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Abdoulaye Harissou, victime du complot des "anti-comploteurs" par Same Ngosso

Invraisemblable ! Aurait affirmé sans sourciller tout observateur non-averti quant à l'existence d'une police politique au Cameroun.C'est du passé ! n'aurait-il pas manqué d'ajouter. Pourtant, elle est bien là. Maintenue et encouragée par le pouvoir dit du renouveau. Même si celle-ci a su, pendant un bon moment, se montrer discrète et peu encline à des opérations spectaculaires. Mais en cette fin de règne, plus évidente chaque jour, elle a désormais du mal à se calfeutrer dans l'ombre. Tant il lui faut rasséréner les pouvoiristes cramponnés aux commandes de la République et qui peinent à envisager un seul instant le moindre changement à la tête de l'Etat.
 
Aussi comme au bon vieux temps du père Foch : elle traque, intimide, s'adonne à des écoutes téléphoniques et embastille selon son bon vouloir. Dépendant exclusivement de la présidence de la République, la DGRE (Direction Générale de la Recherche Extérieure) –c'est d'elle qu'il s'agit- ne rend compte à aucun appareil sécuritaire de l'Etat, encore moins à l'institution judiciaire.
 
Dans sa lugubre bâtisse située non loin du Lac à Yaoundé, legs de l'ancienne DIRDOC-CENER où de nombreux militants des libertés et de la démocratie ont subi de pires exactions, le personnel actuel de la DGRE croit avoir modernisé son langage. Il n'utilise plus le qualificatif " Subversif " si prisé par les sbires fochivéens. Les nouveaux maîtres des lieux préfèrent celui de " Comploteur " voire d'"Opposant". Sa clientèle d'il y a quelques temps et que constituaient en grande partie: les militants des droits de l'homme, les radicaux du SDF, de l'UPC et du MANIDEM, semble être passée de mode. Leur attention est focalisée depuis deux ans sur les proches et sympathisants de l'ancien ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya, condamné à vingt cinq ans de prison pour « complicité intellectuelle » dans l'affaire BBJ 2. Spécialement tous ceux dont les particules sont à consonance musulmane. Maître Abdoulaye Harissou en fait partie et se trouve en pôle position dans la fameuse liste dite des Marafistes que les journaux aux ordres ne cessent d'abreuver le public.
 
Notaire à la première charge de Maroua, Maître Harissou qui est l'un des plus anciens encore en activité dans cette profession a contre lui l'inconvénient majeur d'être l'ami intime et le confident du célèbre prisonnier du SED. Aussi, depuis l'arrestation de ce dernier en avril 2012, ne se passait-il pas un jour sans qu'une âme charitable ne l'informe qu'il est dans le viseur des " démineurs " de la DGRE. Son arrestation le 27 août à Maroua dans les services du gouverneur puis son transfert le même jour à Yaoundé dans les locaux de la police politique ne constituent donc pas en soi une grosse surprise pour ses amis et ses proches. Sauf pour les quelques naïfs qui s'imaginaient peut être que ces professionnels en charge de " la découverte des complots " n'iraient pas jusqu'à commettre pareille bourde. Ce qui est mal les connaître. Trouver des " comploteurs " même imaginaires et tenir ainsi en haleine les sécurocrâtes du régime relèvent de leur ADN et d'une logique de survie. Les rallonges budgétaires qui font partie de l'attrait substantiel de leur job en dépendent. Du ridicule, ils n'en ont cure. Convaincus qu'ils détiennent avec eux la force, le droit à l'arbitraire et à l'impunité, ils se fichent du qu'en dira-t-on.
 

Une surveillance assidue depuis deux ans
 
Maître Abdoulaye Harissou se savait suiviEcoutéEpié dans ses faits et gestes par des gens chargés de lui coller aux trousses. Tout cela l'amusait. Parfois le faisait rire aux éclats du fait des comportements souvent burlesques de ses " suiveurs ". Avec son franc parler habituel, son humour caustique qui ne le lâche jamais, Maître, comme l'appellent ses familiers, résumait toujours l'espionnage dont il faisait l'objet avant son arrestation en ces termes : " Ces gens sont bizarres. Ils ne se rendent pas compte que par leur attitude, ils nous font tous comprendre que la peur a changé de camp. Et tous ceux qui essayent de m'intimider pour que je quitte le pays sont les mêmes qui poussaient Marafa à s'exiler. Ce pays nous appartient tous. Si les commanditaires de ces basses œuvres pensent qu'ils vont s'en accaparer, ils se trompent. J'y suis et j'y reste ".
 
