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JE SUIS DE L'OUEST. JE SUIS BAMOUN. AUCUN APPEL REGIONAL EN FAVEUR D'UNE PRESIDENCE ETERNELLE DE PAUL BIYA NE M'ENGAGE ! par ABDELAZIZ MOUNDE

Mes parents m'ont donné le nom de Moundé Njimbam, dans la tradition des patronymes de la terre d'une partie de mes ancêtres, le pays bamoun. Une des composantes majeures des hautes terres, le grassfield camerounais : la Région de l'Ouest.

Terroirs industrieux, sublimes de luxuriance, aux paysages somptueux, fertiles de leurs produits et singuliers par une tradition d'art riche, celle qui s'expose, se négocie et est étudiée à travers le monde. Terre aussi d'une partie des exactions macabres de l'armée française au Cameroun pendant la guerre menée à ces héros, martyrs et braves hommes qui ont lutté pour notre indépendance.

Celui de la profonde, exaltante et plurielle culture bamoun, et de cette civilisation que le roi Njoya a hissé aux sommets de l'innovation, de l'inventivité et de l'inscription de l'Afrique dans l'universel. Cette passion pour la langue, l'histoire et la patrimoine du peuple de Claude Ndam en tire une source inépuisable, irriguée par les eaux du Noun et la brume des vallons, coteaux et piémonts de Foumbot, Mbappit ou de la Mapé. C'est pourquoi, je donne temps, énergie, modestes ressources et intelligence, depuis de nombreuses années pour son lustre dans le monde. C'est aussi pourquoi l'ensemble des projets de valorisation du patrimoine du roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya sont les miens.

- Celui de la passion du Cameroun. C'est grâce à l'école républicaine et à mes parents, qu'un intérêt tous azimuts pour les beautés, les talents, le patrimoine, la musique, le génie et les milles facettes du pays de Francis Bebey sont devenus des totems à explorer, des mystères à dévoiler et des enjeux à décrypter.

Par la radio et ses programmes fédérateurs, ces pépites de Rémi Minko, René Dieudonné Fouda, Daniel Zock Ambassa, dont l'écoute m'était imposée, tout comme les fulgurances de Gerba Malam, Jean-Claude Ottou et de bien d'autres figures de grand talent, que j'ai découvert mon pays.

Que j'ai compris que Sam Fan Thomas, Toto Guillaume, Ali Baba, Claude Ndam, Sammy Mafani, Eko Roosevelt, Francis Ndom n'étaient pas que bamiléké, bafut, douala, batanga, bamoun, haoussa ou bakwéri. Qu'ils étaient, comme le rappelait le texte des Actes du Colloque sur l'identité culturelle camerounaise (1985), repris dans le libéralisme communautaire de Paul Biya, des éléments d'un bouquet bariolé, paré de mille couleurs, formant un tout, celui du patrimoine d'un seul et même pays, dont ils magnifiaient par l'expression et la déclamation des langues locales, le jeu virtuose des rythmes, les influences et apports du monde, la singularité du Cameroun.

- Celui de l'Afrique et de son rapport au monde. Tout petit déjà, inscrit à la bibliothèque du centre culturel français de Yaoundé ou après les spectacles de théâtre camerounais à l'Institut Goethe, je posais la question à mes parents de savoir pourquoi l'on était obligés de venir découvrir l'Afrique et lire des livres dans des centres étrangers. Leurs réponses, davantage liées au manque de structures et à l'indigence des programmes scolaires en la matière, m'ont porté sur des chemins de découverte, d'exploration de la réalité et de l'histoire du continent-matrice de l'Humanité. Un bonheur !

Grâce à eux, je suis donc devenu un citoyen, attaché au patrimoine de ses ancêtres bamoun, résolument passionné par le Cameroun et l'Afrique, ouvert sur le monde. Fort de cela, j'ai appris à être libre. De mes engagements, de mes idées, de mes opinions. Elles ne procéderont jamais d'une orientation ni tribale ni communautaire.

Dans la vie politique, plus que jamais, il faut que les camerounais travaillent à sortir du corset tribal, régional ou ethnique. Je suis représenté quand je suis à Yaoundé, ma ville d'amour et de naissance, par le député, le maire, des élus dans le cadre de la République et de la démocratie. Quand il s'est agi de voter en France, après l'autorisation du vote des camerounais de l'étranger, je n'ai pas choisi en fonction d'un appel communautaire, régionaliste ou ethnique, mais en mon âme et conscience.

Les intérêts des populations camerounaises devraient, se définir, de mon point de vue, en conformité avec l'idée républicaine, d'abord en fonction des objectifs de développement global de notre pays, de solidarité nationale et d'aspirations communes.

Si Zilly dans l'Est-Cameroun n'a pas d'écoles depuis 5 ans, je me sens tout aussi concerné, préoccupé et affligé que s'il s'agit d'une école à l'abandon à Malantouen.

Si des agriculteurs doivent faire 8 h de trajet pour parcourir 100 km entre Lolodorf et Ebolowa, je suis encore pleinement touché, car il s'agit d'un impact sur la vie de mes concitoyens.

Si à Linté à 100 km de Yoko, il n'y a plus de vie, pas d'électricité, comme pour des milliers de Camerounais dans la forêt profonde, c'est une situation qui empêche le sommeil, car personne n'est fière de répéter ce genre de choses à l'étranger. Si, il faut en 7 h que les mototaximen transportent dans leur dos des cadavres, par manque de centres de santé et de morgue dans le coin, de Yoko à Linté, c'est une honte nationale.

   Il en va de même pour chaque dérive, manquement et absurdité de la vie nationale.

Je ne suis pas pour la logique de partage du gâteau national avec des élites en tête de pont. Elle a fait ses limites et exige que nous repensions notre rapport à la République et de manière générale au Cameroun. Elle nous oblige également à toiletter en profondeur la notion d'équilibre régional, élément de stabilisation dans notre pays.

C'est pourquoi, le bal des appels régionaux ou départementaux est une pratique qu'il faut désormais reléguer aux oubliettes et envisager de laisser libre les citoyens d'exprimer chacun leurs positions et le choix de ceux à qui ils confient notre destin. Je m'engage pour cela.

Correspondance : ABDELAZIZ MOUNDE
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