoint, le conseiller du Pan, sont logés à meilleure enseigne. Ils bénéficient des traitements de faveur grâce à des dotations véhicules qui oscillent entre 50 et 70 millions pour chacun.
Menu fretin pour les autres
Il n’y a pas que les disproportions en termes d’indemnités véhicules, qui fâchent et indignent les autres 157 députés qui, à les croire, n’ont droit chacun, qu’à une modeste et «minable» somme de 10 millions ; insuffisant, pour acheter une bonne voiture. En plus de percevoir des indemnités faramineuses au titre de crédits véhicules, les 23 membres du bureau de l’Assemblée nationale (dont l’appétit du clinquant et du lucre, est grandissant au point de friser la démesure), ont décidé également de s’octroyer chacun 12 millions pour leur hôtel particulier et l’achat des meubles. «Tout cela est exorbitant ; lorsqu’on sait qu’au début de chaque législature, l’Assemblée nationale se dote généralement des grosses cylindrées, pour ses questeurs, les vice- présidents et les directeurs. Et même que ces derniers bénéficient de la gratuité du logement au centre administratif. De telles disparités et les injustices entre les députés trop spéciaux dans leur traitement et les 157 autres, sont choquantes et révoltantes» conteste un député.
Le plus grave dans ce scandale financier, relève des doublons et cumuls. A titre d’illustration, des membres du bureau fortement déjà engraissés par des indemnités, mais qui se bousculent encore à grappiller la modeste récompense concédée aux membres de la très convoitée commission des finances. Comme tous les autres membres de la commission des finances, ils se battent pour percevoir chaque fin d’année, après la session consacrée au vote du budget, des primes spéciales qui oscillent entre 07 et 10 millions. Etre député, membre du bureau, nourrit décidément l’élu de la nation. L’on est surpris de constater que les députés, élus sous le sceau des partis de l’opposition, plus prompts à claquer la porte quand il faut jouer au «spectaculaire » ou quand il faut jeter de la poudre aux yeux du «peuple-spectateur », restent muets dans leur coin. Vous avez dit que «la bouche qui mange, ne parle pas !»…
Aux dernières nouvelles, des voix s’élèvent au sein de la communauté des députés victimes d’injustices; ils comptent contester et manifester leur ras-le-bol, pour obtenir l’augmentation de leurs indemnités. La suite de la session, après la trêve de la célébration de l’an 29 du Rdpc, s’annonce houleuse.
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