Bien que n'ayant jamais partagé les orientations Rdpécistes de son vieil ami, et au-delà de la loyauté –valeur morale très dépréciée de nos jours au Cameroun- qu'il n'a cesse de lui témoigner, Me Harissou a toujours été convaincu de l'innocence de l'ex Minatd. Au point qu'il ne s'est jamais gêné de le dire haut et fort tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Notamment à tous les forums et sommets de la Francophonie et de l'Union Africaine dans lesquels il est constamment convié vu son expertise du foncier en Afrique ; une expertise reconnue et appréciée que lui confèrent ses écrits et ses ouvrages dans ce domaine et dont l'un a été préfacé par Jacques Chirac.
 
Est-ce le délit d'amitié qui vaut aujourd'hui à Me Abdoulaye Harissou d'être embastillé par lettre de cachet dans les geôles de la DGRE ? A priori on serait tenté de le croire. Mais le timing de son arrestation obéissait à d'autres motivations. Celles qui devaient faire de l'ex Ministre d'Etat Marafa hamidou Yaya le cerveau d'un pseudo complot- rébellion dans le grand Nord avec son ami notaire comme bras séculier. Pour conforter cette thèse auprès d'un public devenu amateur du sensationnel, il fallait diaboliser Me Harissou qui, selon le porte parole du gouvernement, l'intarissable ministre Issa Tchiroma, " est entendu pour des activités et contacts présumés avec des groupes armées centrafricains dont certains sont responsables d'attaques contre le Cameroun ". La manipulation de l'opinion ne s'en est d'ailleurs pas tenue là. C'est ainsi qu'une rumeur savamment distillée auprès de certains militants des droits de l'homme et quelques journalistes bien ciblés laisse subodorer que la DGRE disposerait des bandes d'écoute qui prouvent la réalité des contacts établis avec des membres de la Seleka par Me Harissou et M. Abdoulaye Sidiki, président du micro parti MPSC (Mouvement Patriotique du Salut Camerounais).
 
La manipulation s'avère grossière et difficilement crédible. Au moins pour deux raisons. D'abord parce qu'en quatre semaines d'embastillement Me Harissou n 'avait toujours pas été entendu contrairement aux propos tenus par le ministre de la Com., alors que la gravité des faits présumés qui lui seraient reprochés mériterait qu'il s'explique. Ensuite, c'est prendre des vessies pour des lanternes que de vouloir faire croire un seul instant qu'un homme aussi avisé que Me Harissou dont la profession implique le secret et qui se sait par ailleurs écouté depuis deux ans par les « grandes oreilles de la DGRE » puisse se livrer à de tels contacts par voie téléphonique.


Le faux complot des élites du septentrion
 
En vérité, la grande opération de manipulation à laquelle l'arrestation de Me Harissou aurait du servir de prétexte reposait sur une prétendue collusion Séléka-Boko Haram- Elites du Nord pour rendre crédible auprès de l'opinion l'idée d'une Rébellion armée dans le septentrion. Les propos irresponsables du président de l'assemblée, M. Cavaye Yeguie, selon lesquels " Boko Haram est parmi nous, Boko Haram est avec nous " y ont ouvert la voie et autorisé toutes sortes d'allégations. Mieux : ils donnèrent l'occasion aux sécurocrates du régime de saisir la balle au bond et d'envisager une chasse aux sorcières pour en découdre une fois pour toute avec M. Marafa que le gouvernement américain persiste à considérer comme un prisonnier politique. Transformer l'ancien ministre d'Etat en allié objectif de Boko Haram et de la Séléka ne date d'ailleurs pas d'aujourd'hui.
 
