Depuis qu’un Journal français a parlé de l’état de santé de M. et de Mme Biya, une agitation presque sans précédent s’est emparée de la nomenklatura au pouvoir et on aura tout entendu : complot par-ci, déstabilisation par là, etc. Un journal a même annoncé qu’en Afrique on ne parle pas de la santé d’un chef. Mais, ce qu’il feint d’ignorer est que M. Paul Biya n’est pas un Chef. Un chef n’est pas élu. Il jouit d’un pouvoir héréditaire qui se transmet de père en fils ou selon le lien de sang.
Par contre, un président de la République n’est pas un roi qu’on sert, mais un « ouvrier » que le peuple, par des moyens constitutionnels, a recruté et qu’il paie pour le servir. C’est donc de ce peuple qu’il tient son pouvoir, un pouvoir que le même peuple peut lui retirer s’il n’est pas satisfait de son rendement. C’est pourquoi il est obligé de rendre compte, même et surtout de l’état de sa santé car il faut que ce peuple à chaque moment se rassure que son ouvrier dispose encore de l’énergie nécessaire pour accomplir la lourde tâche qui lui a été confiée pour la survie et le destin de millions d’individus. Il n’est pas non plus un dieu.
Il n’est qu’un simple être humain qui porte en lui la forme entière de l’humaine condition. Qu’on le veuille ou pas, il lui arrivera de temps en temps, comme tout être humain, de tomber malade et un jour, il finira par mourir, et quoi qu’on fasse, on finira par l’annoncer et on ne mettra pas le Cameroun avec lui dans la tombe ! Les Papes meurent, on les enterre, et l’Eglise Catholique continue !
C’est pour cela que François Hollande a promis au début de son mandat de publier tous les six mois un bulletin de son état de santé. Tous les six mois donc, il se soumet à une batterie d’examens médicaux constitués d’une prise de tension artérielle, d’un électrocardiogramme de repos ainsi que d’une analyse biologique pratiqués par le service médical de la présidence de la République et par celui de l'hôpital d'instruction des Armées du Val-de-Grâce. Les résultats desdits examens sont mis à la disposition des Français et publiés sur le site de l’Elysée.
Le président Hollande, âgé seulement de 60 ans, vient de publier son quatrième bulletin de santé (mars 2015) depuis qu’il est arrivé au pouvoir : le premier a été publié au mois de juin 2012, le deuxième en mars 2013, et le troisième en février 2014. En décembre 2013, M. Hollande est allé jusqu’à reconnaître qu’au mois de février 2011, il a été hospitalisé pendant quelques jours dans le service d’urologie du CHU de Cochin pour une hypertrophie bénigne de la prostate, mais qu’à la suite de l’intervention qu’il avait alors subie, il n’y avait rien eu de grave et aucun suivi médical n’avait été jugé nécessaire.
Toute l’agitation autour du Journal Le Monde n’est donc qu’une diversion et peut-être même un divertissement. On pourrait même aller plus loin. Si les thuriféraires du Président s’étaient tus, je ne sais pas combien de Camerounais auraient été au courant des articles querellés. Mais avec tout le tapage qu’ils ont fait dans les radios, les télévisions et les journaux locaux, ils ont ameuté toutes les populations locales au sujet d’une tempête dans un verre d’eau. C’est donc eux qui ont mis sur la place du marché des informations qui sans eux seraient passées sous silence et c’est eux seuls qui savent à quelles fins. On ne peut pas toujours jurer de la bonne foi de tous ceux-là qui prétendent toujours aimer le Président plus que tout le monde. Eux seuls savent ce qu’ils mijotent au tréfonds d’eux-mêmes. Mais un jour, les masques tomberont. Et nous nous regarderons dans nos vrais yeux !
Jean Takougang
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