Dans une situation de guerre totale où le monde s'abime parce qu'il ne pense
plus qu'à faire ce qu'il sait déjà en oubliant de chercher à se réinventer à
nouveau via l'imagination, le rêve, mise en scène du désir d'après Sigmund
Freud, peut aider à imaginer un monde qui se remet en question et essaie
d'innover en pensant de nouveau et à nouveau aux utopies qui ne sont parfois que
des possibilités non encore effectives. Thierry AMOUGOU nous donne ici le rêve
d'un humanisme politique mondial comme une façon différente de penser le cas
syrien et le bien-être de l'homme dans la civilisation moderne.
Si l’être humain est la richesse suprême sur terre, si
n’importe quelle vie est sacrée parce que non substituable et non reproductible
par des moyens humains, alors toute mort non naturelle devrait être un désastre
pour l’humanisme mondial dont le but serait de faire de l’épanouissement de
l’homme l’objectif central de toute action politique. Loin s’en faut aujourd’hui
car l’humanisme mondial, si nous pouvons en postuler l’existence, est loin du
compte. En dehors de l’ancienne Mésopotamie (Irak), une des plus grandes et
vieilles civilisations du monde désormais un corbillard ambulant depuis
l’intervention américaine, la Syrie est le plus actuel des points focaux où, de
façon épisodique, la civilisation moderne s’abime et montre sa faillite
humaniste d’ensemble aux yeux d’un monde honteux de ne guère faire mieux que
l’âge du fer. Cela est facile à mettre en évidence si, pour un laps de temps,
nous acceptions de sortir de l’anesthésie généralisée de nos esprits par la
culture événementielle qui nous baigne. Sans prétention à l’exhaustivité,
choisissons quatre points pour décliner notre propos : la discrimination des
morts par les armes chimiques, la discrimination des Etats par la problématique
du chimique, le monde comme pays sous développé par rapport à l’idéal humaniste
et les solutions-problèmes.
Si, contrairement au chimique thérapeutique, nous approchons
ce que nous appelons le chimique belliqueux comme l’usage en temps de guerre
d’armes chimiques, alors l’existence même d’armes chimiques sonne déjà le glas
d’un rêve humaniste comme l’acmé de toute politique interétatique étant donné
que vouloir la paix équivaut toujours et encore à préparer la guerre : il faut
s’entretuer loyalement semble dire la morale universelle sur l’art de la
guerre.
Dans l’ordre des choses d’un monde humaniste, ce sont des
morts non naturelles d’hommes, de femmes et d’enfants qui devraient être les
signes du dépassement du seuil de tolérance tant des institutions
internationales garantes de l’ordre mondial de paix, que des grandes puissances
qui y ont du pouvoir structurel. Tel n’est pas le cas car c’est le chimique,
mieux l’usage d’armes chimiques qui constitue le dépassement du seuil de
tolérance. Alors que le cap des cent milles morts était dépassé depuis longtemps
en Syrie, tout se passe comme si ces cent mille premiers morts ne sont rien à
côté des derniers morts tués à l’arme chimique. Cette absurdité est tellement
grande et ahurissante qu’elle peut amener à penser que seuls les Syriens tués à
l’arme chimique sont vraiment morts quand les cent mille morts d’avant sont en
train de dormir pour un moment. Il est pourtant une lapalissade que de remarquer
que armes chimiques ou non, lorsqu’un homme, une femme ou un enfant est tué,
c’est, jusqu’à preuve du contraire, une fois pour toute. Comment donc le monde
dit civilisé peut faire du chimique la rupture de son
seuil de tolérance lorsque c’est toute perte non naturelle de la vie humaine qui
devrait être le point de déclenchement de l’interventionnisme de la communauté
internationale ?
Le manque total d’humanisme au sein des lieux de pouvoir du monde et son absence criarde dans le registre décisionnel de leurs leaders font dès lors de l’arme chimique une arme de discrimination massive entre les vies humaines : les bons morts, c'est-à-dire ceux qui permettent aux interventionnistes et/ou aux proclamés gendarmes du monde d’intervenir sont les morts gazés, quand les mauvais morts, c'est-à-dire ceux qui ne comptent pas et ne nécessitent pas une intervention, sont tous les morts normaux car triturés à la Kalachnikov, émiettés au mortier, écrabouillés par des bombes à fragmentation, écrasés par des chars et transpercés de torpilles et autres missiles. Ce ne sont pas de vrais morts parce que non chimiques. Constat qui se vérifie non seulement dans une Irak aujourd’hui un volcan de sang humain en éruption permanente, mais aussi dans le passée des guerres coloniales du temps de « la mission civilisatrice ».
