Camarade Emeh Elong, hier dans mon succinct post, je te disais que tu avais soulevé d'importants problèmes politiques. En effet, dans celui-ci, en contempteur inlassable et houspilleur de Woungly-Massaga, tu posais les questions de recrutement de militants, d'organigramme et de division de travail politique, d’œuvres sociales et, last but not least, de son âge et de son avenir politique.
Bien que ce soit sous le coup de l'émotion compréhensible qu'à probablement suscitée mon rappel, dans les débats désormais en cours, de la nécessité de bilan des uns et des autres, je crois qu'il est nécessaire que j'y donne une suite à la fois plus didactique et plus argumentée pour que tu comprennes le fond de ma pensée qui, j'espère, dans le cadre informel de la nécessaire formation militante permanente que doit constituer les échanges des militants de l'UPC, pourrait t'apporté de solides éléments d'une bonne compréhension de la praxis politique en général et des perspectives que doit ouvrir l'UPC en particulier. En effet, sur la question du nombre de militants que Woungly-Massaga aurait dû recruter, je crois avoir été suffisamment clair en te rappelant sans pinailler qu'il est non seulement saugrenu de demander à un secrétaire général de l'UPC du niveau de celui qu'à été Woungly-Massaga, de faire du recrutement et de la mobilisation comme doit le faire tout militant de base, mais il est très important encore, de comprendre que du haut de ses responsabilités qu'il a assumées avec brio, il a fait ce travail (recrutement/mobilisation) efficacement et bien mieux que les militants de base. Si dialectiquement, le président de la section de France de l'UPC dite des fidèles que tu es, ne comprends cette éminente subtilité et réalité, c'est qu'il a un réel problème de discernement politique et un déficit de contention d'esprit.
Dans le prolongement de la problématique des recrutements/mobilisation que tu poses camarade Emeh Elong, il transparaît clairement la question de l'organigramme de l'UPC et de la bonne compréhension de la division du travail dans un parti politique digne de ce nom. En effet, dans une organisation comme l'UPC, tout le monde fait tout sans faire la même chose (encore de la dialectique cher camarade Emeh Elong, mais nous sommes obligés d'y recourir). En clair, ceci veut dire que, un peu comme dans une automobile, la gomme ou le caoutchouc du pneu ne peut et ne doit pas penser qu'elle est l'alpha et l'oméga du tout, ni que sa situation d'être en contact permanent avec le plancher des vaches, est le fin du must. Non, ce serait une grave erreur et une réelle méconnaissance de l'ensemble de l'articulation du process car, pour que la gomme puisse rouler sur l'asphalte des 5000 kms de routes bitumées de notre pays ou sur la latérite des 145 000 kms du reste de nos pistes, il y a nécessairement et impérativement besoin de l'intervention et de l'action directes et indirectes de nombreux autres éléments (variables). Ce schème quelque peu sommaire mais suffisamment démonstratif est globalement valable pour l'articulation et le fonctionnement d'une organisation politique comme l'UPC. Chacun à son poste est indispensable dans le mouvement d'ensemble qui est requis pour faire tourner harmonieusement la roue en faveur des intérêts moraux et matériels de notre pays.
La question concernant les conditions dans lesquelles ont peut et doit faire la révolution (toi tu as parlé de l'autocratie régnante au Cameroun), je dois d'abord te dire que là tu soulèves en effet un problème fondamental. En effet, camarade, contrairement à ce que tu penses, l'on peut faire la révolution dans n'importe quelle condition et notamment même dans les pires des conditions. La révolution c'est un processus dynamique qui pose constamment de nouveaux problèmes qu'il faut simplement s'atteler à résoudre sur le plan théorique comme sur le plan pratique (solution concrète à des problèmes concrets). Il faut ajouter à ce qui précède le fait incontournable que l'on ne peut pas faire de révolution sans révolutionnaires. Il ya clairement une question d'hommes dans le processus dynamique d'une révolution. Je dirai même que la qualité des hommes, c'est l'un des déterminants pour la réussite d'une révolution. Pour étayer mon propos, je prends trois exemples de révolutions victorieuses et les hommes qui les ont conduites : La Chine ; Cuba ; et l'Afrique du Sud. Pourquoi ces trois exemples et pas d'autres ? Simplement parce que le fait qu'elles se soient produites sur trois continents, l'Asie, l'Amérique et l'Afrique, n'a absolument pas