L’application de l’article 66 de la Constitution mettrait un terme aux supputations
Afin d’échapper au ramdam que suscite les révélations de Forbes sur sa fortune présomptive, le président ne gagnerait-il pas à déclarer ses biens, conformément à la Constitution…
La querelle entre contempteurs et laudateurs du classement annuel de Forbes sur la fortune des chefs d’Etats africains continue de faire mouche sur la Toile. Il y a d’un côté ceux qui pensent que le journal qui a simplement potassé sur l’immense littérature dénonçant le train de vie, les dépenses coûteuses, les vacances dispendieuses du président camerounais (et ses pairs également épinglés) n’a pas innové alors qu’il pouvait aller au fond des choses en traçant ses biens immobiliers ou ses comptes bancaires comme le fait son confrère Mediapart.
Pour ceux-là, le classement de Forbes qui positionne Paul Biya au 5e rang des fortunes de chefs d’Etats africains doit être pris avec des pincettes. Mais ils croisent le fer avec ceux qui croient que le journal reste fidèle à sa démarche lapidaire lorsqu’il procède à une infographie (le traitement de l’information sur tableau et encarts). De plus, que par souci de préservation de son image de marque, Forbes ne peut accorder un traitement approximatif hasardeux à un sujet aussi grave.
Mais quel que soit le bout par lequel on appréhende ce sujet, on est obligé de reconnaître à Forbes, le mérite de prolonger le débat sur la sempiternelle question de l’enrichissement scandaleux des hommes d’Etat du continent. Certains d’entre eux, à l’instar d’Eduardo Do Santos, caracolant à 20 milliards de dollars Us de fortune présomptive. Au Cameroun, le président Biya gestionnaire n° 1 des ressources du pays depuis 1982, aurait une « réserve » de 100 milliards Fcfa. Ce que de nombreux Camerounais trouvent même modeste, au regard du mode de gouvernement du pays et la gestion quasi patrimoniale des ressources pétrolières, une des premières sources de devise au pays. Des Camerounais, parce qu’ils n’ont pas d’autres données, estiment que c’est peu de dire que Paul Biya a pu mettre de côté seulement 100 milliards en 32 ans de règne, parfois simplement.
Boulet
Mais tout ceci n’est que péroraison, alimentée par des arguments sélectionnés peut-être en fonction des sympathies ou de l’aversion contre le régime; de l’émotion devant la misère ambiante des populations, des bégaiements de la démocratie ou des performances et contreperformances de l’économie nationale. Le seul rempart pour espérer se débarrasser des salissures de ce classement est sans conteste, la déclaration des biens. Si Paul Biya se pliait seulement peut-être à cette disposition constitutionnelle, il aurait un large bouclier pour faire face à ce que ces soutiens taxent de calomnie.
Malheureusement, la machine de la mise en œuvre de ces dispositions de l’article 66 de la Constitution du Cameroun est grippée, par le virus qu’est l’absence de la commission de déclaration de biens, qu’un décret de Paul Biya devait mettre en route depuis 2006. Alors, pour ou contre le classement de Forbes, il faudrait, peut-être commencer par reconnaître que si le président respectait la loi, il aurait donné un argument de poids à ses supporters pour le défendre contre le dernier boulet médiatique lancé sur lui ou simplement se libérer de ces soit disant médisances d’opposants qui pourrait lui permettre de sentir arriver le vent du boulet. Et on aura noté avec Rousseau que «la liberté est le respect des règles qu’on s’est prescrites».
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