En effet, Ali le chimique, ministre de Saddam Hussein ayant gazé les populations kurdes n’a pas seulement évincé les autres tortionnaires de ce régime des justificatifs de la guerre en Irak. Son œuvre macabre, c'est-à-dire les corps sans vie de Kurdes gazés ont mis sous éteignoir à la fois tous les autres morts du régime de Saddam Hussein, les millions de morts de l’intervention américaine, les centaines d’enfants euthanasiés par l’absence de médicament dans les hôpitaux d’une Irak sous embargo, et tout le sang qui ravine et dégouline chaque jour à travers ravins, rigoles et rue irakiens. Devant l’évidence historique d’une intervention américaine fondée sur des mensonges aussi grands que leur désastre humain en Irak, seules les images d’Ali le chimique et de ses victimes sont brandies par Anglais et Américains pour soutenir que leur intervention était justifiée. Les menteurs sont en liberté et les morts qui tombent encore en Irak à cause de leur faute ne sont nullement évoquées : ce ne sont pas des morts chimiques tués par un dictateur. Il y en a pourtant eu un bon nombre dans les guerres d’indépendance en Indochine, au Viêtnam et au Cameroun par exemple. Dans le cas du Cameroun, l’usage du Napalm par l’armée française contre des innocents dans son combat contre les nationalistes de l’UPC, a été confirmée, tant par le regretté avocat Jacques Verges, que par l’administrateur colonial Pierre Mesmer lui-même. Il n’y a donc pas seulement discrimination entre les morts chimiques et les morts non chimiques en temps de guerre, mais aussi entre les morts chimiques du Nord et les morts chimiques nègres. Le chimique belliqueux est-il uniquement condamnable lorsqu’il est utilisé par des Etats faibles et qualifiés d’Etats voyous dirigés par des dictateurs ? Quelle est la justice rendue par les démocraties occidentales aux morts chimiques camerounais et d’autres anciennes colonies ? Les Camerounais arrosés de Napalm ont-ils une place dans l’histoire tristement célèbre du chimique belliqueux dont le point culminant est la Deuxième Guerre mondiale et son little boy ? Ne sont-ils que les dégâts collatéraux d’une « mission civilisatrice » qui marcha paradoxalement sur la démocratie et les Droits de l’Homme ?
* Le chimique, arme de discrimination massive entre les Etats et les races
Les puissances interventionnistes ne montrent pas leur zèle interventionniste avec la même détermination partout dans le monde. Aucun pays africains ne fabrique les kalachnikovs qui y sont depuis des décennies des armes de destruction massive. L’interventionnisme n’a pas été à l’ordre du jour dans le génocide rwandais ou la guerre civile libérienne mais dans l’explosion tribale de l’instinct de mort en ex-Yougoslavie. La machette, le couteau, le pneu autour du coup (collier) instrument de massacre au sein des populations d’Etats pauvres sont très souvent, puisque situés hors de la problématique du chimique belliqueux, les armes des pauvres et des sauvages africains dont la mort en cascade lors de multiples conflits est sans objet dans la rupture du seuil de tolérance de la communauté internationale. Aussi lorsque François Hollande déclare que la France est prête à punir ceux qui ont gazé des populations innocentes en Syrie, on peut se demander si punir ceux qui dans l’histoire ont gazé des populations indigènes dans les colonies ne reviendrait pas à le reconnaître ouvertement. Et puis il y a le verbe punir. On punit son enfant après une faute. On punit un écolier contrevenant, mieux on punit, malgré les apparences, ceux qui sont plus faibles que nous soit en termes de pouvoir, soit en termes de forces physique, soit, dans le contexte actuel, en termes d’arsenal nucléaire. Autrement dit on ne discute pas avec les acteurs faibles, on les punit. Dès lors le niveau suprême du chimique belliqueux, c'est-à-dire l’arme nucléaire se fait suivant une politique discriminante, une nouvelle « mission civilisatrice » où seuls les Etats dits civilisés ont droit au surplus de pouvoir que permet d’avoir l’arme nucléaire quand les pays « non civilisés » sont frappées d’une interdiction