C’est la fête des mères, mieux des mamans, tout le monde aimerait me voir dans les bras de ma maman, 78 ans déjà. Ce n’est pas la pudeur qui m’interdit de le faire, de vous parler de sa cuisine, de ses histoires, de ses méthodes d’enseignement quand nous étions de jeunes écoliers. Sa cuisine vit particulièrement en moi mais voilà, je n’ai pas le cœur à ces souvenirs dans un pays, le mien chaque jour un peu plus féminicide. Un nombre croissant de femmes trouve la mort au Cameroun chaque jour soit dans les violences conjugales, les viols en bandes organisées, dans des pratiques autres comme la reprise des crimes à Mimboman. Le vocabulaire avec lequel on s’adresse aux femmes s’est aussi considérablement dégradé tandis que les autorités camerounaises ont décidé de leur côté de mettre la jeune femme dans une camisole de purification, elle est ainsi livrée à la vindicte populaire parce qu’elle porte un pantalon, une jupe très proche du corps et qui montre ses formes, parce qu’elle demande l’heure ou son chemin d’une manière « séductrice ». Aujourd’hui certaines émissions de divertissement la télévision tournent en dérisions des scènes d’agression, de crime et de viol. La fête des mamans que je partage avec mes enfants pour leur mère mon épouse, mais aussi avec toute la communauté humaine, exige de moi de réclamer un plan d’action urgent contre le féminicide dans notre pays.
Il est temps de nous auto-éduquer en posant un regard différent sur nos mères, nos sœurs, nos filles et nos épouses, chaque femme est tout ceci à la fois. Je ne suis pas certain que c’est l’encadrement de la loi qui manque dans notre pays, ce qui manque c’est l’éducation, c’est le changement de regard que nous portons sur notre épouse. Mais oui il faut aussi une réelle volonté politique, il faut une réelle politique publique de lutte contre le féminicide dans notre pays. Le dire ne fait pas de moi l’homme le plus respectueux des droits de nos filles, de nos femmes, de nos sœurs, de nos mamans, non, mais le dire veut dire qu’une prise de conscience est en marche, et il est urgent qu’on s’y mette tous.
Je ne suis pas certain que les violences actuelles tirent leur origine dans nos sociétés traditionnelles, qu’est ce qui peut donc justifier que l’homme camerounais si élégant, si fier de son paraître devienne un monstre pour sa compagne ? Rien ne justifie que la femme devienne dans la société camerounaise moderne une propriété ayant une valeur marchande.
Ma mère, maman, j’ai toujours cherché ton regard, et quand je l’ai trouvé j’ai trouvé la quiétude et la paix intérieure. Toi debout la première, toi couchée la dernière, tu as fini par être femme de l’ombre, toi bébé au dos sourire aux lèvres, pagne solidement noué, tu as donné de la valeur au mot maternité quand l’âge fut venu pour moi d’être papa et époux avant. Je t’ai toujours vu grande comme une province parce que je ne pouvais pas te comparer à un pays si diversifié. Je suis persuadé qu’en chacun de nous, il y a ce regarde coquin, féminin qui sait attendrir. Bonne fête maman, douce, coquine, belle sans toi la vie est un vaste désert, un immense océan de violence. Demain en ouvrant les yeux, j’aurai encore et toujours la douce sensation que tu es passée dans ma chambre et que tu as remonté mes couverture pour me protéger contre tout.
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à lire aussi le lien ci dessous du blog cyberethno qui fait campagne contre les féminicides depuis 2011
RépondreSupprimerhttp://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/violence-feminicide-au-fer.html