Opinions Nouvelles

Opinions Nouvelles
Opinions pour mieux comprendre où va le monde

Cameroun : Les militaires au cœur de la déstabilisation du pays par Jean Claude Fogno

L’insécurité à l’Est du pays est toujours alimentée à ce jour par des hommes en tenue et des autorités administratives à la moralité douteuse qui se donnent à coeur de joie dans des forfaitures diverses.

Un important arsenal d’armes de guerre vient d’être saisi à Moloundou, localité frontalière avec la République du Congo située à plus 1000 km de Yaoundé. Déjà, les autorités camerounaises sont au centre de la circulation des armes de guerre dans cette partie du territoire. Les faits sont têtus. Au coeur de la manoeuvre ignoble, les éléments des forces armées nationales. Dans une correspondance NO 08/L/B12.01/SP du 11 novembre dernier adressée au Secrétaire général de la Présidence de la République et au ministre délégué à la présidence chargé de la défense (Mindef) et dont nous avons pu avoir une copie à partir de nos sources au Mindef, le sous-préfet de l’arrondissement de Moloundou, Avom Dang, se dit déterminé, et au prix de sa vie, à dénoncer tous les dignitaires civils et militaires au centre de cet univers d’insécurité permanent en voie d’échapper au contrôle des autorités. Sollicités aux fins de lutter contre la grande criminalité, la circulation des armes de guerre, le grand braconnage, le trafic des pointes d’ivoire et de peaux de panthères, ainsi que des espèces en voie de disparition au Cameroun, les militaires avec le concours des autorités administratives excellent plutôt à merveille dans la perversion et dans les couloirs de la criminalité rampante.


«J’ai reçu de multiples plaintes et dénonciations des populations et de certains responsables des FMO qui appelaient à l’aide et à une action du Père de l’arrondissement que je suis face aux tortures, extorsions d’importantes sommes d’argent, arrestations sélectionnées et discriminatoires», mentionne la note qui résonne comme un cri de désespoir pour l’administrateur civil principal.

Ces actes hautement répréhensibles qui auraient valu une révocation pure et simple de l’armée, sont l’oeuvre de la Sécurité militaire (Semil), de la 132e compagnie d’intervention motorisée (Cim) et des éléments du bataillon d’intervention rapide (BIR), selon cette correspondance d’Avom Dang. Le cas du caporal Samuel Célestin Oulede du BIR, Mle T2009/10763 en service au 24e ULI/BIR/Yokadouma qui, de concert avec certains de ses camarades, prêtait son arme de service de genre GALIL ACE 23 à certains détenus dangereux de la prison de Moloundou pour « des braquages, braconnages à hautes intensités avec à la clé des centaines d’éléphants abattus «. Déjà le 13 décembre dernier, le sous-préfet a saisi le SGPR d’une note N°02/R/B12.01/SP dans laquelle il a mentionné entre autres « Fautes graves régulièrement commises «, les frasques du patron de la Direction Générale la Recherche extérieure de Moloundou, le commissaire de police Louis Tedondjo qui a développé tout un arsenal de guerre au su et au vu de tous.

D’ailleurs, le 06 novembre dernier, le sous-préfet a encore conduit une mission périlleuse qui a réussi à saisir plusieurs armes de guerre et de munitions dont des kalachnikovs AK 47 Escamotable N°386 56 18 346 avec des minutions de guerre. Selon nos sources, une centaine de plaintes et dénonciations des populations et de certains responsables des forces de maintien de l’ordre a été répertoriée, appelant au secours et à une action salvatrice du sous-préfet face aux tortures, extorsions d’importantes sommes d‘argent évaluées à des dizaines millions de Fcfa. Les cas de 300 00 Fcfa arrachés à Badjeke Florian Zoe, et cet agriculteur qui a vendu son domaine à 1 million 500 mille dans la localité de Kika pour remettre à l’adjudant Mvemana du 132e CIM, avec la complicité de sa hiérarchie pour avoir la vie sauve, sont bouleversants.

