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PAUL BIYA EST AUSSI ENNEMI DU CAMEROUN QUE BOKO HARAM par Ndzana Seme

Le mépris que Paul Biya a pour les vies des camerounais, dont il organise et ordonne la destruction, n’a d’égal que le mépris que les terroristes de Boko Haram ont pour nos vies. Pendant que nos soldats combattent au front dans une guerre qu’il a lui-même déclarée, Paul Biya, sa famille et sa fortune sont actuellement entrain de se la couler douce en Suisse. Revoyons, point par point, comment ce président a organisé le chaos actuel de l’extrême-nord du Cameroun.
C’est Paul Biya qui a fait de l’extrême-nord un terrain de prédilection pour les terroristes. L’histoire récente du terrorisme mondial nous a en effet montré, de l’Afghanistan jusqu’au Yémen, en passant par le nord du Mali et la Somali, que les groupes terroristes se constituent et renforcent rapidement pour devenir des armées redoutables quand ils disposent de régions pauvres marquées par l’absence du gouvernement, qu’ils utilisent comme sanctuaires.

Depuis trois décennies le régime de Paul Biya a complètement abandonné la région de l’extrême-nord du Cameroun dans une existence moyenâgeuse, dénuée des investissements publics de l’État et des infrastructures élémentaires. Au contraire, depuis les élections présidentielles de 1992, le régime Biya utilise l’extrême-nord comme instrument principal pour la fabrication des fausses victoires électorales de Paul Biya. Ceci parce que les partis d’opposition n’ont pas les moyens de battre campagne dans cette région perdue, et encore moins d’y contrôler les fraudes.
L’absence de la présence de l’État dans l’extrême-nord a été tellement criarde que c’est seulement grâce au conflit de Bakassi sur le tracé de la frontière Nigeria-Cameroun que le président Paul Biya érige Darak, une île du Lac Tchad jusque là occupée et exploitée par le Nigeria, en chef-lieu d’arrondissement le 29 janvier 2004, avant de créer ensuite un certain nombre d’autres. Mais partout ailleurs, les populations camerounaises ne connaissent l’État du Cameroun dans l’extrême-nord qu’à travers les gendarmes et policiers méchants qui les briment et dépouillent régulièrement de leurs biens dans le cadre des divers réseaux des malfaiteurs et des trafics biens en transit, mis en place par des forces armées camerounaises.
C’est cette région pauvre, enclavée et perdue que Boko Haram a pendant des années utilisée comme sanctuaire. Toutes les fois que le Nigeria avait demandé au président Paul Biya d’envoyer l’armée camerounaise protéger ses frontières, parce que les terroristes poursuivis par l’armée nigériane traversaient systématiquement la frontière camerounaise après leurs forfaits au Nigeria, la réponse du chef d’État était catégoriquement non, sous prétexte que “Boko Haram est une affaire intérieure nigériane” et le Cameroun ne devait pas s’immiscer.
Par contre, Paul Biya et son entourage, en particulier son secrétaire à la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh et les “élites” locales du RDPC (parti au pouvoir), entretiennent des réseaux de liaisons avec les leaders de Boko Haram, dont ils financent régulièrement les activités par le biais des paiements des rançons pour la libération des otages, dont les prises ressemblent souvent à des montages.
C’est seulement le président français, François Hollande, qui obligea enfin Paul Biya à ordonner l’envoi des troupes camerounaises aux frontières de l’extrême-nord, lors d’une réunion qu’il convoqua à Paris le 17 mai 2014 avec le président nigérian Goodluck Jonathan Ebelle et d’autres leaders de la région. Depuis lors, le régime Biya utilise la guerre contre Boko Haram plutôt comme une propagande politique au profit de Paul Biya, à qui l’on attribue tous les succès, allant même jusqu’à présenter la France comme l’ennemi derrière Boko Haram.
Pourtant, depuis plusieurs années que Boko Haram règne en maîtres dans l’extrême-nord, dépouillant systématiquement les pauvres populations de leurs biens, mais également de leurs enfants que le groupe terroriste enrôle comme ses combattants et ses objets sexuels et esclaves, Paul Biya n’a pas bougé le petit doigt et n’a jamais mis les pied sur les lieux. Pendant que Boko Haram y régnait, les gendarmes et policiers camerounais dirigeaient leurs réseaux de contrebande de fourniture d’armes en transit pour le Nigeria. Ces réseaux de contrebande bénéficiaient du soutien de la présidence qui, pour les laisser prospérer, refusait systématiquement de combattre Boko Haram quand le Nigeria la suppliait de le faire.
