
Le patron du Cnc a ainsi averti " les médias contre
toute publication ou diffusion des propos tendant à faire l'apologie de la
sécession et du fédéralisme, sous peine des sanctions prévues par la
réglementation en vigueur, allant de la suspension temporaire à l'interdiction
définitive d'activité". Cette sortie du Cnc ne saurait être jugée
d'inopportune en ce moment. La guerre contre Boko Haram, les menaces de
sécession des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du pays, obligent les
médias à avoir des traitements vigilants de l'information, à une conduite
hautement professionnelle des émissions interactives organisées dans
l'audiovisuel.
Le Cnc est dans ses missions de veille et de rappels,
afin que nul n'en n'ignore. Dans certaines rédactions, on n'a pas attendu cette
mise en garde du gendarme de la communication pour faire ce qu'il y avait à
faire. Cependant, le Cnc a mis dans le même panier les appels à la sécession et
du retour au fédéralisme comme des dérapages professionnels. Pour le premier,
la Constitution souligne, en son article 1er alinéa 2 , que la "
République du Cameroun est un Etat unitaire décentralisé. Elle est une et
indivisible, laïque, démocratique et sociale". Il est hors de
question de revenir dessus.
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Par contre, le fédéralisme est une option politique d'un
gouvernement. Il faut que cette option soit expliquée de manière convaincante
aux populations, par les dirigeants qui l'ont choisie. Expliquer cette option
est synonyme de débat ouvert et contradictoire. Les intellectuels, les
journalistes et les politiques doivent prendre part activement à celui-ci. Le
Cnc devrait-il donc l'interdire, dans une société dont les options démocratiques
sont clairement proclamées dans la Loi fondamentale ? La réponse ne peut-être
que négative.
Les politiques camerounais se sont positionnés sur le
centralisme jacobin comme mode de gouvernance. Ce fut un quasi dictat en parti
unique de cette époque-là. Aucun débat démocratique n'avait précédé cette
option. Les résultats auraient été surprenants car, à scruter les horizons où le
fédéralisme constitue une option pour le fonctionnement de l'Etat, par leur
proximité avec l'appareil gouvernemental, les populations se sont toujours
senties impliquées dans la gestion publique et les résultats ont aussi suivi
cette implication, instaurant ainsi une transparence insoupçonnée.
Il convient donc d'éviter de brandir l'option fédéraliste
comme s'il s'agissait d'un fauve ou d'un risque de péril démocratique. Il faut
surtout éviter la surenchère contre ceux qui en parlent. En politique comme en
gestion, rien n'est jamais acquis à vie. Tout change tout le temps. Les choix
d'hier peuvent être revus aujourd'hui, toujours dans le souci de rechercher
l'excellence et le bien-être de la communauté. Ils faudrait bien que les
politiques descendent dans l'arène pour expliquer et convaincre. Il n'y a point
de place à la menace en démocratie. Il faut débattre, persuader et convaincre.
Ce rôle-là incombe aussi au Cnc, surtout lorsqu'il veut
arborer les habits du porte-parole des pouvoirs publics. Il s'expose, en le
faisant, à la critique la plus acerbe et impitoyable venant surtout des médias.
Mutations : Xavier Messè
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