Deux mois avant qu'il ne soit arrêté, son retour triomphal à Garoua avait suscité la publication dans deux journaux privés proches des allées du pouvoir d'un curieux rapport qu''ils affirmaient émaner de la DGRE. Et selon ledit rapport, l'ancien ministre d'Etat se serait constitué une armée de 6000 hommes parmi lesquels se trouvaient pèle mêle : des membres de Boko Haram, des rebelles tchadiens et centrafricains, des coupeurs de route, etc. Plus récemment encore le journal La nouvelle Presse, dans une prétendue interview d'un seigneur de guerre tchadien nommé Baba Ladde, actuellement préfet au Tchad, écrivait sans la moindre vergogne que selon ce Monsieur, " M. Marafa ne lui aurait pas versé tout l'argent pour empêcher la tenue des dernières élections ". Une opération de broyage politique du détenu du SED qui atteindra son summum avec l'article téléguidé de Mme Pigeaud publié dans Médiapart il y a deux mois. Un article qui désignait nommément M. Marafa Hamidou Yaya comme étant l'homme lige de cette rébellion imaginaire. C'est dire à quel point, du fond de sa cellule, l'ancien ministre d'Etat obsède toujours au quotidien les vampires du régime.
 
Tous les ingrédients censés conforter la thèse d'une rébellion armée pro-Marafa se mettaient ainsi progressivement en place. Seulement voilà ! N'eut été la motion explosive de soutien à Paul Biya écrit avec une légèreté politique déconcertante au nom de la Lékié par un membre du gouvernement, le ministre Eyébé Ayissi, soutenu par des mains invisibles, la machine ne se serait sans doute pas grippée aussi vite. Face au tollé général que souleva ladite motion, et tout particulièrement parmi les ressortissants du département de la Lékié, les acteurs de cette opération machiavélique dont la prose de M. Eyébé fut pour servir de base à d'autres " motionneurs " de même acabit durent battre en retraite toute honte bue. Même Mme Foning, si prompte à relayer toute motion en faveur du président national de son parti, a vite flairé le piège au point de s'emmurer dans un silence inhabituel. Le Lékié's man et ses commanditaires se sont par conséquent retrouvés gros jean comme devant. Contraignant de la sorte les trois ou quatre autres motions de soutien programmées et qui virent jour par la suite à ne plus devoir embrayer sur la stigmatisation des élites du Nord. Sans doute revues et corrigées à la vitesse grand V, elles se contentèrent de ressortir les litanies et flagorneries habituelles assorties cette fois de la sauce Boko Haram et de la nécessité d'une unité nationale pour y faire face. Bref des motions qui se sont révélées sans grand objet vu l'unanimité des Camerounais contre Boko Haram.
 
Dès lors, la question qu'il convient de se poser est simple. À quoi peut encore servir le maintien en détention arbitraire de Me Abdoulaye Harissou ? Le complot grotesque des " anti-comploteurs " ayant été éventé et mis à nu. Donc plus rien, même plus l'ombre d'un doute, ne saurait au besoin justifier son internement abusif dans les locaux de la DGRE. À moins que certains irrédentistes ne tiennent à glisser un caillou supplémentaire dans la chaussure du président de la République. Les auteurs de cette forfaiture auront beau bassiner le public de rumeurs aussi fantaisistes les unes les autres sur son implication dans un supposé complot tendant à renverser le régime par les armes, plus personne n'oserait y croire. Les soupçons de déstabilisation qui pendaient jadis sur la tête des " Nordistes " et qui trouvaient un écho favorable dans le grand Sud suite au conflit Ahidjo-Biya ont fait long feu. Trente deux longues années du pouvoir RDPC avec le président Paul Biya ont fait leur œuvre.Et elles sont à l'origine de la lassitude générale qui prévaut dans le pays. Du Sud au Nord, de l'Ouest à l'Est de notre triangle national, les Camerounais ne scrutent plus que l'avenir. Ils sont préoccupés par le devenir meilleur de leur société et se refusent à toutes manipulations politiques qui n'ont pour seul objet que le maintien du statu quo.
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