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Habitat: Comment sortir des bidonvilles par Yvette MBASSI-BIKELE

Bertrand O., chauffeur de taxi, occupe un modeste studio dans ce quartier de Yaoundé depuis six mois. Arrivé en décembre, au tout début de la saison sèche, il ne savait donc pas à quoi s’en tenir pendant les pluies. Ce sont les cris de ses voisins qui l’ont réveillé dans la nuit de samedi à dimanche dernier, alors qu’une forte pluie s’abattait sur la capitale. « En l’espace de quelques minutes, j’ai vu des eaux sales rentrer en trombe chez moi. Il y avait aussi des ordures ménagères et des matières fécales. J’ai juste eu le temps de mettre les enfants en sécurité sur une table. J’avais de l’eau jusqu’aux genoux. Les matelas et tout ce qui était par terre sont pourris, inutilisables », explique Bertrand O, amer, ce dimanche 12 octobre.

Ainsi va la vie dans les quartiers populaires des grandes villes camerounaises : Yaoundé et Douala. On les a pudiquement baptisés « sous-quartiers », mais cela ne change rien au quotidien de ceux qui y vivent. Dans les « elobi » et autres « ghettos », la vie n’est jamais un long fleuve tranquille. Entre insalubrité, promiscuité, insécurité, absence de commodités, de services de base et d’infrastructures d’assainissement, les habitants ne savent plus où donner de la tête. « En venant m’installer en ville, je ne pensais pas vivre dans de telles conditions. Je vis ici chez ma tante. Il n’y a pas de l’eau courante, ni électricité, ni intimité ou de tranquillité. Les murs de la maison sont quasiment de papier, jamais nous ne mangeons pas à notre faim. Tout cela n’est pas propice à la réussite. Chaque matin, je me lève avec une envie très grande de retourner au village », assure Félix T., inscrit en première année de Lettres modernes françaises à l’Université de Yaoundé I depuis septembre dernier.


Des milliers de Camerounais vivent dans des bidonvilles et la croissance rapide de la population urbaine exacerbe le problème. D’ailleurs, le Cameroun n’est pas le seul pays du continent à être confronté à cet immense défi. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), 60% de la population africaine vivant dans les zones urbaines habitent dans un bidonville. Une donnée alarmante et en constante augmentation. Ces quartiers informels sont dus à un fort exode des populations rurales vers les villes. Ne pouvant accéder à une quelconque propriété, par manque de moyens, les nouveaux arrivants s'entassent dans ces quartiers et construisent des abris de fortune. Ces zones d’habitation n’apparaissant sur aucun plan d'urbanisme, elles ne peuvent bénéficier des aménagements urbains tels que les réseaux routiers, égoûts, adductions d’eau, électricité... Dès lors de nombreux problèmes en résultent. Criminalité, sous-alimentation, pauvreté, insalubrité, maladies, etc. L’on estime le taux de mortalité infantile trois fois plus important dans les bidonvilles que dans les quartiers organisés.

La célébration, la semaine dernière, de la Journée mondiale de l’Habitat sur le thème « Donnons la voix aux bidonvilles » suivie depuis lundi, des travaux du premier Forum urbain national ont permis de remettre le sujet sur le tapis. Les habitants des grandes villes en général et les populations des bidonvilles particulièrement en attendent beaucoup.
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