Le leader du MRC et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, Maurice Kamto, a saisi l'occasion de la 50e édition de la fête de la jeunesse pour déclarer son amour à la jeunesse camerounaise. Curieux.
Dans sa lancée, il se prend les pieds dans le tapis en affirmant que " rien en ce moment ne justifie l'urgence d'une élection présidentielle anticipée ", alors qu'une semaine plus tôt, le 4 février 2016, il ne semblait pas avoir d'objection contre une présidentielle anticipée, puisqu'il a publiquement déclaré à Douala : " [n]ous irons aux élections, quel que soit l'endroit, quel que soit le lieu et quel que soit le temps " (Le Jour du 5 février 2016).
Et alors surtout qu'en sa qualité de constitutionnaliste, il sait fort bien que les autorités investies du pouvoir de proposer une révision de la constitution utilisent cette prérogative de manière discrétionnaire sous tous les cieux et qu'il incombera par la suite à l'autorité chargée de convoquer le corps électoral de choisir discrétionnairement le jour et l'heure, dans le cadre constitutionnel en vigueur.
L'on s'étonne aussi qu'un prétendu héraut de la démocratie n'applaudisse pas des deux mains l'hypothèse - qui reste à confirmer d'une révision de la constitution visant à réduire le mandat du chef de l'Etat de sept à cinq ans et à limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, ce qui permettrait d'entrevoir la perspective d'une alternance au Cameroun à brève échéance. D'autant que l'alternance est à la fois une exigence irréfutable du libéralisme politique et une caractéristique fondamentale de la démocratie.
Incohérences
Plus grave, alors qu'à peine 1/5e seulement de son " message à la jeunesse " vise directement les jeunes, cet ancien ministre de Paul Biya - pendant sept ans - affirme, contre toute évidence, que " [l]a jeunesse est au cœur [du] projet de société " du MRC. Ces incohérences montrent que la déclaration d'amour du leader du MRC à la jeunesse est surtout intéressée et calculée. Le leader du MRC y invite en effet déjà les jeunes à s'inscrire massivement sur les listes électorales pour lui donner des suffrages.
Venant d'un ancien ministre qui reconnaît lui-même que c'est seulement " depuis trois ans " qu'il s'intéresse à la jeunesse camerounaise, alors que d'autres la servent depuis bien plus longtemps, cette déclaration relève largement de l'imposture. L'on est surpris que Maurice Kamto prône " une formation académique et une formation professionnelle de haute qualité ", alors même que c'est seulement au soir de sa longue carrière d'enseignant d'université qu'il a pensé à mettre, par le truchement des éditions de l'Université catholique d'Afrique centrale (UCAC), un support didactique de sa spécialité majeure, le droit international public, à la disposition des étudiants camerounais.
Chacun sait désormais que c'est un ouvrage largement plagié. Mais ce n'est pas tout. Ce qui caractérise fondamentalement cet ouvrage paru en 2010, retiré du marché depuis plusieurs mois pour cause de plagiat, c'est qu'il contient nombre d'exercices corrigés préparés entre 1994 et 2002, sans la moindre mise à jour. C'est donc un mauvais livre que Maurice Kamto a réservé aux étudiants camerounais.
Pourtant, ses travaux scientifiques publiés en Occident ou dans le cadre de d'Institutions marquées par une forte présence occidentale contiennent toujours la dernière pureté scientifique en la matière. C'est dire que l'interpellation du président Biya, avec son penchant bienveillant pour la jeunesse, suivant laquelle chacun doit " accompli[r] sa tâche avec amour de la patrie " interpelle Maurice Kamto au premier chef, lui qui a tant de fois trahi la cause de la jeunesse à laquelle il a reçu mission de donner une formation de pointe.
Via Dikalo : JAMES MOUANGUE KOBILA
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/ Maurice Kamto aime-t-il la jeunesse camerounaise ? par JAMES MOUANGUE KOBILA
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