 Mafia du préfet

Lors de l’installation du sous-préfet Avom Dang, le 08 mai 2013, le préfet de Yokadouma, Léonard Bello l’avait pourtant bien sommé de face et ouvertement lors d’une réunion de sécurité « d’abandonner la lutte contre le trafic des armes, de pointes d’ivoire et le grand braconnage car toutes les autorités y étaient impliquées «. Ironie du sort, c’est la même autorité qui lui avait prescrit ce 08 mai à la place des fêtes de Moloundou devant une foule impresionnante d’engager une lutte sans merci contre des armes de guerre et autres menaces à la paix au Cameroun. Une imposture qui renseigne mieux sur les forfaitures qui entourent cet administrateur civil principal. A la lecture de la correspondance, Léonard Bello et la hiérarchie militaire lui avaient bien demandé de « laisser ceux qui veulent manger le faire et surtout qu’il ne les empêche pas au cas où il refuse de participer au bal «. Le patron du département est toujours en poste et continue de manoeuvrer dans l’ombre puisqu’il n’a jamais été inquiété. Autant d’instructions lugubres et codifiées qu’Avom Dang estime que s’il les avait eues auparavant, il « serait d’abord allé se confesser à l’Eglise avant de demander conseil à Dieu «.

C’est ainsi qu’au Tribunal militaire (TM) de Bertoua, les proches du Commissaire du gouvernement, Pierre Abolo sont souvent outragés par « le rôle anti-républicain du préfet dans cette affaire de circulation des armes « dans son unité de commandement. D’ailleurs dans son rapport N° 04/R/B12-02/SP du 24 septembre 2014 adressé à sa hiérarchie relatif à la situation générale de la lutte contre la circulation massive des armes de guerre et de la grande criminalité à Moloundou, le sous-préfet tirait la sonnette d’alarme et dénonçait cette manoeuvre dilatoire de sa hiérarchie dans l’optique de masquer certaines vérités qui choquent.

Culte d’impunité

                 Tous les rapports convergent vers l’ajudant Paulin Mvemana du 132e CIM qui continue de semer la terreur avec la constitution d’une impressionnante équipe de braconniers ayant à sa tête son propre fils, Angoula ainsi que son beau-fils IYE Bienvenu, son bras séculier dans la distribution des armes de guerre pour la grande criminalité. Curieusement, seul son beau-fils est en détention alors que l’épouse de l’adjudant, Julienne Kebeke qui gardait un impressionnant arsenal de guerre n’a pas jusqu’ici été inquiétée. Plus bouleversant, la hiérarchie militaire, dont deux colonels sont venus de Bertoua pour arracher leur protégé Mvemana aux mains du sous-préfet. Cet élément de l’armée qui, a juste été affecté en lieu sûr, a d’ailleurs promis à plusieurs reprises en public d’abattre le sous-préfet si jamais il était révoqué de l’armée.

« Je suis un mort, ils ont tenté plusieurs fois de me faire relever de mes fonctions en produisant des faux rapports à mon encontre «, se résigne ce brave administrateur civil, Avom Dang, abandonné par sa hiérarchie dans ses prouesses. Le commandant de la 132e compagnie d’intervention motorisée, le capitaine Olinga Olinga est bien informé de cet état de chose mais se livre selon plusieurs témoignages à plusieurs exactions. Avec son concours, les militaires se livrent ainsi aux tortures, gardes à vue dans les chambres affectées à leur service au lieu de les emmener à la brigade de gendarmerie. Ils se livrent régulièrement à la vente à certains villageois des armes de guerre pour leur ramener des ivoires d’éléphants.
Ce qui est absurde dans cette scabreuse affaire est le fait que lorsque le sous-préfet a sollicité le concours de hauts gradés de l’armée, ils se sont complètement rangés en ordre de bataille contre l’administration territoriale. Et pour agiter l’épouvantail, ces personnes ont averti le sous-préfet qu’elles iront l’accuser à Yaoundé de ce qu’il est lui-même impliqué dans le trafic des armes de guerre et de pointes d’ivoire. Le chef terre, Avom Dang, qui aurait pu faire l’objet d’acclamations pour autant de prouesses et de réussites depuis sa prise de service le 08 mai 2013, reçoit plutôt des menaces tant des complices que de sa hiérarchie, prompte à le livrer à la vaindicte populaire.

Voilà jusqu’où peut conduire la forfaiture dans un Etat de droit malheureusement en perte de repère car ayant fait de la médiocrité et de l’indécence des valeurs à promouvoir. Pour lui, il se sent de plus en plus en insécurité dans l’exercise de ses fonctions même s’il affiche un moral de fer. «Le Cameroun appartient à nous tous et je ne laisserai jamais que la destabilisation du pays passe par Moloundou», lance-t-il en direction de ses détracteurs,les yeux rivés vers Yaoundé qui doit mettre un terme à cette barbarie.

Correspondance de : Jean Claude Fogno
Partagez sur Google Plus

About BIGDeals

This is a short description in the author block about the author. You edit it by entering text in the "Biographical Info" field in the user admin panel.
    Blogger Comment
    Facebook Comment

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Laissez nous un commentaire sur cet opinion.