On se souvient encore qu’en janvier 2014, le président Goodluck Jonathan essuya le refus catégorique de Paul Biya de le recevoir, parce que le vieux dictateur rejetait radicalement la proposition nigériane d’un droit de poursuite réciproque des terroristes sur le territoire voisin, afin de mieux les éliminer.
Mais une fois confrontés aux terroristes sur le front de guerre depuis juin 2014, les soldats camerounais se font tuer malgré leur bravoure, tout simplement parce qu’ils sont obligés de rester uniquement à la défensive, de ne combattre que quand l’ennemi terroriste, amassé à quelques kilomètres voire mètres d’eux, choisit le moment de les attaquer et de leur infliger des pertes. Ils ne peuvent pas traverser la frontière pour détruire les camps que les terroristes ont créés du coté nigérian tout au long de la frontière, parce que le Nigeria leur refuse le droit de poursuite, pour se venger du refus de Paul Biya en la matière.
“En effet, elle n’entre pas en territoire nigérian, Abuja ayant refusé le droit de poursuite. Cela rend le combat contre Boko Haram inégal et plus complexe.” – dit Oliver Rogez de RFI
L’absence du droit de poursuite, et les pertes que subit l’armée camerounaise, ont fini par mettre nos officiers et soldats sur les nerfs, de sorte que beaucoup d’entre eux se retournent contre les citoyens camerounais de la région, qu’ils soupçonnent systématiquement de complicité avec Boko Haram.
“La population coopère avec Boko Haram par peur mais aussi par conviction,” confie le chef de bataillon Clément Garangsou à Olivier Roger de RFI.
C’est ainsi que l’armée camerounaise, envoyée au front de l’extrême-nord pour protéger les citoyens camerounais, se retrouve entrain de combattre les citoyens camerounais, en commettant des arrestations arbitraires, des tortures, des exécutions sommaires, et leurs transferts dans la prison-mouroir de Maroua. Pendant ce temps, les gangs dirigés par les gendarmes et policiers camerounais dépouillent les citoyens de leurs biens lors des contrôles incessants d’identité et des domiciles, les torturent, les exécutent sommairement, et les expédient en prison à Maroua, où beaucoup ressortent les pieds devant.
C’est ainsi que Paul Biya a organisé une situation où les camerounais militaires et civils se détruisent entre eux, se haïssent entre eux et ne collaborent pas. Rien d’étonnant donc que le passage des troupes tchadiennes sur le sol camerounais ait été accueilli tout le long de l’itinéraire de Kousseri à Fotokol par les camerounais en libérateurs sur qui tous leurs espoirs restent fondés.
Comment peut-il en être autrement quand, lors de tous les malheurs qui se sont abattus sur les pauvres populations de l’extrême-nord, Paul Biya n’a jamais daigné aller les conforter par une visite. Des inondations jusqu’aux camps des refugiés, qui comptent plusieurs dizaines de milliers de citoyens camerounais ployant sous la famine et n’ayant pour seul espoir de survie que l’aide internationale, Paul Biya a répondu par un mépris total. Même après le massacre de Fotokol, où Boko Haram avait égorgé le 4 février une centaine de personnes sans défense, pendant que les militaires camerounais avaient pris le fuite, Paul Biya n’avait pas daigné envoyer ses condoléances aux familles des victimes.
Il en est de même des soldats camerounais qui tombent sur le front d’une guerre, que ce président avait lui même déclaré contre Boko Haram à partir de l’Élysée à Paris. Paul Biya ne s’est jamais incliné devant la dépouille mortelle d’aucun des soldats tombés sur le champ d’honneur.
Le mépris que Paul Biya a pour les vies des camerounais, dont il organise et ordonne la destruction, n’a d’égal que le mépris que les terroristes de Boko Haram ont pour nos vies. Pendant que nos soldats combattent au front dans une guerre qu’il a lui-même déclarée, Paul Biya, sa famille et sa fortune sont actuellement entrain de se la couler douce en Suisse.
Ndzana Seme
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