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Joseph ANGOULA ANGOULA : Lettre à AMA TUTU MUNA, Ministre des Arts et de la Culture :: CAMEROON

OBJET : Gestion du droit d’auteur

Madame la Ministre,

Nous avons l’honneur d’appeler l’attention de Votre Excellence sur la nécessité absolue de prendre des mesures énergiques, salutaires et urgentes qui, seules, pourraient encore susciter quelque foi dans le système de la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical au Cameroun tel que voulu par le peuple camerounais à travers la loi N°2000/011 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins du droit d’auteur et au décret N°2001/956/PM du 1er novembre 2001 fixant les modalités d’application de ladite loi.

Pour parler de la SOCAM, dont la grande controverse autour de sa création illégale en juin 2008 comme celle autour de son fonctionnement peu orthodoxe aujourd’hui resteront comme des scandales inédits  en matière de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins au Cameroun, la question de la réparation des conséquences d’un tel naufrage se pose avec acuité. En premier, à l’Etat camerounais notamment. Et même les plus fervents partisans de la SOCAM le reconnaissent désormais :

Les graves malversations grandement décriées et qui ont été à l’origine du limogeage du directeur général, Aron Kabelok, et Odile Ngaska ancienne PCA de la SOCAM sont révélatrices de la débâcle qui saute à l’œil nu ;

Plusieurs mois de salaires impayés au niveau du personnel ;

Des répartitions en dents de scie ;

Aucune certification des états de recettes et dépenses depuis 2008 par des commissaires aux comptes élus ;

Aucune assemblée générale ordinaire pour approuver les comptes et les bilans depuis 2008 ;

Un lourd passif de plus de 700 millions de FCFA en quatre exercices ;

Des perceptions directes sans que les fonds n’arrivent dans le compte de dépôt spécial ;

Des quittanciers parallèles en circulation ;

Le fameux « agrément » de la SOCAM désormais forclos ;

Pour finir, on n’en parle pas souvent mais Votre Excellence sait-elle que la SOCAM est en cessation de paiement ? Par conséquent, doit-elle encore continuer ou non ses activités ?

Résultat des courses : Cette société de droit d’auteur – fictive en droit, est aujourd’hui engluée, engoncée, embarquée dans l’affairisme, la gesticulation, la volatilité, l’arnaque, le mensonge, la délation et l’argent roi, sale, facile……

Pour 100 fois moins, la CMC s’est vue retirer abusivement son agrément en 2008. D’autre part, en date du 10 Mai 2008, monsieur Samuel MBENDE avait été arrêté un samedi pour malversations sans une seule preuve. 

Mais aujourd’hui, et de manière criarde, avec plusieurs preuves, on assiste à une sorte de deux poids-deux mesures qui surprend par ses incohérences.

Pire encore,  la Commission permanente de médiation et de contrôle des sociétés de droit d’auteur (CPMC), dont la complicité déconcertante avec cette incurie ne manque pas de surprendre, annonce l’organisation d’une assemblée générale extraordinaire de la SOCAM le 18 Septembre 2013 pour élire, apprend-on, de nouveaux dirigeants à la solde du ministère des Arts et de la Culture.
 
Aussi, le Syndicat camerounais des professions de la musique (SYCAPROM) souhaite-t-il attirer l’attention de Votre Excellence sur les risques à terme des manifestations de protestation et des guerres des clans annoncées ça et là par les artistes à travers la République pour s’opposer à une telle démarche. En cette période préélectorale qui est particulièrement sensible, de telles dérives  pourraient exposer notre pays à une déstabilisation aux implications imprévisibles, insoupçonnées et insoupçonnables.

Face aux réalités ci-dessus évoquées et qui ne sont pas nouvelles, une mesure courageuse et décisive de la part du ministère des Arts et de la Culture serait que Votre Excellence en tire toutes les conséquences en annulant la tenue de l’assemblée générale extraordinaire de la SOCAM du 18 septembre prochain et opter pour un consensus général qui mettrait autour d’une table tous les artistes pour des discussions sérieuses et profondes avec tous les leaders du milieu musical.

Une telle décision, qui serait de nature à promouvoir la paix et non la balkanisation du droit d’auteur du domaine musical comme c’est le cas aujourd’hui avec la CMC d’un côté et la SOCAM de l’autre.
Nous ne nous interrogerons jamais assez sur ce qui s’apparente décidément comme une grande première au ministère des Arts et de la Culture : le flou artistique sur une simple question de droit découlant malheureusement d'un abus manifeste de ce département ministériel immédiatement rappelé à l’ordre par une décision de la Cour Suprême ayant eu l’autorité de la chose jugée.

C’est le débat au Cameroun concernant la gestion collective du droit d’auteur de l’art musical et c’est sur ce point fondamental, entre autres, que le SYCAPROM demande aujourd’hui au ministère des Arts et de la Culture de clarifier enfin sa position.

De ce qui précède, sauf si la Commission permanente de médiation et de contrôle des sociétés de droit d’auteur a une autre lecture de la triste réalité de la SOCAM aujourd’hui et surtout du droit, il nous semble incroyable que son président se satisfasse de toutes les incohérences et autres incuries dans cette société fictive en droit et en cessation de paiement au point de vouloir organiser une assemblée générale extraordinaire financée curieusement par le ministère des Arts et de la Culture pour sa relance.

