Le groupe Bolloré est devenu un
acteur incontournable dans le tissu économique comme dans la vie
politique du Cameroun. Concessionnaire de la société de chemin de fer
Camrail depuis 1999 (jusqu’en 2034), il a obtenu la concession du
terminal à conteneurs du port de Douala en 2005 (jusqu’en 2020). Ses
diverses agences, regroupées sous la marque corporate Bolloré Africa
Logistics depuis septembre 2008, sont présentes dans la capitale
économique, Douala, dans la capitale politique, Yaoundé et dans le nord
du pays, à Garoua.
La gestion de l’ensemble des flux de production d’aluminium produit à
l’usine d’Edéa, gérée par le géant canadien Rio Tinto-Alcan, la
logistique de la construction du pipeline Tchad-Cameroun, opéré par
Exxon-Mobil, et la logistique « door to door » pour le compte de Total
font partie des « références » camerounaises
.
S’il a abandonné les chantiers forestiers, le groupe Bolloré gère
toujours un parc à bois, grâce à sa Société d’Exploitation des Parcs à
Bois du Cameroun (SEPBC).Il contrôle par ailleurs d’immenses
plantations, soit directement, via Safacam qui exploite 8 400 hectares
de palmiers à huile et d’hévéas, soit indirectement, via la société
belge Socfinal qui gère 31 000 hectares de palmiers à huile dans le
pays.
La mainmise progressive, comme une pieuvre, du groupe Bolloré sur le
vaste patrimoine des pays francophone au Sud du Sahara ne sont pas sans
poser d’importants problèmes. Le premier d’entre eux est d’ordre
symbolique et politique. L’accaparement d’entreprises coloniales par de
lointains jeux financiers et la cession de secteurs stratégiques des
économies nationales africaines par le biais des privatisations, ne peut
qu’inciter les Camerounais à considérer l’intrusion de Bolloré comme
une forme de néo-colonialisme.
Beaucoup de Camerounais se sont par exemple interrogés, début 2008, sur
le limogeage du directeur général du Port Autonome de Douala (PAD),
Emmanuel Etoundi Oyono, par le président Biya... alors même que ce
dernier venait publiquement de le féliciter pour sa gestion du PAD. Ce
n’est actuellement un secret pour personne qu’il a payé en son temps la
remise en cause de certains avantages indus obtenus, pendant des années
par le groupe Bolloré ?
Quand bien même on exagérerait
l’influence politique de Bolloré, il est indéniable que son implantation
au Cameroun est ressentie comme une mutilation par une partie de la
population locale. C’est le cas par exemple depuis que le groupe a
obtenu, en partenariat avec le groupe sud-africain Comazar, le contrat
d’exploitation de la Regifercam (devenue Camrail). Construit dans le
sang à l’époque coloniale, nationalisé à l’indépendance en 1960, et
étendu au Nord et à l’Ouest du pays par la suite, ce réseau ferré était
devenu un des symboles de la souveraineté économique et de l’intégration
nationale du pays.
L’amertume est d’autant plus grande que la mise en concession a eu
pour conséquence l’augmentation des tarifs pour le transport voyageurs
et la fermeture des lignes « non rentables » : offrant de bien meilleurs
retours sur investissement, c’est surtout le « réseau utile »,
c’est-à-dire le transport des marchandises, qui a profité en priorité de
la mise en concession.
Aujourd’hui c’est le port en eau profonde de Kribi qui est dans son
collimateur ! Mais il se trompe car les camerounais et les Africain ont
cessé d’être dupe ! Les membres de la commission spéciale de passation
des marchés sont des cadres compétents et chevronnés qui font leur
travail avec tout le professionnalisme attendu d’eux.
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