La diversité culturelle et linguistique sont l'une des plus grande richesse de notre pays. Elles façonnent nos identités, elles nous structurent. Les cultures qui se sont développés sur les terres camerounaises façonnent les individus que nous sommes. Toutes les cultures qui se sont développées chez nous ne sont pas toutes nécessaires, mais elles sont indispensables à notre " existé ". Le Cameroun tarde à être métis, il est divers, cette diversité est une richesse, elle est dans le vent, dans l'air, dans les eaux, dans nos arbres dans nos danses, dans nos rites. Non, nous ne sommes pas interchangeables et en tirer les conséquences. Cela ne veut pas dire que les différences culturelles sont impossibles à surmonter. Mais cela signifie que tout est une question de dosage.
Le mode de vie majoritaire
Si nous voulons vivre dans une société relativement harmonieuse, il faut que cette société ait une personnalité visible. Autrement dit, il faut que le mode de vie majoritaire puisse s'imposer, ce qu'il ne pourra faire qu'à la condition, précisément, de demeurer majoritaire. Or nous nous enfermons politiquement dans l'autochtonie, le Renouveau n'a pas été capable en 34 ans de dire aux uns et aux autres que nous sommes un peuple, que nous avons plus en commun, que nos différences sont une richesse et une particularité de notre peuple. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de lieux, de quartiers, voire de villes où les nouveaux arrivants sont majoritaires. " Au Cameroun, dit-il alors, les camerounais sont pauvres, improductifs, par le fait d'avoir écarté la norme et normalisé l'écart ". Il parle de la domestication du mal, du vice, de la luxure de tout ce qui éloigne l'Homme de l'autre et du monde avec lequel il devrait faire corps. Nos rues sont tous les jours le lieu de mise à mort collectif par un peuple en furie, qui se sent abandonner et qui croit se rendre justice en assassinant. Les téléphones portable immortalise cette montée d'adrénaline permanente et cultive l'indifférence. La loi républicaine a abdiqué, cette abdication est un fait institutionnel et politique, les magistrats sont accusés de corruption, les policiers arnaquent ceux et celles dont ils ont la charge d'assurer la garde et sécurité, les médecins ont déserté les hôpitaux, les parents ont démissionné d'un champ où les écoles ont rendu les armes depuis. Le politique aux affaires quant à lui, a toujours un porte-parole qui aligne des mots devant une presse au " garde à vous ", qui pose des questions préparées par le cabinet du ministre. La République n'est pas dans les ghettos et encore moins concentrée entre les mains d'une minorité. La République n'abdique pas même devant la loi du nombre et celle des armes.
La République du Cameroun est énoncée dans sa devise " Paix Travail Patrie ". Mais qu'est-ce que la Paix ? Ce n'est pas un intermède entre deux états de guerre, la paix c'est la quête permanente de la justice, du bien-être social, de la santé, c'est une absence durable de la misère. Voici ce que dit le préambule de la Constitution du Cameroun : " Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu'elle contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité de faire son unité, proclame solennellement qu'il constitue une seule et même nation, engagée dans le même destin et affirme sa volonté inébranlable de construire la Patrie camerounaise sur la base de l'idéal de la fraternité, de justice et de progrès ;
Qu'est-ce que le Travail ? Trait spécifique de l'espèce humaine, le travail est ce qui socialise l'homme et ce par quoi l'homme se socialise, la présence du pronom réfléchi " se ", marque à la fois la responsabilité de l'Homme mais aussi celle de la société dans laquelle il vit, les deux se fécondant en permanence, il n'y a pas d'homme sans société et il n'y a pas de société sans Homme. Les philosophes Francis Bacon, Henri Begson le démontrent à suffisance. Pour Begson, " le travail humain consiste à créer de l'utilité. " Cette utilité n'est utile que dans la nature transformée en société. C'est ce que démontrent Bacon quand il parle de " Ars homo additus naturae " formule que nous retrouvons chez Descartes notamment dans le Discours de la méthode dont beaucoup d'entre nous ont effleuré les rudiments dès la classe de terminale. Mais dês la classe de première voire de seconde si mes souvenirs sont exacts Aimé Césaire dans son projet de Retour au pays natal nous dit :
" Et venant je me dirais à moi-même ;
Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... "
C'est une invite au travail corps et âme, se mettre à son propre service pour son propre épanouissement, se mettre en service pour sortir de l'état de nature pour s'installer définitivement en société ; la société des hommes. Voilà ce que disent les principes fondamentaux de la République du Cameroun. Une chose est de le dire, une autre en est de les mettre en pratique, de les porter vers le peuple comme une hostie purificatrice et vivifiante. La République a failli et le Renouveau a trahi l'idéal républicain de ceux et celles qui ont versé de leur sang pour que le Cameroun soit admis comme pays dans le concert des Nations.
Crise de construction de l'identité camerounaise ou falsification de notre histoire commune ?
Depuis le départ d'Ahmadou Ahidjo en novembre 1982, la Nation a disparu du vocabulaire républicain, des manuels scolaire et du discours politique. Nous assistons à un repli tribal sans véritable identité et sans idéologie autre que la haine de l'autre. Ce discours haineux s'accompagne d'une falsification de l'histoire commune. Le nous-commun est mis en ensemble pendant que s'accélêre dans l'espace public l'individualisme. La solidarité nationale qui voudrait que l'Etat dans ses missions régalienne soutienne les plus démunis est quasi inexistante.
Le Cameroun fonctionne comme un pays sans héritage et donc sans avenir, l'espace public étant pris en otage par ceux et celles qui veulent tout ici et maintenant. Ceux-là invitent à tout rejeter, car ils ne veulent pas s'encombrer de ces vieilles lunes, futiles et dépassées. Or pour une société, quelle qu'elle soit, le refus de la transmission constitue un véritable risque d'appauvrissement. Alors demain est-il encore possible ? 2016 nous permettra certainement d'y apporter une réponse.
Dr Vincent-Sosthène FOUDA Socio-politologue
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