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LAZARE SOUB : L’HOMME QUI VEUT RÉDUIRE LE SALAIRE DE CAVAYE par William Bayiha

L’unique député Mrc à l’Assemblée nationale est à la tête du mouvement qui a ébruité le régime des avantages «exorbitants» des membres du bureau de la chambre. Une action qui le (re) met sous le feu des projecteurs ! Portrait.
Lazare Soub est arrivé à Ngoa Ekelle grâce aux idées de l’opposition, il compte y laisser sa marque en dénonçant les travers du pouvoir. La récente actualité dans les couloirs de l’Assemblée nationale indique que ce sont les membres du bureau de la chambre qui vont payer les premiers, les frais de leur travers. Contrairement à ses autres collègues, le nouvel élu ne s’entoure pas de circonlocutions pour revendiquer la paternité des courriers de dénonciation adressés aux responsables politiques de l’Assemblée, du gouvernement et de la République. En évoquant ces faits, il parle avec mesure et simplicité. Mais il est résolu.

Avec ses collègues de l’Union des populations du Cameroun  et du Mouvement pour la défense de la République, ils se sont étonnés du décalage entre le «reste» des députés et les membres du bureau. «Je ne dis pas que tous les députés doivent être logés à la même enseigne, commence-t-il. Mais comment pouvez-vous expliquer que le président s’arroge 80 millions de francs et ne laisse que 08 millions à certains députés ?» En posant cette question, l’élu du Wouri Est entend dénoncer une situation qui pourrit les relations entre députés à l’hémicycle depuis de nombreuses années. Une situation que personne jusque-là n’osait dénoncer, «sous couvert de la discipline du parti, sourit-il. Moi j’ai quelle discipline à respecter ?»
Même s’il assure n’avoir aucune nouvelle officielle de la suite de la réclamation qu’il a instigué, il reste que si les suppositions d’un éventuel rééquilibrage du régime des avantages de l’ensemble des 179 députés s’avèrent fondées, la première action de M. Soub à l’Assemblée nationale six mois après son élection serait un succès. Un succès d’autant plus éclatant qu’il devrait être le début de la fin de l’ère de la discrétion financière à laquelle semble habituée la hiérarchie de la chambre basse du parlement.
Malgré cette perspective qui se profile à l’horizon, l’homme politique de 63 ans ne laisse transparaître aucune fierté quand il doit rendre compte du coup d’éclat politico-médiatique que son activisme a suscité pendant toute la semaine qui se termine. L’élu du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) du Wouri Est dit être le premier surpris par la publication des informations contenues dans la correspondance qu’il a initiée pour dénoncer la politique du deux poids deux mesures dans la chambre des députés. «Je ne suis pas venu faire du sensationnel à l’Assemblée nationale, martèle-t-il. Je suis là pour défendre un principe». Dénoncer les abus où qu’ils se trouvent. L’hémicycle ne fait pas exception en la matière.

L’impétueux

L’homme qui reçoit le reporter de La Nouvelle Expression ce 27 mars 2014 dans sa chambre à l’Hôtel des députés a le souci de montrer qu’il n’a rien à cacher, à titre personnel. Lorsqu’il accepte de fondre son parti – Parti du peuple démocrate – au sein du Mrc en octobre 2012, il dit vouloir apporter au projet de Maurice Kamto, sa longue expérience politique glanée sur le terrain au moins depuis 1990. Le parcours politique de Lazare Soub est en effet à l’image de l’évolution des partis d’opposition des années de braise à aujourd’hui.
Militant de la première heure du Social democratic Front (Sdf), l’homme va conduire une liste aux municipales de 1996 dans la commune de Ndogbong à Douala 3e. Malgré son élection au poste de maire, il va entrer en conflit avec les responsables du parti social démocrate – Dr Lionel Djakwa d’abord, le chairman John Fru Ndi ensuite – qui lui auraient clairement fait comprendre que son statut d’allogène – il est originaire de l’Ouest – est incompatible avec la fonction d’édile dans une commune classée Bakoko. Dans la foulée, il sera frappé de l’article 8.2 ainsi que nombre de ses proches. Il raconte que les coups ont volé tellement bas contre lui que la seule condition que la hiérarchie du Sdf posa lorsqu’elle fut approchée pour proposer des grands conseillers à la Communauté urbaine de Douala fut d’obtenir son départ de la tête de la mairie de Douala 3e. Face à la puissance administrative, le maire déchu va multiplier les démarches administratives pour rentrer dans son bon droit. Il aura raison au tribunal, mais pas sur le terrain.
Poussé à la porte du Sdf, celui qui dans la vie quotidienne revendique le métier de couturier malgré une formation parallèle en comptabilité et en études juridiques (en cours du soir) crée son propre parti politique dès le 13 mars 1997. Le candidat du Parti du Peuple démocrate (Ppd)  Albert Dzongang sera quatrième aux élections présidentielles, des élections boycottées par le Sdf et l’Undp notamment. M. Dzongang va tenter de rejoindre le gouvernement sans l’assentiment du parti, au moment où la plupart des partis politiques, anciennement de l’opposition s’affairent pour rejoindre le pouvoir. Mais Soub s’oppose.
L’initiative de l’ancien candidat Dzongang va se répercuter tout au long de la décennie 2000, se plaint-il. Puisque toutes les tentatives de fédération des partis d’opposition vont mettre en évidence «l’égoïsme, l’ignorance et la gourmandise» des leaders. Mais sa dernière négociation avec Maurice Kamto semble avoir marché. Il en veut pour preuve sa présence à l’Assemblée nationale. Après une campagne de cinq mois, sa circonscription électorale a également pu offrir sept conseillers municipaux au plus jeune parti politique du Cameroun.

Le seul opposant de l’hémicycle

Lorsqu’il revient sur son parcours, Lazare Soub laisse transparaître entre les lignes une constance. Il est un homme politique aguerri qui n’a pas eu besoin d’ascenseur pour être député. Il assure n’avoir aucune envie de collaborer avec le gouvernement quelque soit le cas. «Qu’ont apporté les gens qui sont entrés dans le gouvernement ? S’énerve l’élu lorsqu’on évoque cette éventualité. Le pouvoir est régi par une ligne indéfectible : le néocolonialisme. Il faut combattre ce système jusqu’à ce qu’il tombe». Aussi ses options assure-t-il, sont nourries par des convictions qu’aucune négociation ne pourra ébranler. Son point de vue prospectif et conditionnel sur l’éventualité de la modification de la Constitution  pour instaurer un poste de vice-président est éloquent.
«Par le passé, il y avait un poste de vice-président au Cameroun dans un contexte de République fédérale. Aujourd’hui selon les usages nationaux, ce vice-président devra forcément être anglophone si le président est francophone et inversement, explique-t-il. Ceci dit le vice-président de la République ne saurait être nommé. Il doit être colistier du président lors d’élections anticipées ou de fin de mandat».  En admettant que le gouvernement se décide à déposer ce projet de loi, L. Soub indique qu’il va s’y opposer à moins qu’il respecte les principes édictés ci-dessus.
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