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AVRIL 2011 - AVRIL 2014, 3 ANS APRÈS LA CRISE POSTÉLECTORALE : ce qu'il faut retenir de la chutte de Laurent Gbagbo par J.C.C

Les 100 jours avant la chute de Laurent Gbagbo.« Laurent Gbagbo tombera comme un fruit mûr ». Cette phrase du président Alassane Ouattara au plus fort de la crise postélectorale s’est réalisée telle que prédite. Comme si le vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 était dans le secret des dieux. Laurent Gbagbo, après plusieurs semaines de résistance, a fini par être capturé le 11 avril 2011. A 72 heures de la date anniversaire de cette capture, Le Patriote revient  sur les 100 jours qui ont précédé la chute de celui qu’on appelle « le Machiavel des lagunes ». Gbagbo Golf:Camer.be


Début de la crise. Tout commence le 28 novembre 2010, au soir du second tour de l’élection présidentielle. Les bureaux de vote viennent à peine de fermer. De folles rumeurs circulent. Elles ne sont pas bonnes pour le camp présidentiel. « Le RHDP vient en tête du dépouillement électoral dans la plupart des régions de la Côte d’Ivoire », révèlent certains observateurs. Mais déjà, des nouvelles les plus alarmantes qu’inquiétantes, font savoir que le président Laurent Gbagbo et son camp entendent contester les résultats du scrutin. Après les témoignages de plusieurs élus et cadres  à la RTI devant les bureaux de vote dans les régions du Nord, dans la matinée, sur le bon déroulement du scrutin, le FPI et ses alliés dans la soirée accusent l’opposition d’avoir organisé une fraude à grande échelle et empêché ses partisans de voter au Nord. Le lendemain au siège du RDR, au cours d’une conférence de presse, Marcel Amon Tanoh, l’un des directeurs de campagne du candidat du RHDP, dément l’information et accuse plutôt le camp LMP d’avoir utilisé la stratégie de la terreur pour obliger les électeurs de l’opposition à rester chez eux.

