«l’expérience nous prouve que le Renouveau porte la poisse comme la nuée porte l’orage, l’échec lui étant à ce point consubstantiel qu’à son contact l’or le plus pur se transforme en ordure». Les gouvernements Biya, qui se suivent et se ressemblent, symbolisent à merveille les terribles mots du porte-parole du gouvernement autoproclamé. Le Cameroun était un rêve. Il est devenu une cacophonie. Et le président Biya en personne s’en est rendu compte depuis 2006, lorsqu’il a commencé à s’interroger à haute voix sur la marche de notre pays, plus de 20 ans après, entre slogans creux et replâtrages.
En 2006, après 24 ans au pouvoir, le président déclare dans un discours qu’il est en train de «jeter les bases de la fondation d’une nouvelle économie». Trois ans plus tard, en juillet 2009, un rare conseil ministériel s’est tenu au palais de l’Unité après le remaniement ministériel du 30 juin de la même année. Il est baptisé «Conseil ministériel de l’espoir». Le président de la République va en profiter pour réaffirmer son objectif défini parce qu’il a baptisé la politique des «grandes ambitions». Il va cependant reconnaître l’échec de cette politique dans le bilan qu’il dresse lui-même, depuis le début de son premier septennat jusqu’à ce jour. «Si, incontestablement des avancées ont été réalisées, les résultats obtenus n’ont pas été à la hauteur de toutes nos attentes… … Pour dire les choses clairement, je crois que nous avons manqué de dynamisme. L’inertie que j’ai souvent dénoncée a repris le dessus. Malheureusement aussi, la corruption, même si elle est vigoureusement combattue, continue de freiner notre action », a-t-il reconnu devant ses ministres. En croyaient-ils leurs oreilles ? S’agissant du développement énergétique qui réponde à nos potentialités, il reconnaîtra que jusque là «trop de temps a été perdu.
Trop d’efforts dépensés en pure perte». De même que l’agriculture associée à l’élevage et à la pêche, secteurs qui devraient générer de grands projets agro-industriels, mais «qui dorment dans les cartons depuis des années». Le temps passe vite. D’année en année rien ne bouge. Le Cameroun s’enfonce. Les eaux débordent dans les deux métropoles de Douala et Yaoundé, réservoirs humains nourris par l’exode rural ; les équipements sociaux font défaut, le chômage s’aggrave…Déjà, à la faveur du réajustement ministériel qui avait vu l'arrivée de Philémon Yang, le président avait fait un constat d'un échec de ses directives du 7 mars 2008 quand, après avoir rappelé que "J'avais devant vous fixé au gouvernement un certain nombre de priorités parmi lesquelles figuraient l'accès à l'eau, à l'électricité, au logement ainsi que la protection du pouvoir d'achat;" Paul Biya n'est pas allé du dos de la cuillère pour reconnaître que " Si, incontestablement des avancées ont été réalisées, les résultats obtenus n'ont pas été à la hauteur de toutes nos attentes ".
Sinistrose
Des petites phrases qui mises bout à bout, traduisent l’impuissance d’un président qui ne veut et ne peut changer son fusil d’épaule. " Pour dire les choses clairement, je crois que nous avons manqué de dynamisme. L'inertie que j'ai souvent dénoncée a repris le dessus ". Une inertie à laquelle il faut ajouter "Malheureusement aussi la corruption, même si elle est vigoureusement combattue continue de freiner notre action ". Exit Inoni Ephraïm et le constat d’échec du programme énergétique : " Trop de temps a été perdu. Trop d'efforts dépensés en pure perte". Avec l’équipe Yang, le chef de l'Etat a remis au goût du jour les feuilles de route :"J'attends de ce gouvernement réaménagé qu'il donne un nouvel élan à son action en particulier dans les secteurs où une certaine forme de routine ou d'inefficacité paraît s'être installée ". On a beau changer de ministre ou de Premier ministre, aujourd’hui tout le monde sait que Paul Biya est responsable du gâchis trentenaire. Tenant des conseils de ministres quand il veut, sans baromètre pour vérifier les réalisations de développement.
L’Etat, c’est moi aurait dit Louis XIV ? L’immobilisme c’est Biya.
Nous sommes en 2013. Le président, qui n’a jamais trouvé réponse au problème camerounais continue de s’interroger : «mais d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise de décision constituent-ils encore des goulots d’étranglement dans la mise en œuvre des projets ? Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent sur aucune décision». Paul Biya décrit ainsi, impuissant, les conséquences de l’immobilisme de ses collaborateurs, mais aussi le sien sur la marche du pays. Travaille-t-il ?
Nous sommes en 2013. Le président, qui n’a jamais trouvé réponse au problème camerounais continue de s’interroger : «mais d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise de décision constituent-ils encore des goulots d’étranglement dans la mise en œuvre des projets ? Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent sur aucune décision». Paul Biya décrit ainsi, impuissant, les conséquences de l’immobilisme de ses collaborateurs, mais aussi le sien sur la marche du pays. Travaille-t-il ?
Trois mois plus tôt, Marafa écrivait : «le Cameroun doit être gouverné et la nation doit retrouver son unité: Le redressement économique du Cameroun ne peut pas s’effectuer dans un contexte d’immobilisme». Pour le prisonnier politique, «l’immobilisme résulte principalement de deux choses : l’agencement semi-présidentiel de nos institutions, qui conduit à la dilution de la responsabilité entre le chef de l’État et le Premier ministre; et le rôle accessoire auquel est réduit le parlement qui tient lieu bien souvent de simple chambre d’enregistrement. En termes plus simples, cela signifie que le Cameroun n’est tout bonnement pas gouverné». A aucun moment, le chef de l’Etat ne s’est fermement engagé à prendre personnellement les choses en mains : «je crois que nous avons des progrès à faire sur deux points importants : la primauté de l’intérêt général et la coordination de nos efforts».
Un réaménagement ministériel, un chef de gouvernement brocardé a souhait toujours en poste, un Etat qui sombre dans le vodou économique et social, un président qui, sans bilan prépare sa réélection à la tête de la République, Cameroun : des raisons d’espérer ? Oui, nous sommes un pays en chantier aux potentialités énormes, avec un gisement humain appréciable, où les jeunes ne se laissent pas dompter par la sinistrose. Demain leur appartient…
Edouard KINGUE
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