de jouir du droit de la force militaire inhérente. Une grande partie monde subit encore, malgré les apparences, une « mission civilisatrice » car autant l’indigène devait payer l’impôt libératoire et subir les travaux forcés tout en abandonnant ses cultures, autant de nombreux Etats, l’Iran et l’Afghanistan en l’occurrence, doivent montrer pattes blanches alors que ce ne sont pas eux qui ont lâché les bombes à Hiroshima ou à Nagasaki en 1945. Le chimique belliqueux n’entraîne donc pas seulement une discrimination entre morts non chimiques et morts chimiques, mais aussi entre Etats du Nord et du Sud sur le droit d’accès au renforcement de sa puissance militaire via la bombe atomique. Le fait que les puissances occidentales n’aient jamais mis les pieds en Corée du Nord où le programme nucléaire à usage non civil est fort avancé est une preuve que cette arme permet la préservation de sa souveraineté nationale. La real politik subséquente au chimique belliqueux montre donc que l’erreur fatale qu’a commise Kadhafi, sachant que ses propres crimes en Lybie et hors de Lybie n’en font pas un parangon de gouvernant humaniste, est d’avoir arrêté son programme nucléaire pour suspendre l’isolement international dont il faisant l’objet.
* Le monde, un pays sous-développé sur le plan de l’humanisme politique
Penser le monde comme un seul et même pays n’est pas une bizarrerie issue de notre cerveau. Si la notion de citoyen du monde se développe, il faut bien que nous pensions aussi à ce que peuvent être les contours politiques d’un Etat-global qui se voudrait humaniste. Une dimension non négligeable de le pensée cosmopolite va dans ce sens via des philosophes comme Habermas, Judith Butler, Gayatri Chakravatory Spivak ou encore Hannah Arendt. Dans cette veine, imaginons, ce qui est possible, un indicateur de l’empreinte humaniste du pays-monde (EHM) que l’on peut concevoir comme la valeur moyenne du rapport entre les politiques menées sur le plan national et international et l’épanouissement humain qu’elles entraînent tant à l’intérieur des pays qu’à l’extérieur de ceux-ci. Si nous supposons en outre non seulement que cet indicateur a des valeurs comprises entre 0 et 1 inclus, mais aussi que l’empreinte humaniste d’une politique s’évalue par rapport à sa capacité à élargir l’éventail des choix possibles dans les sociétés, au renforcement des capacités individuelles et collectives de choix et à la multiplication des moyens d’éviter la mort non naturelle, de vivre en bonne santé, de s’éduquer et de travailler, il semble plus qu’évident d’avancer que le monde, pris ici comme un seul pays, serait un Etat en situation de sous-développement humaniste. L’EHM serait proche de zéro car les politiques nationales et internationales qui brillent par la restriction de l’épanouissement des hommes sont plus nombreuses que celles qui vont dans le sens contraire. Il n’y aurait plus la dichotomie Nord-Sud, mais uniquement un Sud global dont la caractéristique prégnante serait le sous-développement humaniste. Pourquoi produit-on des armes chimiques (ou les armes tout court) si ce n’est parce qu’on a l’intension à plus ou moins longue échéance de les utiliser sur des hommes, des femmes et les enfants dans un conflit armé ? Est-il crédible, si on veut améliorer l’EHM que les armes chimiques soient produites par des dirigeants qui ont pour objectif déclaré l’amélioration de la condition de l’Homme sur terre ?
En somme, les plus de cent mille morts que livre aujourd’hui
le conflits syrien et tous les contingents d’hommes, de femmes et d’enfants
enterrés par d’autres conflits, sont les preuves tangibles d’un
sous-développement humaniste du monde et donc de la civilisation moderne. Dans
l’anthologie des conjectures qui auréolent l’intervention militaire probable de
certaines puissances en Syrie, il est trois choses qui sont de l’ordre de la
certitude : Premièrement, la Syrie, et ses responsables politiques ne le nient
pas, possède des armes chimiques en grandes quantité. Deuxièmement, près des
1600 êtres humains ont été gazés en Syrie et sont passés de vie à trépas.
