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RELIRE LE DISCOURS DU 1O FEVRIER ET S’INDIGNER DU CAS CÉCILE NKAMENJO NGUEGA : UN CAS DE PLUS UN CAS DE TROP. par Narcis Bangmo

J'ai eu les yeux larmoyants ce matin, en lisant sur camer.be, le papier du quotidien Le Jour, qui portait sur cette brillante jeune Camerounaise et ses travaux de fin d’étude sur la lutte contre le paludisme. Docteur en pharmacie à 25 ans, comme jamais chaque jeune de son âge en rêve, dans une institution jadis clandestine et dans un domaine de recherche où le Cameroun engloutit des milliards du contribuable sans grands succès, mérite qu’on s’y attarde un temps soit peu. Surtout qu’elle (la jeune fille) s’apprête à se mettre sur le chemin de la fuite tant décriée des cerveaux au moment même où, le chef de l’Etat dans son traditionnel discours à l’endroit de ses jeunes compatriotes, fait le constat de l’échec des politiques d’orientation dans la formation. Cette réflexion a pour objet, de montrer le contraste qui existe entre ceux qui ont réussi tant bien que mal, à s’incérer dans des domaines fondateurs de la lutte contre la pauvreté et leur paradoxal départ du Cameroun, au moment même où, la prise de conscience bien que tardive, semble prendre corps depuis le sommet de la pyramide.

Le syndrome historique camerounais de la suspicion ethno-idéologique
L’organisation de l’immigration impose des préalables identitaires forts pour mieux garantir le retour; bien avant des dispositions matérielles. Le socle patriotique s’articule en amont dans les programmes depuis les écoles maternelles jusqu’à l’âge adulte. C’est à ce prix que les fondamentaux dont le culte de la résistance en est le cœur, mérite une attention particulière. Dans la quête du retour, l’encrage des valeurs patriotiques peut aider et même prendre le dessus sur les valeurs organiques. Le cas chinois en est une parfaite illustration.
L’immigration reste une chance pour le Cameroun à condition qu’elle soit organiser : soit dans le sens du renforcement des capacités avec à la clef des mesures incitatives de retour, soit de façon « insidieuse » par le captage directe des ressources à travers les envois d’argent. De ce point de vue, toutes les études sur le transfert de fonds des immigrés (projet MAFE encore en cours) montre très bien, la corrélation positive qui existe encore le niveau intellectuel et la baisse de ces envois d’argent . Plus on a une stabilité socio-économique certaine, moins on envoie de l’argent vers son pays d’origine. L’immigration permanente et non planifié, notamment celle des cadres, s’apparente ainsi comme une double perte. D’abord intellectuelle par le non retour et ensuite socioéconomique par la baisse du transfert d’argent et autres aides familiales.
.Les pays comme le Cameroun restent perdant dans un sens comme dans un autre. L’immigration Camerounaise est essentiellement économico-intellectuelle sans planification étatique aucune, laissant cours aux réseaux familiaux et aux initiatives individuelles qui, dans l’environnement politique actuel, perçoivent le retour de leurs progénitures même après remboursement de la « dette économico-morale », comme un échec dans l’investissement. Et dans certains cas une trahison.
Cette approche familiale de l’immigration n’obéit pas nécessairement à des logiques conjoncturelles de précarité, mais à un environnement sociologique, où le « sincèromètre » reste encore à inventer pour mieux garantir l’égalité de chance et rassurer les sceptiques, consacrant de se fait le syndrome historique camerounais de la suspicion ethno-idéologique. Dans notre arène politique, on naît soit de « gauche », soit de « droite ». On ne devient presque jamais l’un ou l’autre. Cela se traduit aisément dans l’ensemble de nos activités et dans les choix politiques que nous opérons avec en cœur l’exclusion comme mode de gouvernance. «Il n’y a rien à faire pour vous ici, Circulez ! Aller brillez ailleurs… ». Point besoin de parier que cette jeune fille comme bien de jeunes Camerounais, s’apprête à faire un allez intellectuel sans retour. Parce que justement, quand on brille ailleurs on brille vraiment.
La mise à l’épreuve du Chef à travers son adresse du 10 février
La déception est grande. Celle de voir que les autorités de notre pays, refusent de prendre l'émergence dont-ils disent rêver du bon bout. Cette interview  de le « Jour » ne recèle que de moralités.
