Le 28 mars 2014, le défenseur des droits humains M. Musa Usman Ndamba, un défenseur des droits de la communauté Mbororo du nord-ouest du Cameroun, a comparu devant la Cour de Première Instance de Bamenda, et le procès a de nouveau été ajourné au 23 mai 2014. Entretemps, deux autres défenseurs des droits Mbororo, Messieurs Abdulkarim Shehu et Mallam Yunusa sont maintenus en détention, tandis qu'un mandat d'arrêt a été délivré à l'encontre du défenseur des droits humains M. Fon Christopher Achobang.
Musa Usman Ndamba est le vice-président de Mbororo Social and Cultural Development Association - MBOSCUDA (Association pour le développement social et culturel Mbororo). Abdulkarim Shehu est un infirmier, travaillant dans le domaine du développement social, ainsi que le fondateur et coordinateur d'Angel of Hope Foundation (Fondation de l'Ange de l'Espoir), un centre de santé qui s'adresse aux personnes souffrant de handicaps. Mallam Yunusa est un animateur de la communauté Mbororo de Banjah. Fon Christopher Achobang est un militant des droits fonciers et journaliste sympathisant de la situation des Mbororo. Depuis longtemps, les membres de la communauté et leurs défenseurs font face à un harcèlement sévère, y compris judiciaire, en raison de différends concernant leurs terres.
Le procès du 28 mars 2014 constituait la huitième audience de ce type dans le cadre du procès visant Musa Usman Ndamba; un procès initié par un riche propriétaire terrien local, Baba Ahmadou Danpullo, qui n'a jamais assisté à aucune des audiences.
Le 21 mars 2014, Abdulkarim Shehu s'est vu refuser sa libération provisoire après avoir comparu devant le Procureur suite à son arrestation, le 20 mars 2014, par la police judiciaire de Bamenda, division de Mezam. Deux mandats pour son arrestation et celle de Christopher Fon Achobang avaient été signés par le Procureur de Bamenda, division de Mezam. Deux mandats d'arrêt vierges et distincts ont été émis en même temps que ceux relatifs à l'arrestation d'Abdulkarim Shehu et de Fon Christopher Achobang, ce qui alimente la crainte qu'ils soient utilisés pour arrêter des membres de la communauté Mbororo de manière arbitraire. Mallam Yunusa a été arrêté le 19 mars 2014. Les autorités ont déclaré que ni Abdulkarim Shehu ni Mallam Yunusa ne seront libérés tant que Fon Christopher Achobang n'aura pas été arrêté.
Le 19 mars 2014, des représentants de l'Église catholique, mené par un représentant de l'Archidiocèse de Bamenda, ont dirigé un groupe de miliciens engagés pour démolir avec un bulldozer les maisons des Mbororo dans le village de Ndzah (aussi connu comme Banjah ou collines du Mamada). La communauté s'est mobilisée et a empêché la démolition d'avoir lieu. Toutefois, au cours de la confrontation, le représentant de l'archevêque et Fon Christopher Achobang ont été blessés. Suite à cet incident, auquel il n'était pas présent, Abdulkarim Shehu aurait accompagné des membres de la police sur les lieux afin de leur montrer ce qui s'était passé, et Fon Christopher Achobang a été contraint de se cacher suite aux menaces sur sa vie.
Selon les avocats de la communauté Mbororo de Banjah, l'invasion a eu lieu en dépit d'une affaire judiciaire en cours devant le tribunal administratif de Bamenda, qui a sursis à l'exécution de l'ordre relatif au terrain aujourd'hui disputé, en lien avec un avis d'expulsion contesté émis la semaine précédente. En outre, malgré le fait qu'ils avaient été alertés d'une invasion imminente, les représentants du gouvernement n'ont rien fait pour l'arrêter, en violation totale de la loi et des droits de la communauté Mbororo.
Front Line Defenders a précédemment publié un appel urgent concernant le harcèlement judiciaire en cours contre MBOSCUDA et Musa Usman Adamu, le 14 mai 2013. La Rapporteuse Spéciale de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits humains a aussi envoyé une communication sur ce cas au gouvernement camerounais.
Front Line Defenders condamne le harcèlement judiciaire continu et sévère à l'encontre des défenseurs des droits humains susnommés car il est directement lié à leur soutien des communautés Mbororo ciblées dans le nord-ouest du Cameroun.
Front Line Defenders demande instamment aux autorités du Cameroun de:
1. Assurer la libération immédiate et sans condition d'Abdulkarim Shehu et de Mallam Yunusa car ils sont détenus uniquement en lien avec leur travail légitime et pacifique en matière de défense des droits humains;
2. Cesser toutes les procédures judiciaires à l'encontre de Musa Usman Ndamba et de Fon Christopher Achobang car elles sont fondées sur leur droit légitime de défendre et de promouvoir les droits humains;
3. Mener une enquête approfondie, impartiale et immédiate sur la tentative d'expulsion et l'altercation qui a suivi dans le village de Ndzah, le 19 mars 2014, avec l'objectif de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;
4. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Cameroun, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d'opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire.
FrontLine-Defenders, Bamenda
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