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AU CAMEROUN, LE DESORDRE BIEN ORDONNE COMMENCE PAR DOUALA par DJEMO Arnaud

L’existence d’un port autonome à Douala en a fait non seulement une ville ou comme le dirait le Pr MANGA BIHINA, « un village urbanisé «, mais il en a fait aussi le poumon de l’économie camerounaise et jusqu’à hier encore, peut-être, le poumon de l’économie de la sous-région. 

On peut donc comprendre que sa population se fait de plus en plus nombreuse, dans un pays ou aucune véritable politique d’emploi n’existe et où il n’y a ni plan de carrière ni profil véritable. Comme des abeilles, les uns et les autres affluents vers cet essaim afin de se faire un peu de nectar nécessaire à la survie.

Dans cette lutte quotidienne pour la survie, il faut bien vivre quelque part. Si les premiers moments pour certains c’est dans la rue ou chez des proches, un jour ou un autre il faut bien quitter afin de s’installer à son propre compte. Parmi ces chercheurs « d’or «, se trouvent ceux qu’on nomme à tort ou à raison « les envahisseurs «. « Ces Bamilékés « qui dans chaque coin du Cameroun ont une communauté, ne vivent pas sans s’approprier de la culture du milieu, mais surtout de la terre. Un jour ou un autre ils finissent par être des propriétaires. Ce qui à un moment donné de l’histoire de notre pays, a fait jaillir en surface le problème d’autochtones et d’allogènes consigné dans la constitution, et qui comme une épée de Damoclès reste suspendu sur l’équilibre et la paix national.



Mais en dehors de ce peuple, tout le monde a le droit et surtout, construit à Douala comme il veut et où il veut. Chacun installe son petit ou grand commerce où il veut. Très souvent au nez du Délégué et de tous les représentants communaux et autres. Chacun fait ce qu’il veut, construit comme il veut, fait son marché où il veut, pisse et défèque comme bon lui semble. Un étranger à Douala, ne peut avoir que du tournis, face à des bendskineurs enragés, qui comme dans une fourmilière attaquée, fusent de partout. Des policiers, incapables ou dépassés par les évènements, « tapent leur commentaire « avec à la main un journal de PMUC ou du parifoot. Avec en prime, un « ta mère « qui vient d’un grand père à bord d’un taxi, d’une moto à l’endroit d’un client ou d’un autre conducteur.

Douala c’est le vestige des immondices qui inondent la voie publique, elle-même crevassée, parsemée de nids d’éléphants et sur lesquelles, reposent en paix les cadavres des véhicules hors circulation. C’est la ville des maisons entreposées, superposées, croisées, les unes sur les autres ou dans les autres. Douala, c’est aussi une agressivité incomparable chez ses habitants, toujours prêts à en découdre avec la première attaque ou à en provoquer. C’est le siège de la désinstitution si Yaoundé porte les institutions.

                 Au lieu-dit Terminus, Saint-Michel, trône majestueusement une banderole publicitaire estampillée avec les armoiries de la Communauté urbaine de la ville. Sur laquelle, le curieux peut lire qu’une lutte contre le désordre urbain est engagée. Avec deux axes principaux : « la libération de la route et la peinture des maisons «. Pour quelqu’un qui vit à Douala, il ne peut être que sceptique quant aux résultats. Avant de se demander quels sont les moyens de cette lutte, il faut reconnaître que ses deux actions en elles-mêmes sont loin de porter des fruits. Le chantier du désordre de Douala est vaste que tous les projets du Renouveau pour 2035. Engager la lutte pour un déguerpissement de ces débrouillards qui définitivement ont temporairement occupés la chaussée et les trottoirs pour leur commerce, c’est la solution la plus facile. Celle qui permet au délégué de donner l’impression qu’il fait son travail.

Mais en bouchant tous ces fossés qui jonchent nos ruelles, en définissant un véritable plan d’urbanisation qui inclut d’interdire de manière forte les constructions dans certains lieux, plutôt que d’apposer des croix de Saint André ou de Saint Ntoné, sur des maisons bâties sous leurs yeux ; en installant des toilettes publiques, en dégageant ce qui reste de la voie publique toutes ces pourritures de voitures, d’ordures qui l’encombrent, en pensant à faire faire des parkings sous-terrain ou que sais-je encore, que de tracer des places de parking sur les 2 ou 3m de routes déjà insuffisants…

Tout cela est possible, et les guirlandes, jeux de lumières et autres artifices lumineux, fluorescents et incandescents qui orneront la ville bientôt, ne sauront cacher le mal-être de cette ville. Au contraire, sous la lumière la misère. Sinon quelle maison va-t-on peindre à village, Ndogpassi et autres ? A moins de vouloir recréer un autre village Potemkine qui cachera mal tous les bidonvilles et ces cabanes dans lesquelles croupissent 3 à 4 générations d’une même famille, la solution Ntoné est d’une inefficacité et d’une incongruité totale.


Correspondance de : DJEMO Arnaud

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