L’insécurité à l’Est du pays est toujours alimentée à ce jour
par des hommes en tenue et des autorités administratives à la moralité douteuse
qui se donnent à coeur de joie dans des forfaitures diverses.
Un important arsenal d’armes de guerre vient d’être saisi à
Moloundou, localité frontalière avec la République du Congo située à plus 1000
km de Yaoundé. Déjà, les autorités camerounaises sont au centre de la
circulation des armes de guerre dans cette partie du territoire. Les faits sont
têtus. Au coeur de la manoeuvre ignoble, les éléments des forces armées
nationales. Dans une correspondance NO 08/L/B12.01/SP du 11 novembre dernier
adressée au Secrétaire général de la Présidence de la République et au ministre
délégué à la présidence chargé de la défense (Mindef) et dont nous avons pu
avoir une copie à partir de nos sources au Mindef, le sous-préfet de
l’arrondissement de Moloundou, Avom Dang, se dit déterminé, et au prix de sa
vie, à dénoncer tous les dignitaires civils et militaires au centre de cet
univers d’insécurité permanent en voie d’échapper au contrôle des autorités.
Sollicités aux fins de lutter contre la grande criminalité, la circulation des
armes de guerre, le grand braconnage, le trafic des pointes d’ivoire et de
peaux de panthères, ainsi que des espèces en voie de disparition au Cameroun,
les militaires avec le concours des autorités administratives excellent plutôt
à merveille dans la perversion et dans les couloirs de la criminalité rampante.
«J’ai reçu de multiples plaintes et dénonciations des
populations et de certains responsables des FMO qui appelaient à l’aide et à
une action du Père de l’arrondissement que je suis face aux tortures,
extorsions d’importantes sommes d’argent, arrestations sélectionnées et
discriminatoires», mentionne la note qui résonne comme un cri de désespoir pour
l’administrateur civil principal.
Ces actes hautement répréhensibles qui auraient valu une
révocation pure et simple de l’armée, sont l’oeuvre de la Sécurité militaire
(Semil), de la 132e compagnie d’intervention motorisée (Cim) et des éléments du
bataillon d’intervention rapide (BIR), selon cette correspondance d’Avom Dang.
Le cas du caporal Samuel Célestin Oulede du BIR, Mle T2009/10763 en service au
24e ULI/BIR/Yokadouma qui, de concert avec certains de ses camarades, prêtait
son arme de service de genre GALIL ACE 23 à certains détenus dangereux de la
prison de Moloundou pour « des braquages, braconnages à hautes intensités avec
à la clé des centaines d’éléphants abattus «. Déjà le 13 décembre dernier, le
sous-préfet a saisi le SGPR d’une note N°02/R/B12.01/SP dans laquelle
il a mentionné entre autres « Fautes graves régulièrement commises «, les
frasques du patron de la Direction Générale la Recherche extérieure de
Moloundou, le commissaire de police Louis Tedondjo qui a développé tout un
arsenal de guerre au su et au vu de tous.
D’ailleurs, le 06 novembre dernier, le sous-préfet a encore
conduit une mission périlleuse qui a réussi à saisir plusieurs armes de guerre
et de munitions dont des kalachnikovs AK 47 Escamotable N°386 56 18 346
avec des minutions de guerre. Selon nos sources, une centaine de plaintes et
dénonciations des populations et de certains responsables des forces de
maintien de l’ordre a été répertoriée, appelant au secours et à une action
salvatrice du sous-préfet face aux tortures, extorsions d’importantes sommes
d‘argent évaluées à des dizaines millions de Fcfa. Les cas de 300 00
Fcfa arrachés à Badjeke Florian Zoe, et cet agriculteur qui a vendu son domaine
à 1 million 500 mille dans la localité de Kika pour remettre à l’adjudant
Mvemana du 132e CIM, avec la complicité de sa hiérarchie pour avoir la vie
sauve, sont bouleversants.