Décembre : une crise en gestation
Le même jour dans la matinée, sur les antennes de RFI, le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan donne le ton. « Nous allons faire annuler les résultats dans le Nord du pays », tonne-t-il en direct au cours de la célèbre émission de Juan Gomez appels sur l’actualité. A partir de ce moment, le FPI et ses satellites qui connaissent la vérité des urnes déploient tous les moyens pour empêcher la Commission électorale indépendante (CEI) de proclamer les résultats.
Le 1er décembre, en pleine proclamation des résultats, le porte-parole de l’institution Bamba Yacouba est interrompu devant les cameras de la presse nationale et internationale. « Mon frère, laisse ça ! », lance l’un des représentants du FPI à la CEI, Damana Pickass, qui déchire devant des journalistes médusés, la compilation des procès-verbaux des bureaux de vote. Le plan de confiscation du pouvoir est en marche. L’opération « on gagne ou gagne » est à son début.
Le 2 décembre. En dépit de la pression terrible du FPI, le président de la Commission électorale indépendante, pour des raisons de sécurité, proclame, au cours d’un point de presse, les résultats au Golf hôtel et annonce la victoire du candidat du RHDP, le Dr Alassane Ouattara à 54,1% des suffrages exprimés contre 45,9% pour le candidat de la LMP, Laurent Gbagbo. Mais quelques minutes avant cette proclamation, le Conseil constitutionnel annonce qu’il est désormais le seul habilité à donner les résultats du scrutin. Prétextant que les trois jours impartis à la CEI pour donner les résultats étant expirés. Le lendemain, Paul Yao N’Dré, président du Conseil constitutionnel, déclare Laurent Gbagbo vainqueur de l’élection présidentielle à 51,45% des voix, après avoir annulé les résultats dans 7 départements au Nord où les électeurs ont largement voté pour le candidat de l’opposition. Quelques minutes après sa déclaration, le certificateur de l’élection, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Yung Jim Choi, intervient. « Les résultats qui viennent d’être donnés ne reflètent pas la réalité. Les résultats donnés par la Commission électorale indépendante sont plus proches de ceux obtenus par la certification. Et même si on s’en tient aux résultats donnés tout à l’heure, le vainqueur reste toujours le candidat de l’opposition », tranche-t-il. Pour la certification, les choses sont donc claires. Le Dr Alassane Ouattara est le vrai vainqueur du scrutin. Aussitôt, l’Union européenne, la France et les Etats-Unis reconnaissent la victoire du candidat du RHDP et demandent à Laurent Gbagbo de s’incliner. Mais le lendemain, le 4 décembre, Laurent Gbagbo réplique par une cérémonie de prestation de serment au Palais présidentiel. Au Golf hôtel, le nouveau président élu, Alassane Ouattara prête serment « en qualité de président » et reconduit Guillaume Soro comme Premier ministre. 
Le 7 décembre. La communauté africaine se mobilise en faveur du président élu. La CEDEAO suspend la Côte d’Ivoire et demande à Laurent Gbagbo de « rendre le pouvoir ». L’organisation sous-régionale est suivie par l’Union africaine qui lui demande de reconnaitre la victoire du président Ouattara. Nonobstant, l’unanimité de la communauté internationale sur la question, Laurent Gbagbo se braque et refuse de céder le pouvoir. 
Le 16 décembre, le Premier ministre Guillaume Soro, excédé par les tergiversations du président, décide d’organiser une marche sur la RTI. La marche est durement réprimée. Et dénombre plus de 60 morts dans les rangs des militants du RHDP. Le Golf hôtel, QG du président Ouattara pour la circonstance, est soumis à un blocus. Le 18 décembre, Laurent Gbagbo exige le départ de l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et de la Licorne. 
Le 24 décembre, la CEDEAO hausse le ton et menace d’user de la force pour chasser Gbagbo. La crise entre dans sa phase active. 
Entre sanctions économiques et ballet diplomatique
Face à l’entêtement de Laurent Gbagbo, les premières sanctions ne tardent pas à tomber. Le 6 janvier 2011, Washington décide de geler les avoirs du candidat de LMP. Mais rien ne semble ramener Gbagbo à la raison. A partir du 18 janvier, plusieurs agressions sont perpétrées contre les patrouilles et les agents de l’ONUCI. Dans cette période, un soldat nigérien du nom de Idy Mamoudou est intercepté à un barrage, puis retrouvé assassiné. Sa compagne, Yolande Gossé, quant  à elle, est violée par des miliciens sous le regard du capitaine Sehaet Dogohouo Roland et du sous-lieutenant Krakpa Kouakou Emmanuel. Une affaire qui a été jugé au tribunal militaire d’Abidjan en décembre 2012 grâce au témoignage de Mlle Gossé. Face à cette montée de la violence, l’ONU décide le 19 janvier d’envoyer 2000 hommes supplémentaires. Le 28 janvier 2011, sur demande de Laurent Gbagbo, l’Union africaine met en place un Panel de chefs d’Etat sur la crise. Le 2 février, l’Union européenne agrandi son éventail de personnes à sanctionner dans le camp pro-Gbagbo. Dans la foulée, la commission compensatoire au niveau du système bancaire est supprimée. Face à cette mesure et devant la rupture de la BCEAO d’avec les autorités d’Abidjan, les banques commerciales internationales décident de fermer. En réponse de ces décisions, Laurent Gbagbo « nationalise » les filiales des banques françaises. 
Le 19 février, la violence prend de l’ampleur dans les rues d’Abidjan. Les 21 et 22 février, quatre chefs d’Etat du Panel viennent à Abidjan. Le président Blaise Compaoré, le cinquième chef d’Etat préfère ne pas effectuer le déplacement. «  Pour nous, Blaise Compaoré doit être récusé et nous le récusons. Et il n’est pas le bienvenu en Côte d’Ivoire. Il est un danger pour la sous-région. C’est lui qui a déstabilisé la Sierra-Léone, le Libéria », avait lancé Charles Blé Goudé, la veille. Le 25 février, le leader des « jeunes patriotes » lance un appel radiotélévisé qui plonge la Côte d’Ivoire davantage dans la violence. « Je vous donne un ordre qui doit être appliqué dans tous les quartiers. Vous devez occuper les points de contrôle pour surveiller les allers et venues et dénoncer tout étranger qui y rentre. Surveiller vos voisins », commande-t-il. Le lendemain, plusieurs personnes sont suppliciées au feu à Yopougon et dans d’autres quartiers d’Abidjan. Début mars, le camp Ouattara suspend les exportations dans les deux ports d’Abidjan et de San Pedro. Le 3 mars, 7 femmes sont tuées à l’arme lourde au cours d’une marche pacifique par une patrouille pro-Gbagbo. L’acte soulève une vague d’indignations au plan national et international. Le président américain Barack Obama parle de « faillite morale » des refondateurs. Le 7 mars 2011, Laurent Gbagbo décrète le contrôle par l’Etat de l’achat et de l’exportation du cacao, puis demande aux multinationales de prolonger leurs exportations. Mais le  président Ouattara prolonge la suspension des exportations.
Le Panel des chefs d’Etat de l’Union africaine rend ses conclusions le 8 mars. Le 10 mars, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine rend son verdict. « Alassane Ouattara est le président élu de la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo doit veiller à ce que la passation de pouvoir se fasse en douceur », conseille l’organisation panafricaine.
Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello, annonce que l’ex-chef de l’Etat fera une déclaration dans la soirée. Mais rien. La voie diplomatique a échoué. La crise prend une pente dangereuse. Après une dernière tentative de médiation avortée, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire engagent une offensive le 28 mars. C’est le début du conflit armé. En quatre jours,  les FRCI prennent le contrôle de la quasi-totalité du pays à l’exception d’Abidjan. Le 31 mars, les FRCI entrent dans Abidjan et engagent le combat avec les forces militaires restées fidèles à Laurent Gbagbo. Le 3 avril, pendant que la bataille fait rage dans les rues d’Abidjan, la Licorne et les forces onusiennes prennent le contrôlent de l’aéroport. Le lendemain, c’est le début des bombardements aériens de l’ONUCI et de l’armée française sur le camp d’Akouédo et la destruction des armes lourdes stockées à la résidence de Laurent  Gbagbo et au Palais présidentiel. Le 4 avril, le bruit court que Laurent Gbagbo veut signer sa reddition. Mais cette information est vite démentie par son entourage. Dans l’après-midi, un commando d’une quinzaine d’hommes armés fait irruption dans l’enceinte du Novotel au Plateau. Il s’empare de Yves Lambelin, le président de SIFCA, de son adjoint le Béninois Raoul Adéossi, du Malaisien Chelliah Pandian, directeur d’une filiale de SIFCA et de Stéphane Frantz Di Rippel, le directeur général de l’hôtel. Ils seront conduits au Palais présidentiel, torturés puis exécutés. 