Voilà une enfant qui avait tout pour fréquenter les universités à travers le monde. Mais, son géniteur choisit une institution universitaire camerounaise, dont lui et sa fille viennent d'en contribuer au rayonnement. Une aussi brillante pharmacienne (au moins 40 ans de recherche devant-elle) et tout ceux qui ont son profil, méritent un encadrement endogène, ap-parental de haut niveau, pour un combat efficient et viable dans la lutte contre la pauvreté, dont l’un des vecteurs essentiels est l'amélioration du système de santé à travers la professionnalisation des enseignements.
Les instituts de technologie de pointe, les hautes écoles spécialisées sont les meilleurs moteurs du développement et non, mais alors jamais en premiers, les écoles d'administration qui doivent plus tôt venir en second, comme structure économique d'appui. Après 32 ans de pouvoir et à 82 ans d’âge révolu, le président vient de se rendre compte que le Cameroun a échoué dans ses options de formation. On ne peut pas devenir émergent en faisant de l'ENAM notre école de prestige n°1, en donnant des bourses d'étude aux seuls étudiants de cette institution, pendant que ceux de Polytech et des autres écoles de technologie de pointe rasent les murs. Quel pays mon Dieu! pays où les évaluations sont essentiellement indicatives. On évalue au Cameroun pour ne jamais réellement évaluer.
Au début des années 70 les dragons d'Asie (Taiwan, Syngapour, Malaisie...) avaient presque tous rendu l'accès libre et gratuit, en plus des aides (bourses) aux seins des institutions spécialisées, aux meilleurs étudiants des filières de haute technologie de pointe. Pendant ce temps, les sciences de l'Etat, les sciences sociales, sciences humaines, avaient des coûts de formations exorbitants. 30 ans plus tard le résultat est là; il parle de lui-même.
La politique d'inversion des priorités dans la formation a contribué à faire perdre aux Camerounais les réflexes de création et d'innovation: tous le monde veut aller à l'ENAM, tout le monde cherche le matricule d'abord, comme si entre tant la logique de vie et de boussole intérieur essentiellement égoïste, aurait le pouvoir d'arrêter les dynamiques de production et de reproduction internationale. Pendant que nous nous complaisons dans des bureaux et autres salons feutrés, pendant que nous nous contentons du matricule, le monde bouge, il bouge davantage chez nos voisins dans la sous-région. Et dire que le Gabon pourrait bientôt nous vendre des produits alimentaires, pendant que notre orgueil rempli de mégalomanie historique nous aveugle.
En supposant que le constat de Paul Biya ce 10 février soit sincère, en supposant qu'il pensera moins à sa survie politique en remettant à sa juste place l'ENAM, institution de production des conservatismes politiciens et école des cadres d'un parti administratif et bureaucratique. En supposant que l'âge de la raison permettra à Paul Biya de laisser un pays libre et prospère, je conclurais en disant tout simplement que, mieux vaux tard que jamais. Faut-il encore le rappeler, le Cameroun est l'un des rares pays au Monde où les fonctionnaires (notamment les administrateurs et autres hauts commis de l'Etat) sont plus riches que les hommes et les femmes d'affaires, principaux créateurs de richesses dans un pays libéral. Le 10 février était peut-être un nouveau départ pourquoi pas y croire!
Un comité de suivi et d'insertion socioprofessionnel de tous ceux et celles qui excellent et innovent prioritairement dans les secteurs de haute compétitivité internationale, devrait être mis sur pied et rendre plus opérationnel, la vision que nous avons de la création des entreprises et de l'employabilité au Cameroun. Cette jeune fille (fut-elle fille d'expert comptable) qui s’apprête à quitter le Cameroun nous l'imaginons par l'entremise de tous, sauf de l'Etat, est une Camerounaise de plus voir de trop, qui s'en ira alimenter le triste « brain drain » qui fait tant de mal au développement de l'Afrique.
Quand on est brillant en occident les propositions sont tellement alléchantes que seul le culte de la résistance et du "patriotisme nyobiste" qui nous manque le plus, peut y faire face. Ce cas est une mise à l’épreuve du Président de la République à travers son adresse à la jeunesse du 10 février dernier.
Narcis Bangmo, Socio-démographe et éducateur au développement
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