Mafia du préfet
Lors de l’installation du sous-préfet Avom Dang, le 08 mai
2013, le préfet de Yokadouma, Léonard Bello l’avait pourtant bien sommé
de face et ouvertement lors d’une réunion de sécurité « d’abandonner la lutte
contre le trafic des armes, de pointes d’ivoire et le grand braconnage car
toutes les autorités y étaient impliquées «. Ironie du sort, c’est la même
autorité qui lui avait prescrit ce 08 mai à la place des fêtes de Moloundou
devant une foule impresionnante d’engager une lutte sans merci contre des armes
de guerre et autres menaces à la paix au Cameroun. Une imposture qui renseigne
mieux sur les forfaitures qui entourent cet administrateur civil principal. A
la lecture de la correspondance, Léonard Bello et la hiérarchie militaire lui
avaient bien demandé de « laisser ceux qui veulent manger le faire et surtout
qu’il ne les empêche pas au cas où il refuse de participer au bal «. Le patron
du département est toujours en poste et continue de manoeuvrer dans l’ombre
puisqu’il n’a jamais été inquiété. Autant d’instructions lugubres et codifiées
qu’Avom Dang estime que s’il les avait eues auparavant, il « serait d’abord
allé se confesser à l’Eglise avant de demander conseil à Dieu «.
C’est ainsi qu’au Tribunal militaire (TM) de Bertoua, les
proches du Commissaire du gouvernement, Pierre Abolo sont souvent outragés par «
le rôle anti-républicain du préfet dans cette affaire de circulation des armes «
dans son unité de commandement. D’ailleurs dans son rapport N°
04/R/B12-02/SP du 24 septembre 2014 adressé à sa hiérarchie relatif à la
situation générale de la lutte contre la circulation massive des armes de
guerre et de la grande criminalité à Moloundou, le sous-préfet tirait la
sonnette d’alarme et dénonçait cette manoeuvre dilatoire de sa hiérarchie dans
l’optique de masquer certaines vérités qui choquent.
Culte d’impunité
Tous
les rapports convergent vers l’ajudant Paulin Mvemana du 132e CIM qui continue
de semer la terreur avec la constitution d’une impressionnante équipe de
braconniers ayant à sa tête son propre fils, Angoula ainsi que son beau-fils
IYE Bienvenu, son bras séculier dans la distribution des armes de guerre pour
la grande criminalité. Curieusement, seul son beau-fils est en détention alors
que l’épouse de l’adjudant, Julienne Kebeke qui gardait un impressionnant arsenal
de guerre n’a pas jusqu’ici été inquiétée. Plus bouleversant, la hiérarchie
militaire, dont deux colonels sont venus de Bertoua pour arracher leur protégé
Mvemana aux mains du sous-préfet. Cet élément de l’armée qui, a juste été
affecté en lieu sûr, a d’ailleurs promis à plusieurs reprises en public
d’abattre le sous-préfet si jamais il était révoqué de l’armée.
« Je suis un mort, ils ont tenté plusieurs fois de me faire
relever de mes fonctions en produisant des faux rapports à mon encontre «, se
résigne ce brave administrateur civil, Avom Dang, abandonné par sa hiérarchie
dans ses prouesses. Le commandant de la 132e compagnie d’intervention
motorisée, le capitaine Olinga Olinga est bien informé de cet état de chose
mais se livre selon plusieurs témoignages à plusieurs exactions. Avec son
concours, les militaires se livrent ainsi aux tortures, gardes à vue dans les
chambres affectées à leur service au lieu de les emmener à la brigade de
gendarmerie. Ils se livrent régulièrement à la vente à certains villageois des
armes de guerre pour leur ramener des ivoires d’éléphants.
Ce qui est absurde dans cette scabreuse affaire est le fait
que lorsque le sous-préfet a sollicité le concours de hauts gradés de l’armée,
ils se sont complètement rangés en ordre de bataille contre l’administration
territoriale. Et pour agiter l’épouvantail, ces personnes ont averti le
sous-préfet qu’elles iront l’accuser à Yaoundé de ce qu’il est lui-même
impliqué dans le trafic des armes de guerre et de pointes d’ivoire. Le chef
terre, Avom Dang, qui aurait pu faire l’objet d’acclamations pour autant de
prouesses et de réussites depuis sa prise de service le 08 mai 2013, reçoit
plutôt des menaces tant des complices que de sa hiérarchie, prompte à le livrer
à la vaindicte populaire.
Voilà jusqu’où peut conduire la forfaiture dans un Etat de
droit malheureusement en perte de repère car ayant fait de la médiocrité et de
l’indécence des valeurs à promouvoir. Pour lui, il se sent de plus en plus en
insécurité dans l’exercise de ses fonctions même s’il affiche un moral de fer. «Le
Cameroun appartient à nous tous et je ne laisserai jamais que la
destabilisation du pays passe par Moloundou», lance-t-il en direction de ses
détracteurs,les yeux rivés vers Yaoundé qui doit mettre un terme à cette
barbarie.
Correspondance de : Jean Claude Fogno
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