Début du conflit armé

Dans la soirée même, le candidat malheureux de l’élection présidentielle de 2010 accorde une interview à la chaine de télévision française LCI. "Ouattara n'a pas gagné les élections", déclare  le Président sortant. « Je réclame la vérité des urnes. Je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie », se défend-il. « Je ne souhaite pas la mort, ce n'est pas mon objectif, mourir », conclut-il. Le 5 avril, les FRCI lancent un assaut sur sa résidence. Un cessez-le-feu est demandé entre-temps par le général Philippe Mangou, chef d’état-major de Gbagbo pour des négociations. Mais les négociations sur la reddition de Laurent Gbagbo échouent. Les combats autour de la résidence se poursuivent. Le 8 avril, l’ambassade de France est la cible de deux tirs de mortiers et d’un tir de roquette pour la deuxième fois en moins de 48 heures. Trop, c’est trop. Jean-Marc Simon, l’ambassadeur de France menace : « la France rappelle que conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU, les Forces impartiales (mission onusienne Onuci et force française Licorne) sont en droit de mettre en oeuvre leur mandat afin de prévenir l'usage d'armes lourdes par toutes les parties du conflit ». Il est appuyé du patron de l’ONUCI dont les installations ont subi des tirs de roquettes. Le téléphone ne cesse de sonner entre Paris, New York et Abidjan. Le Conseil de sécurité se réunit rapidement. La décision est prise. Trop c’est trop, il faut agir. Le même jour dans la soirée, les hélicoptères de la force Licorne pilonnent la résidence de Laurent Gbagbo jusqu’à tard dans la nuit. Le 10 avril, les bombardements reprennent de plus belle. Ce n’était que le début de la fin pour Laurent Gbagbo.
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