Le directeur du cabinet civil de la présidence de la République a publié une logorrhée pour répondre à une question qui avait été posée à Paul Biya. Or le président de la République y avait répondu.
Belinga Eboutou, dans ses envolées lyriques, oublie certainement les multiples discours de Paul Biya. Discours dans lesquels le chef de l'Etat dénonce l'immobilisme qui gangrène l'administration publique camerounaise. Le 31 décembre 2013, Paul Biya s'est épanché sur l'inertie ambiante au Cameroun en indexant le gouvernement qu'il a nommé en décembre 2011. Près de deux ans après cette liturgie de la parole, aucune nomination ministérielle n'a eu lieu au Cameroun. Cliché parfait de l'immobilisme. Nul ne sait la périodicité des conseils de ministres au Cameroun. Nul ne peut s'hasarder à dire la date de la prochaine session du conseil supérieur de la magistrature.
Ces indicateurs cycliques d'immobilisme paraissent être des épiphénomènes aux yeux de Martin Belinga Eboutou. Il n'en a pas fait allusion. "Il est pourtant aisé pour tout esprit lucide et objectif de se rendre compte que, au Cameroun, longévité n'est pas synonyme de dictature ou de despotisme, que la longévité n'est pas synonyme d'immobilisme. " Vrai ? En tout cas, le démenti est dans les discours de Paul Biya. Le directeur du cabinet civil est certainement resté insatisfait de la réponse donnée par Paul Biya à la question du journaliste français le 3 juillet dernier lors de la visite de François Hollande au Cameroun. " Vous êtes au pouvoir depuis 1982, ce qui fait de vous l'un des plus vieux présidents de la planète- Est-ce que vous imaginez qu'un nouveau mandat serait le bienvenu ou est-ce que vous comptez plutôt passer la main- ? "
Telle est la question posée à Paul Biya par Gérard Grisbeck. Le journaliste français avait eu une réponse, Paul Biya n'ayant pas éludé la question. Le chef de l'Etat avait indiqué que l'échéance électorale de 2018 est certaine mais encore lointaine. Mais Martin Belinga Eboutou donne l'impression de n'avoir pas été satisfait par la réponse que Paul Biya avait apportée à la question du journaliste français. Car, rien n'explique que le directeur du cabinet civil de la présidence de la République publie cette logorrhée. Comme si Paul Biya avait dit ce qu'il n'aurait pas dû dire. Et lui, Martin Belinga Eboutou, le détenteur des faits exacts, restitue donc les faits dans leur contexte. Le directeur du cabinet civil de la présidence affirme que : " Le Cameroun de Paul Biya n'est pas une dictature et ne vit pas sous la ferrure d'un despote.
Le Cameroun de Paul Biya est un pays qui bouge, qui poursuit résolument, sans tambour ni trompette, sa marche pacifique vers la prospérité et l'émergence." Curiosité stylistique : le directeur du cabinet civil parle du " Cameroun de Paul Biya ", sans justifier ce subliminal de propriété. Mais, le mot est lâché : le Cameroun est une propriété de Paul Biya. Belinga Eboutou en profite pour lister le bilan des réalisations de Paul Biya à la tête de l'Etat du Cameroun depuis 1982. "Avec un homme aussi calme, ferme et rassurant, le peuple se sent en sécurité. Cette valeur de tolérance, qui revient de manière récurrente dans son discours, traduit l'attachement du président Paul Biya à la paix. Elle révèle en même temps le secret de sa longévité politique."
Martin Belinga Eboutou axe son discours sur la longévité à laquelle il ne trouve que des vertus. Il ne s'étend pas sur le volet de la question qui parle de Paul Biya comme faisant partie des plus vieux dirigeants de la planète. Il essaie cependant de démontrer que le chef de l'Etat est hyperactif. Il nie certainement une évidence biologique : un homme de plus de 82 ans qui a déjà passé 32 ans au pouvoir ne peut pas avoir une hyperactivité comme celle qu'il décrit. Le directeur du cabinet civil oublie que le chef de l'Etat camerounais est le plus absent des sommets internationaux. Pourtant, a contrario, il est celui qui séjourne le plus à l'étranger. Paul Biya passe souvent trente jours d'affilée en " court séjour privé " en Europe.
Un cliché inimaginable même dans la plupart des pays africains. On aurait voulu que Martin Belinga Eboutou dise que ces longues absences de Paul Biya sont un indicateur de vitalité.
Essingan : Fabiola Mendome
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