Cette observation est valable tant pour ce qui concerne les questions de la vie
quotidienne, que pour les sujets aussi sérieux que les résultats des élections.
Point n’est besoin d’avoir des représentants dans tous les bureaux de vote (ce
qui, du reste, est une aberration, au regard de l’impartialité textuelle de l’organe
en charge des élections). Il suffit d’avoir un contact qui dans la police, au parti au
pouvoir, un parti allié ou simplement les faveurs d’un voyageur ayant été dans
un coin pour se faire une idée des résultats globaux dans la zone. Ce qui se fait
d’ordinaire, de manière tout à fait naïve, généralement autour d’une bière, dans
un taxi ou au « deux zéros ». Surtout que, aux termes de l’article 113, la loi
électorale dispose que : « Immédiatement après le dépouillement, le résultat
acquis dans chaque bureau de vote est rendu public.»
Cette disposition, on s’en doute, donne latitude à toute personne, un tant soit
peu intéressée par le processus électoral, d’avoir une idée des plus précises de
la vérité issue des urnes, du moins dans les bureaux supervisés.
Or, avec les moyens technologiques actuels, il est tout à fait impensable qu’un
grand nombre de bureaux ne soient pas couverts 24 heures après. L’on peut,
peut-être, comprendre qu’une seule personne, en un si laps de temps puisse se
prévaloir d’avoir l’ensemble des résultats. Mais, à bien y regarder, qui peut, au
Cameroun, dire qu’il ne connait personne dans les démembrements territoriaux
d’ELECAM ; qu’il ne connait personne dans chacun des grands corps de l’État ;
qu’il n’a aucun ami, camarade et autres connaissances disséminées à travers le
triangle national ? Comment s’imaginer que les forces de sécurités envoyées sur
le théâtre des opérations, soient exonérées de faire un rapport circonstancié à
leur supérieur hiérarchique, images à l’appui ? Pour avoir assisté auxdites
opérations, nous pouvons témoigner de ce que lesdites forces sont de bons
observateurs électoraux et peuvent, dans le détail le plus déroutant, vous dire
exactement les constations lors du vote, puisque, quelques fois, même si elles
n’étaient pas dans leur rôle, elles ont parfois aidé les électeurs perdus à retrouver leur bureau de vote, et parfois même, ont aidé certains à pouvoir voter
à l’heure limite, conscient de ce que certains camerounais sont réputés être des
citoyens de la 25ème heure…
Ajouté aux éléments ci-dessus, il y a la clameur publique, cet élément décisif qui
permet d’avoir la « température » dans un coin à l’issue d’un événement, a
fortiori les élections. En effet, lorsque l’essentiel de la population est acquise à
un parti, ça se sait et son attitude est parlante dès lors que les choses se passent
bien, ce qui est tout aussi vrai lorsque c’est l’inverse.
On comprend dès lors que le journal Mutation de ce jour, 11 octobre 2018, ait
pu titrer « Présidentielle 2018 : Tiercé gagnant sans le SDF ? ». Il va de soi que
l’interrogation ici est trompeuse puis qu’il s’agit bien d’une vérité que tous les
vrais acteurs du processus, dès la fermeture des bureaux de vote, savaient déjà.
Du coup, à quelques exceptions prêtes, l’on peut dire, sans grand risque de se
tromper, que les résultats de la dernière élection présidentielle au Cameroun,
ne sont ni plus, ni moins, qu’un secret de polichinelle.
Le Conseil Constitutionnel ne nous démentira pas.
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