Troisièmement, le conflit syrien a déjà fait plus de cent mille morts. Améliorer
l’EHM impliquerait que la communauté internationale intervienne en Syrie ni pour
Assad, ni contre Assad mais pour arrêter le massacre, sauver des vies humaines
par la neutralisation de tous les belligérants et la recherche de solution
politiques par la médiation politique. Malheureusement l’EHM reste nulle dans
les analyses des
interventionnistes car le camp des interventionnistes,
malgré sa posture conséquentialiste, ne compte pas aller en Syrie pour sauver
des Hommes mais contre Assad pour sauver ses intérêts et se sécuriser lui-même.
Les interventionnistes ne rendent donc pas le monde plus sûr pour l’Homme car
l’EMH de leur politique est très faible. Pour preuve, Barak Obama déclara le
29/08/13 : « Je ne souhaite pas un conflit sans fin en Syrie, mais lorsque des
pays violent les règles internationales sur des armes comme des armes chimiques,
qui pourraient nous menacer, il faut qu'ils rendent des comptes. Si nous
envoyons un coup de semonce pour dire 'arrêtez', nous pouvons avoir un impact
positif sur notre sécurité nationale à long terme(…) Nous voulons que le régime
Assad comprenne qu'en ayant recours à des armes chimiques à grande échelle
contre son propre peuple, contre des femmes, des bébés, des enfants, il ne fait
pas que violer les règles internationales et les critères de décence, mais qu'il
crée aussi une situation dans laquelle les intérêts nationaux américains sont
affectés, et il faut que cela cesse."
De l’autre côté, le monde n’est pas plus sûr et l’EHM ne
s’améliore pas non plus avec l’attitude des puissances non interventionnistes
comme la Russie et la Chine car face à la vie humaine transformée paillasson par
les deux camps en guerre en Syrie, la Chine et la Russie font aussi peur et
froid dans le dos en se montrant insensibles devant une boucherie à ciel ouvert.
Avec ces deux grandes puissances comme inspiratrices de la politique mondiale
l’Etat-global ne serait pas plus sûr pour l’Homme car exclure toute intervention
alors qu’il y a un carnage à huis clos, signifie que la Chine et la Russie
savent qu’ils massacrent aussi et n’aimeraient pas que quelqu’un vienne regarder
ce qu’ils font chez eux. Le sort que Monsieur Assad inflige aux insurgés en
Syrie est du même ordre que ce que la Chine inflige au Tibet et aux Tibétains
depuis des années et que le Russie inflige aux Tchétchènes et à la Tchétchénie
depuis des années. Autrement dit, ils sont d’accord que chaque pays tue chez lui
et reste chez lui. En conséquence, le droit de véto se transforme en un droit de
faire couler le sang. Les puissances interventionnistes le font couler via leurs
interventions quand les puissances non interventionnistes le laissent couler via
leur non intervention. Même si nous condamnons les interventionnistes pour des
raisons sus-évoquées, rêvons-nous pour autant d’un monde où les Droits de
l’Hommes sont piétinés au quotidien dans tous les domaines comme en Chine et en
Russie ? Bref, ces deux puissances ne sont pas non plus des exemples à suivre
pour un monde qui veut améliorer l’empreinte humaniste de ses politiques. Si
nous comptons rendre concret la notion de citoyen du monde, alors nous devons
savoir que l’Etat-global qui en constitue l’utopie institutionnelle exige que le
monde se sécurise lui-même, c'est-à-dire que l’Etat-global soit son propre
gendarme. Les nations-unies sont une esquisse imparfaite de cet Etat-global et
sont aujourd’hui paralysées par la décision discrétionnaire des puissances non
interventionnistes. D’où une question pendante et brûlante : l’utilisation
impunie d’armes chimiques n’est-elle pas un feu vert que les non
interventionnistes donnent à tous les fous furieux à la tête des Etats, des
bandes armées et en possession de telles armes ? Ne pas
intervenir n’est-il pas aussi un crime contre l’humanité au regard de ce qu’est
devenue la vie humaine en Syrie ?
