
Je vous écris très
respectueusement comme on écrit aux nuls, pas que vous le soyez mais simplement
parce qu'il s'agit d'un moment historique et grave dans la vie de notre nation,
l'affaire des régions du sud-est et du nord-ouest de notre cher et beau pays le
Cameroun.
Je voudrais faire très
simple et bien humblement car tout a été dit par des Camerounais à bien des
égards mieux qualifiés parce que vivant au pays et ayant été sur le terrain
depuis les marches malheureusement réprimées des avocats jusqu'aux actes
inqualifiables qu'ont subis à la fois la nation à travers ses symboles dévoyés
par certains et les traitements inhumains qu'une certaine jeunesse estudiantine
a reçus d'une minorité de soldats passionnés.
Excellences,
J'ai suivi attentivement les
dernières réactions du gouvernement avec la sortie du ministre de la
communication TCHIROMA et les arrêtés du ministre SADI. Il m'est apparu comme à
tous que vous avez changé de cap pour rendre les revendications moins vraies et
valoriser l'idée qu'un petit groupe marginal souhaite déstabiliser notre cher et
beau pays. Ce qui est comme vous le savez une manoeuvre dilatoire digne des
dictatures pour étouffer au nom de la lutte contre des sécessionnistes, ennemis
de la nation des velléités plutôt démocratiques. Le Cameroun ne dispose pas de
sécessionnistes, le cas échéant, ils seraient très marginaux. La politique du
gouvernement ne peut pas être dans cette circonstance celle destinée aux
marginaux.
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Excellences
Pourquoi pensez-vous que
vous avez le monopole de l'esprit que les Camerounais doivent se faire de leur
pays ?
Pourquoi pensez-vous que le
vivre ensemble au Cameroun doit relever
d'un schéma , le vôtre qui fut tracé par nos pères fondateurs que vous n'avez
pourtant jamais honorés ?
Qui ne se souvient de la
démission de JOHN NGU FOCHA le 9 juin 1990 ?
Excellences, en 1966 FONCHA
fut aux avant-postes de la formation du parti unique l'UNC (Union nationale
Camerounaise) après que son parti le Kamerun National Democratic Party fut
phagocyté par l'UNC, le parti du Président Ahmadou Ahidjo. En 1970, la désillusion
fut grande lorsque le président Ahidjo le remplaça au poste de
Vice-président du Parti. Il se retira de la vie politique et accéda alors au
poste honorifique de Grand Chancelier des Ordres Nationaux bien plus tard, en
décembre 1979.
Excellences, avec Paul BIYA
Il reviendra au devant de la scène au sein du Rassemblement démocratique du
peuple camerounais(RDPC) jusqu'à sa démission. Le 9 juin 1990. Il démissionne
de son poste de Vice-président du RDPC et se retire une fois de plus. Le 18 juillet
1990, il est remplacé au poste de Grand Chancelier des Ordres Nationaux. Il
deviendra par la suite un opposant, proche des indépendantistes du Southern
Cameroon national council. En 1994, il conduit la délégation du de ce mouvement
à l'ONU pour demander plus d'autonomie pour les provinces anglophones. Le 10
avril 1999, John Ngu Foncha décède. L'aviez-vous traité dignement ? Sa
démission fut considérée avec mépris comme un non événement son Excellence Paul
BIYA.
Excellences
Vous êtes au pouvoir, vous
en jouissez énormément mais vous en abusez. Redevenez des humains, humbles et
fragiles.
Vous répondez à un peuple
qui vous demande un peu de considération par des attitudes d'une autre époque.
Pourquoi le fédéralisme vous pose-t-il problème ? Pourquoi la décentralisation
est-elle un problème ? Le Cameroun vous appartient-il ? Des camerounais
n'ont-ils plus aucun droit sur leurs institutions.
Excellence monsieur le
Président Paul BIYA
L'opération épervier que
vous diligentez depuis quelques années devrait vous pousser à plus d'humilité.
Elle démontre s'il en était besoin que le pouvoir centralisé qui vous rend
maître de tout a des limites énormes. Comment pouvez-vous justifier que le
Cameroun vous confie son patrimoine et que des collaborateurs que vous nommez
se servent de tant de milliards. C'est toujours sur le tard que vous vous en
rendez compte et en arrêtez quelques uns.
La décentralisation est
nécessaire. Les présidents de région doivent être élus. Le pouvoir central doit
conserver des postes régaliens notamment ceux liés à la défense du territoire
et à l'international. Pourquoi chaque région ne peut-elle pas gérer ses
ressources ? Vous êtes bien conscients qu'il n'y a pas un problème anglophone,
mais qu'il y a une frustration générale liée à votre management.
Plus de 70% des ordonnateurs
de crédits et gestionnaires sont de la même " grande région ". Cette
" grande région " est par ailleurs francophone. Un peu de syllogisme
nous ferait comprendre davantage que cette frustration ait lieu.
Lorsque les régions
anglophones se plaignent, on perçoit le sujet d'ailleurs comme étant
un problème linguistique. Mais dans la réalité, même chez les francophones, on
trouve dans votre gestion de ressources humaines beaucoup à redire. La gestion
tribale du pays a laissé des frustrations qu'il vous incombe de réparer avant
de partir. De grâce excellence, accélérez la décentralisation et
offrez à nos frères anglophones quelques strapontins sur les 6 grands corps de
l'Etat. Aujourd'hui, ils n'ont que le premier ministère. Il y a des choses à
revoir. Le fédéralisme ne retire rien à l'unité nationale. Les Etats-Unis, le
Canada, La Belgique, l'Allemagne etc. sont des Etats fédéraux. Or ils demeurent
un pays, une nation. La France est à bout de souffle et veut accélérer la
décentralisation car le centralisme est un système injuste et réducteur.
Oui, on peut revoir la forme
de notre Etat tout en restant Camerounais. Ne confondons pas les revendications
de nos frères liées aux frustrations que nous leur avons infligées avec la
sécession. Tout Camerounais souhaite le demeurer en tout cas la grande majorité
où qu'elle se trouve sur le territoire aime à demeurer camerounais malgré cette
gestion opaque et très ethnique qui peut devenir un projet politique, celui de
dire plus jamais ça.
par JEAN-CLAUDE
NDJAMEN, Journaliste/Ecrivain
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