La liste est longue : Charles Ateba Eyene, Pius Ottou, Abel Eyinga, etc. Depuis le début de l’année 2014, des personnalités politique et intellectuelle quittent la scène médiatique camerounaise. Évidemment on peut épiloguer, comme beaucoup le font actuellement, sur les raisons de « crimes d’État » pouvant justifier les départs, parfois très tôt, de ceux-là qui gagnaient l’assentiment des masses.
Cependant, pour savoir raison garder, il vaut mieux se fier à ce qui saute aux yeux. Toutes ces personnalités ont pour dénominateur commun, leur disparition tragique dans les établissements hospitaliers du Cameroun. On oublie rapidement de se rappeler l’état piteux de ces derniers qui manquent de matériels les plus élémentaires et qui, par ce fait, pourraient justifier l’impossibilité, au quotidien, de sauver des vies.
Ce sous-équipement, ajouté à l’amateurisme qui caractérise le personnel dont on connait le mode de recrutement népotiste, ne sauraient augurer une prise en charge professionnelle et optimale des patients qui y défilent. Du coup, l’hôpital camerounais devient le lieu, non pas de sauvegarde de la vie, mais de précipitation du patient à la mort.
La bonne question à se poser n’est donc pas de savoir qui a liquider ces grands noms des milieux intellectuels camerounais mais plutôt, combien d’anonymes décèdent dans nos hôpitaux sans que l’on ne s’en émeuve ?
Effectivement, les décès des grands esprits comme Ateba Eyene ou Pius Ottou font échos parce que ce sont des personnalités fortement médiatisées et donc populaires. Ce qui fait que le lieu de leur mort rappelle que s’ils avaient été évacués en Europe, peut-être qu’on en serait pas là. Doit-on toujours, plus de 54 ans après les indépendances, continuer de sauver des vies à l’étranger parce qu’au niveau national on continue d’être incapable de soutenir une simple infection pulmonaire, une insuffisance rénale, un paludisme mal diagnostiqué ?
Il va sans dire que la réponse est non ! Si tel est le cas, imaginons donc qu’il existe chaque jour dans les hôpitaux camerounais une vraie industrie de la mort qui fait perdre au pays tout entier des citoyens valeureux et pouvant contribuer à son essor. Combien d’Ateba Eyene, de Pius Ottou ou d’Abel Eyinga sont perdus à chaque fois qu’il manque de médecins compétents ou de matériels conséquents ?
Quel est ce pays qui ne s’offre pas le luxe de préserver la santé de ses fils alors qu’il se convainc une certaine émergence à venir ? Est-ce avec des cadavres qu’on travaille à relever le PIB, à atteindre le taux de croissance à deux chiffres ou à assurer la relève ?
Dès lors, il importe de revenir à l’essentiel : quelle est la vocation des hôpitaux camerounais ? Être malade au Cameroun est-il encore rassurant ? L’extraversion sanitaire est-elle à la bourse de tous ? Puisqu’il est difficile de répondre à cette dernière question par l’affirmative, ne sommes-nous pas là dans une situation où ce sont ENCORE certains (profiteurs du régime) qui ont le droit à la vie ?
Si l’on convient de ce que les décès de Pius Ottou, d’Ateba Eyene et des autres constituent de grosses pertes pour le Cameroun, alors, l’urgence d’assainir les milieux hospitaliers s’impose.
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