* Les termes de la quadrature de cercle : comment sortir des solutions-problèmes ?
Par solutions-problèmes, nous entendons des attitudes, des
postures, des politiques et des actes posés par des Etats, des individus et des
organisations internationales pour venir à bout d’un problème mais qui font
naître au bout du compte de nombreux autres problèmes plus graves. Ainsi que
nous venons de le voir, l’interventionnisme et le non interventionnisme sont
tous des solutions-problèmes par rapport aux objectifs humanistes parce que
l’épanouissement de l’Homme n’est pas au centre de leurs motivations
respectives. Ces solutions-problèmes semblent être la caractéristique des
modalités inventées par l’Homme pour améliorer sa vie sur terre. Ces modalités,
grosso modo, sont au nombre de sept :
* gouverner le monde par la guerre entendue comme la
poursuite de la politique par d’autres moyens. C’est ce qui se passe en ce
moment en Syrie sans oublier que faire la guerre ou mieux s’en prémunir est
aussi ce qui explique la naissance des Etats-nations, des empires coloniaux et
la surgissement de génocides. Les deux conflits mondiaux sont les points
culminants de la gouvernance du monde par la guerre.
* La régulation du monde par les dieux, solutions qui a elle-même débouché sur les intégrismes, l’inquisition et les guerres interconfessionnelles toujours d’actualité de nos jours.
* La régulation du monde par la raison notamment la
rationalité scientifique via la laïcité et l’exclusion des dieux de la marche du
temporel. La conséquence ici est un monde hautement technicien mais pris au
piège d’une explosion des intérêts individuels que seul l’ordre des dieux
pourrait parfois tempérer ainsi que le fait actuellement le pape François sur la
Syrie.
* La régulation du monde par l’intérêt ou l’économique à
tels points que le juste et l’altruisme sont les valeurs absentes des arbitrages
économiques dits efficaces et efficients.
* La régulation du monde par la diplomatie via les
Nations-Unies victimes désormais de ce que le politologue Bertrand Badie appelle
« la diplomatie de connivence ». C’est elle qui entraîne l’immobilisme dans le
cas syrien où ce ne sont pas les vies humaines qui comptent mais les intérêts
égoïstes des grandes puissances. En conséquence, la responsabilité de protéger, principe élaboré en 2005 à l’ONU après le
génocide rwandais, est devenu le masque via lequel la loi du plus fort avance
masquée.
* La régulation du monde par la justice internationale via
par exemple la CPI n’est pas plus rassurante car son procureur dépend du Conseil
de sécurité de l’ONU dont les cinq membres permanents disposent d’un droit de
véto. Aucune accusation ne peut être portée contre ces membres permanents et
aucuns de leurs protecteurs ne peut y être traîné car les dossiers ne peuvent y
aboutir que s’ils sont cautionnés par eux. En conséquence, Charles Taylor y fut
condamné à la fois parce qu’il est faible et coupable alors que Bush fils n’y
est pas parce qu’il est un acteur puissant malgré les massacres entraînés en
Irak par ses mensonges.
En conséquence, c’est l’Homme universel la véritable arme de
destruction et de discrimination massive. L’Etat-global ne semble pouvoir sortir
de son sous-développement humaniste que si l’Homme change d’abord
individuellement et collectivement l’ordre de priorité entre sa vie en abondance
et l’assouvissement sans scrupules de ses envies de dominations tous azimuts via
l’acquisition du pouvoir politique. Améliorer l’EHM dépend donc de la mise du
pouvoir et des politiques qu’il développe au service de la vie en abondance dans
toutes ses dimensions. Le chimique thérapeutique devrait normalement prendre le
pas sur le chimique belliqueux et améliorer l’EHM du monde si le bien-être de
l’Homme dans toute sa dimension devient le point de confluence entre l’intérêt
économique, le discours du cœur, les lois des dieux, la rationalité
scientifique, la diplomatie des Etats, la guerre et la justice internationales.
Tel est un rêve humaniste mondial qui semble utopiste sans un minimum de
conséquentialisme.
© Correspondance : Thierry AMOUGOU, économiste,
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