empêché leur réussite. Ceci permet donc de couper l'herbe sous les pieds de ceux qui notamment pensent que les mêmes causes sociales, économiques et politiques se produisant dans des continents différents, ne peuvent pas produire les mêmes effets. Et quel a été le principal déterminant de ces trois révolutions à succès ? C'est notamment la qualité indiscutable des hommes qui étaient à leur tête : Mao Tsé Toung en Chine ; Fidel Castro à Cuba et Nelson Mandela en Afrique du Sud. Citer ces trois hommes dont personne ne peut honnêtement nier l'exceptionnelle qualité, parce qu'ils incarnaient le processus, ne voudrait pas dire qu'ils étaient seuls. Mao avait a ses côté de brillants généraux et notamment le célèbre Chou En Laï ; Castro avait à ses côté l'illustre commandant Che Guevara et des hommes tels que Cienfuego et bien d'autres encore ; et Mandela avait à ses côtés de grands hommes comme Albert Luthili, Govan Mbeki, Christ Hani, Joé Slovo, First Ruth, etc, etc. Et ce ne sont pas les difficultés qui ont manqué à ces hommes de grande qualité qui ont simplement, résolument et intelligemment su y faire face et avancer jusqu'à la victoire finale de la cause pour laquelle ils se dévouaient. A t'entendre camarade Emeh Elong, j'ai l'impression que le « révolutionnaire » que tu es attendait que le régime de Paul Biya lui déroule le tapis rouge jusque dans le palais d'Etoudi, où lui serve « son » pouvoir sur un plateau d'argent. Non, ça ne fonctionne pas comme cela car, le pouvoir ne se donne pas, il s'arrache car, quand on en a une claire conscience, on sait qu'il engage non seulement la vie des hommes mais également le destin des nations. Des nations qui ont une grande idée de leur destin et que doivent absolument servir des hommes qui ont une certaine idée de la grandeur de leur nation.
Sur la question des œuvres sociales qu'auraient dû réaliser Woungly-Massaga depuis son retour au Cameroun, et la comparaison que tu fais maladroitement avec ce que les camarades Moukoko Priso et feu Docta Mackit auraient fait, je ne m'appesantirai pas la-dessus mais te rappellerai simplement que depuis son retour au Cameroun en 1990, Woungly-Massaga n'a pas travaillé et n'a donc pas bénéficié des conditions salariales lui permettant de faire comme ceux que tu cites en exemple. Et pour terminer, sur l'âge et l'avenir de Woungly-Massaga pour qui je te remercie de reconnaître enfin quelque mérite, notamment celui de pouvoir prodiguer des conseils éclairés, je vais te faire une confidence : Woungly-Massaga ne demande que cela avec cependant une condition importante, que ceux qui doivent bénéficier de ses précieux conseils soient à la hauteur de les mettre fidèlement et intelligemment en pratique et en oeuvre. Camarade Emeh, je te dis ce qui précède afin que tu saches que le problème en réalité ce n'est pas Woungly-Massaga. Le problème, ce sont des gens comme toi qui, parce que depuis plus de vingt-cinq ans, ils n'ont rien compris à rien, au lieu de regarder la lune que le doigt de Woungly-Massaga leur montre, passent tout leur temps à regarder le doigt de Woungly-Massaga qui leur montre la lune. Un véritable drame pour l'UPC du grand Ruben Um Nyobé et du Cameroun. Quant à son avenir sur le plan politique bien entendu, camarade Emeh Elong, ni lui ni moi ne nous en faisons du souci car, il est des plus éclatants. En clair, rien par exemple, n'empêche Woungly-Massaga d'être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2018 dont il serait alors, ne t'en déplaise, et j'en suis sûr, le principal événement. Si tel est sa décision après que nous en ayons bien évidemment discuté comme d'habitude lui et moi, son singleton proche collaborateur depuis 1989, il est bien entendu que je prendrai volontiers la direction de sa campagne qui, je peux t'assurer fera date dans les annales de l'histoire de notre pays.
A quatre-vingt-trois ans, le président Biya qui est, je te le rappelle, plus âgé que Woungly-Massaga, est encore aux affaires et semble même vouloir s'y éterniser. Au nom de quoi, Ngouo Woungly-Massaga qui dans des conditions indicibles a été épargné par le destin, avec les états de service qui sont les siens, n'aurai-il pas le droit de prétendre diriger le Cameroun à partir de la plus haute marche des institutions du pays ? Qu'on nous dise pourquoi ?
Home / Jean-Pierre Djemba
/ Réponse politique aux questions du Camarade Emeh Elong sur Woungly-Massaga par Jean-Pierre Djemba
- Blogger Comment
- Facebook Comment
Inscription à :
Publier les commentaires
(
Atom
)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.