Le « Renouveau » a progressivement évacué « des jeux », les enjeux globaux de développement, pour en faire des instruments spécifiques de gouvernance endogène. A l’instar du football qui a anormalement phagocyté toutes les disciplines sportives, l’art musical a occulté tous les pans de la culture camerounaise, faisant du ministère de tutelle, celui de la musique. Tout s’y passe comme-si le cinéma, l’art plastique, l’art dramatique etc., n’intéressent que ceux des artistes qui y croient encore. L’idée de faire de la musique le «ventre dur» de la culture et la vitrine du Cameroun, à l’intérieur comme à l’extérieur est visiblement un échec depuis bientôt trente ans. Bien loin du début des années 70 et 80 où les rythmes camerounais briguaient la tête de tous les hitparades en Afrique et dans le monde.
C’est honnête de reconnaitre que, dans la plus part des régimes politiques, lorsque les outils à mobiliser pour sortir le pays de l’ornière tardent à monter la mayonnaise, on se sert des jeux pour divertir et même distraire. Le temps de trouver des solutions viables, quitte à ne pas rentrer dans les manœuvres dilatoires et installer le divertissement perpétuel. En observant de plus près la météo sociopolitique camerounaise, on peut dire que le droit d’auteur et le droit voisin du droit d’auteur font partis de ce qu’on pourrait appeler des lorgnettes politico-spirituelles : des sortes d’instruments à travers lesquels la seule visibilité est du ressort exclusif du « CAPUT », les autres acteurs étant des lanterniers à éclairer dans la sphère du paranormal. Il n’y a qu’au Cameroun que les « bricoleurs » peuvent se servir de la « boite à outils » sans aucun rangement utile pour les usages avenir, car pour eux, les outils se rangent par eux-mêmes de manière à toujours satisfaire le principal utilisateur. Voilà ce qui peut justifier la paralysie entretenue, d’un pan important de la culture, à travers ce « nouvel acte » de l’affaire Ndédi Eyango.
Les stratèges de l’exclusion
L’innovation dans ce feuilleton n’est aucunement l’invitation du chef de la mission diplomatique du Cameroun aux USA, parce que visiblement, pour ce qui suivent de près ce dossier, il défonce une porte déjà ouverte. Les Camerounais savaient il y a bientôt un mois, à travers l’Ambassade des USA au Cameroun que le mise en cause était détenteur d’un passeport américain. La presse nous l’a rappelée à profusion. Il est donc évident qu’en tant qu’Américain, il a régulièrement obtenu un visa pour se rendre au Cameroun, comme c’est d’ailleurs le cas pour tous les autres Camerounais dans des circonstances voisines, dans tous les pays où il existe une représentation du Cameroun.
Le personnel dans nos représentations diplomatiques nous renvoie généralement par leur posture, aux souvenirs des scènes quotidiennes de l’hypertrophie dans la circulation de l’information entre bureaux, comme on en voit dans nos sous-préfectures aux Cameroun. Personne à l’ambassade du Cameroun aux USA, sauf à être de mauvaise foi, ne peut affirmer sans se démentir, qu’il ne connait pas Ndédi Eyango. Cela dit, tous savaient qu’il a un passeport américain. Du moins ceux qui ont traité son dossier de demande de visa. Comment donc comprendre ce silence depuis le 02 novembre dernier, date de son élection à l’issue duquel le problème de double nationalité se posait déjà ?
Tous ses éléments que Foé Atangana, sorti de sa grande nuit, met à la connaissance du gouvernement, ne sont pas si nouveaux. Ils étaient connus de tous y compris d’Ama Tutu Muna, qui a donné l’impression la semaine dernière d’être à la recherche d’une sortie de crise, visiblement pressée par les sbires de son « Etat major » à la veille du remaniement ministériel. Dans les usages administratifs au Cameroun la consultation dans son principe, est plus consubstantielle à la recherche du consensus minimum qu’à autre chose. C’est un prélude au rassemblement dont les seules exigences d’un camp (évidentes en de pareilles circonstances) ne peuvent justifier tout l’acharnement dont est victime l’artiste aujourd’hui.
Tous visés
L’affaire Ndédi Eyango est comme un « générique de fin », où chacun de nous peut y voir avec stupéfaction un jour, son nom défiler sur l’écran. Aucun Camerounais de la diaspora n’est à l’abri. En dehors des « papa m’a dit que… » qui y sont, le temps d’une formation, pour après rentrer occuper les postes créés pour les besoins de la cause, combien de Camerounais peuvent se targuer d’avoir passé 10 ans à l’extérieur ( en occident en l’occurrence) sans avoir eu à solliciter la nationalité du pays d’accueil pour quelques raisons que ce soit? Cet affaire est un affront vif à la diaspora, qu’on ne pourrait isoler de l’agression subit par Paul Biya il ya quelques semaines en France.
Voici ainsi un combat endogène, qui nous semble plus noble à mener pour régler définitivement cette injustice qu’est le rejet de la double nationalité. Car le droit de vote sans cette dernière, est un cadeau empoisonné dont la purification réside en chacun de nous. Parce que pour la plus part contraint de nous y établir. Ceux qui vivent en Europe en particulier savent que le stress lié au renouvellement du séjour est un frein sûr aux différentes formes de participations.
Le Vice président de la section RDPC de France, Atemengue J-B., au cours de l’émission « Canal Presse » il y a quelques semaines, a fait un témoignage assez instructif en la matière. Affirmant que la double nationalité est fille du « Renouveau » en occident. Il ne s’est d’ailleurs pas arrêté en si bon chemin, lorsqu’il affirmait fort opportunément qu’ : « il n’y aurait pas de section RDPC en Europe sans cette tolérance administrative ».Le rejet de la double nationalité au Cameroun est donc un problème politique et non juridique, puisqu’il s’’applique de façon sélective aux uns et pas autres. Selon qu’on soit proche ou non du leader central, on peut rentrer et y occuper des fonctions en toute impunité. L’ensemble du gouvernement le sait. C’est ici d’ailleurs qu’on peut questionner la naïveté politique de Ndédi Eyango.
Le simple fait de quitter le Cameroun fait de nous des apatrides avec d’ailleurs l’onction des gouvernants. Il nous revient à cet effet au cours d’une réunion dans une ambassade du Cameroun en Europe, qu’un « Haut Responsable » de l’administration s’était ahuri du fait qu’un Camerounais de la diaspora se soit retrouvé à la tête d’un projet, fruit du partenariat que lui-même avait négocié de boue en boue entre une institution occidentale et l’université de Buéa. A l’issu de la réunion le message était clair : « envoyez seulement… nous on fait le reste». Cette anecdote est la symbolique d’une division savamment planifier des Camerounais, d’une exclusion de ceux-là qui ont pour seul tort d’avoir choisi de participer autrement. La mobilisation doit donc être tout azimut et permanente, parce que visiblement, avec cette affaire Ndédi Eyango, la reconnaissance de la double nationalité au Cameroun devient un véritable sexe de canard.
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