Un autre point essentiel est à souligner : s’il est évident que les décisions, qui ont abouti à la création de la SOCAM par le ministère des Arts et de la Culture en 2008 sont de nul effet, un autre point, pourtant tout aussi fondamental, est rarement évoqué mais témoigne à lui seul de l’illégalité de l’essentiel des activités de cette société. Il s’agit de la question des droits patrimoniaux  (droit de représentation et droit de reproduction), dont dispose la SOCAM, qui sont le fondement des perceptions qu’elle facture et encaisse auprès des usagers et des producteurs.

 En effet, il résulte de l’article 2.1 des statuts de la CMC que les artistes qui en sont membres (auteurs, compositeurs et éditeurs) ont fait apport de leurs droits patrimoniaux pour une période de dix ans au minimum. Et lorsqu’un membre souhaite, pour tout ou partie de ses droits patrimoniaux, quitter la CMC pour adhérer à une société de gestion collective à l’étranger, il doit au préalable être autorisé par le Conseil d’Administration (article 2.2 des statuts).

Dès lors, la SOCAM n’a pas de répertoire. Elle exploite illégalement un répertoire musical sur lequel elle ne détient aucun droit ! Donc, en pleine insécurité juridique, ses actions étant entachées d’abus. En effet, la conséquence de ce qui précède est qu’en réalité seuls les apports d’artistes non membres de la CMC seraient légaux, ce qui ne concerne donc que les nouveaux artistes, qui ne représentent qu’une très infime partie du répertoire musical camerounais… Et pour autant que la légitimité de la SOCAM soit acquise, ce qui est contredit par la Cour Suprême du Cameroun.

En admettant même que la constitution de la SOCAM ne soit pas contestée, elle n’aurait donc aujourd’hui vocation à percevoir des droits que pour le compte des nouveaux artistes camerounais, non préalablement membres de la CMC. A cela, s’ajoute le fait que la SOCAM ne peut, faute d’avoir conclu des accords de réciprocité internationaux l’autorisant à exploiter le répertoire étranger, intervenir pour le compte des œuvres françaises, anglo-saxonnes, espagnoles, ivoiriennes, etc.… comme la CMC (Copie jointe).     

Sur la base de droits qu’elle ne détient pas, et sans aucun abattement vis-à-vis des gros consommateurs d’œuvres étrangères, les pratiques de la SOCAM s’apparentent, le mot n’est pas fort, à de l’escroquerie. Avec la bénédiction du ministère des Arts et de la Culture.

Les perceptions du répertoire International sont incluses dans l’assiette des perceptions de la SOCAM, mais rien n’est reversé aux organismes Internationaux propriétaire de ce répertoire.  C’est la raison pour laquelle la SACEM  et les autres organismes de gestion collective sont prêtes à ester en justice le Cameroun.
D’autre part, tous les fonds des spectacles à travers le monde de nos membres ne leur seront jamais  reversés.

En date du 01 Août 2013, répondant à notre lettre du 30 mai 2013, (copie jointe) vous avez dit que « la SOCAM ne relevait pas des compétences du ministère des arts et de la Culture ». Or le Ministère de la Culture s’apprête à décaisser des fonds pour l’organisation de l’Assemblée Générale de la SOCAM aujourd’hui en faillite.

Non, mille fois non, le SYCAPROM réfute ces scénarii puants que le ministère des Arts et de la Culture et la CPMC ne cessent d’écrire autour de la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical. Non, mille fois non, le SYCAPROM dénonce sans équivoque cette manipulation sordide des artistes musiciens par la CPMC.

Pour une sortie de crise, rappelez-vous Madame la Ministre, le SYCAPROM avait déjà soumis à l’appréciation de Votre Excellence un consensus général qui devrait permettre aux  artistes de tous bords de s’asseoir autour d’une table pour discuter et enfin, constituer une nouvelle structure sur des bases saines et conformément aux dispositions réglementaires en vigueur, seul gage de la légalité et de la transparence.

En l’état actuel des choses, on ne peut constituer une société de droit d’auteur en excluant certains artistes, ceux-là mêmes qui  sont propriétaires du répertoire camerounais actuel (liste jointe). Malheureusement, ces derniers n’ont pas touché leurs droits depuis 2008, et ceux qui sont adoubés  n’ont rien à voir avec les droits d’auteur qu’ils touchent et qui ne reflètent pas leur productivité.


Pour finir, le SYCAPROM entend manifester à travers des marches pacifiques à compter du 04 septembre 2013 pour dire et redire avec force que la crise du droit d’auteur du domaine musical au Cameroun relève d’une simple question de droit. Un droit, faut-il le répéter,  qui est en faveur de la CMC au regard des décisions de Justice.

Dans l’espoir que Votre Excellence prendra bonne note des préoccupations qui sont les nôtres,
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’hommage de notre profond respect.

Pièces jointes :Copie du contrat de représentation réciproque


Ampliations

-SGPR/PRC                                                                                                                                                               -PM                                                                                                                                                                   -MINCOM                                                                                                                                             -PCPMC                                                                                                                                                
-DGSN                     
-COURS SUPRÊME  
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