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Lettre offerte à la femme qui ne m'a pas aimé par Edkin

(Avec la collaboration posthume de Senghor, Césaire et les autres)

Tu seras à l’honneur ce week-end. Tu te rependras, jupes en folie sur les rues et les avenues, les bars et les tripots. Tu seras l’objet de convoitises et de bla-bla des corps constitués. Aux vêpres, on te retrouvera non dans les prieurés pour bénir le Seigneur, mais dans les chapelles closes où se fomente le péché. Femme nue, femme moirée, vêtue de ta couleur qui est vide, de ta forme qui est beauté, femme-liane, femme en ligne de mire, mais aussi brave femme de mère qui me laissa seul au milieu de l'océan, pour féconder d'autres rives. Femme d'hier aux pieds nus, femme d'aujourd'hui aux talons aiguilles, femme toujours femme sur le promontoire de l'homme, femme voilée, femme-voyelle de toutes les consonnes entendues, je te découvre, Terre conquise, loin du temps qu’emporte le vent.


Femme nue, femme obscure des ‘kabas’ soulevés aux quatre vents de la concupiscence, fruits éclatés à la chair triste quand on a lu tous les livres et que le jour se lève de fatigue accablé. Femme extase du vin amer, bouche qui fait lyrique mon orgueil d'homme, que nul texte ne protège du mensonge et des charmes vénéneux.
Femme-faucille, femme tactile, femme fanée des soirs de beuverie au coin de la rue Mermoz, lorsque les patrouilles de nuit se font plonger dans la vanité. Femme-forage ô femme profonde, femme frémissante aux caresses ferventes du vin, se baignant de vent et de soleil. Femme qui bande mes muscles, couchée au flanc du scribe pour féconder la muse, femme du 8 mars qui s’offre des hosties d'ombres quand les chansons se changent en prière, femme fragile, femme-famine, femme bantoue au nez épaté, à la croupe relevée et soutenue, femme- huile que ne ride nul souffle, femme poreuse à tous vents, les veines sont translucides sur le jaune de ta peau décapée.

Femme nue tirée de ma côte angoissée, femme-cendres qui nourrit les racines de la vie, Eve au vent de la chute, femme d’Eden, femme de Sodome, mais femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, qui nourrit la connerie humaine, femme-défilé sur la place du 20 mai, du premier janvier 1960, du 28 février 2008.
Femme partenaire, femme des cinquantenaires, ô femme du presbytère quand les secrets des alcôves se répandent sur la rue publique, je t’attendrai après minuit, quand s’estompe la débauche d’une journée de folie. Je t’attendrai si longtemps, toujours…J’attendrais que la femme-pagne se rhabille, après les volutes de fumée et les relents d’alcool. Je t’attendrai sur le quai d’une gare, quand le train siffle trois fois. Je t’attendrai au lever du jour, quand on viendra te chercher au bord du caniveau. J’attendrais que le fleuve angoissé quitte le lit de ton regard, pour m’approcher de ton mystère. Femme des chants, femme de ville, femme-luth couchée auprès de Booz endormi, quand la légende du siècle n’avait pas l’âge d’aujourd’hui. Femme à la porte entrebâillée… une race y monte comme une longue chaîne… Un roi chante en bas, en haut mourre un dieu…

Quand on est jeune, on a des matins triomphants…

Le jour sort de la nuit comme d'une victoire… Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle…Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala… Et naissent odes. Et débordent sentences sacramentaires à l’entrejambe de la rue publique ! Ici ou dans des cafés s’essoufflent des verres à moitié pleins autour de buveurs en cage. Viendras-tu écrire amour sur le sentier de lumière ? Farce mélancolique et langoureux vestige… Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige... C’est un cœur qui hait le néant tendre et noir. C’est un cœur de papier dans un cœur de femme que je laisserai volontiers tomber, pour ne pas succomber à la damnation. Mais comment t’oublier ?
Comment tirer de ton pagne une couverture pour mes jours sombres ? Comment te dire ma douleur d’être et de naitre une autre fois, dans le sein qui m’a maudit ? Femme salée des fleuves ensablés, femme-fièvre, femme-pieuvre, femme-fiel au regard revolver, femme de mangroves qui hante mon rêve éveillé. Femme qui allonge mes maux et prolonge mes péchés. Chair de ma chair souillée sur ce jardin qu’on appelait la terre. Femme lit de mousse pour faire l’amour, magnifier l’absente, dormir au clair de lune d’où je viens. Femme qui caporalise mon temps comme un jour sans pain, femme câline d’une nuit de Chine, nuit d’encre par temps d’orage, de rage et de désespoir. Femme ! Quel temps fera-t-il demain, après cette journée de libertinage, comme une chevauchée fantasmagorique au creux de mon dire matutinal ?

Femme blasphème qui fait lyrique ma bourse, femme encensoir où brûle l’encens du soir, je te salue femme, au creux de l’oreille, là où se cultive la subversion. Je te salue statue de ma vie compromise, je te salue d’un sourire coincé, comme un mal nécessaire, un besoin par défaut, un clapotis furtif sur l’onde, un tambourin qui tambourine.

Je te salue comme une guitare sèche à deux cordes, c’est le chant du corps au fond des bois. Je te salue comme un robinet qui fuit, un silence à l’allongée de ta présence, avec mes mains décharnées, ma bouche pleine de fiel ; avec mon cœur qui fait des ratés, quand silence se fait dévorant. Je te salue, toi que je songeais femme soumise, enveloppée de notre amour qui est vie, quand mes doigts dessinaient l’ombre de ton corps avec l’encre de mon cœur.

Toi que je rêvais serrée dans mes bras, blottie au creux de ma joie, écrivant à deux mains les pages hachurées de notre vie. Viendras-tu d’une autre rive ? Jailliras-tu, dégoulinante d’eau sanctificatrice, du banc des sirènes que je pressens vide, désespérément ? Viendras-tu des matins menteurs ? Du chant des piroguiers, flottant sur l’onde vide et vague d’où jaillit la lumière ? D’où naîtras-tu, toi que j’attends, Eve recréé au saut du lit, pour enjamber ensemble, du rêve à la réalité, l’espace virtuel qui sépare l’homme de Dieu ?
Bon mercredi et à mercredi

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