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AXE SANGMÉLIMA-MENGONG : LES POPULATIONS DÉNONCENT L’ARNAQUE DU SIÈCLE par La Météo

Les travaux de construction de la route sont arrêtés depuis un an, plongeant la zone dans un quasi-enclavement.

Il faut aujourd’hui près de deux heures pour parcourir la trentaine de kilomètres qui sépare Sangmélima d’Avebe Esse, dans le Sud. Il faut, surtout, disposer d’un bon véhicule tout-terrain et être suffisamment téméraire. A moto («bend-skin»), le candidat au voyage devra compter entre 3000 et 4000 francs qu’il proposera à un moto-taximan pas très engagé pour l’aventure. «S’il vous plait, aidez-nous, dites à Paul Biya, pour une fois qu’il a pensé à nous, que ses responsables sont en train de nous tuer à petit feu !» s’écrie un habitant d’Alangane au bord des larmes.

La route Sangmélima-Mengong est en effet un enfer à ciel ouvert. Jadis bourbier, abandonné au fil des mois par les cars de transport en commun, cet axe s’est considérablement dégradé depuis quelques mois. C’est pourtant en cette même époque que, selon le calendrier d’exécution, le chantier de bitumage devait se trouver à sa phase terminale, l’inauguration de la voie étant prévue pour 2014. Mais c’était sans compter avec des réalités bien camerounaises.
Les travaux, lancés en grande pompe le 8 février 2012 sur une distance de 118km, avaient été confiés à l’entreprise espagnole Galdiano pour un coût global de 42 milliards de francs et un délai de 30 mois. «Le démarrage des travaux de cette route a pris assez de temps, nous le savons tous. Mais aujourd'hui, nous voulons vous certifier que ces travaux sont effectifs», avait alors assuré le constructeur.
 
Incompétence
Déjà, de sérieux doutes subsistaient quant à la capacité de Galdiano à réaliser ce projet. On pointait notamment le manque d’expérience dans le domaine des travaux publics, l’absence de matériel adéquat, etc. Pour ne rien arranger, l’entreprise avait passé de longs mois à tergiverser sur le tracé. Et puis vint de temps des grincements de dents des populations expropriées, à qui pour la plupart on avait remis des indemnisations plus que dérisoires. A leurs protestations véhémentes, les autorités locales promirent vaguement le réexamen de la situation.
Entre-temps, Galdiano avait engagé de lourds travaux de terrassement et de construction de ponts. Les populations, déjà suffisamment remontées, endurèrent toutes sortes de désagréments mais comptaient être consolées par le passage d’une route moderne, dans ce coin du Dja et Lobo oublié du département d’origine du président Biya. Le chef de l’Etat leur avait promis, le 17 janvier 2011, à l’ouverture du Comice agropastoral d’Ebolowa, que lesdits travaux «commencent cette année».
Les frustrés de Sangmélima-Ebolowa par Mengong ont sagement attendu, comme d’habitude. Sur cet axe agricole où le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) connaît souvent ses meilleurs scores électoraux, on n’a jamais connu la joie d’avoir un représentant au gouvernement ; on ne connaît pas davantage l’existence, passée ou présente, d’un directeur général de société d’Etat aux affaires. Les paradoxes du pays organisateur, aurait soufflé feu Charles Ateba Eyene. Le seul qui entretenait la flamme, c’est François Essame (Bucavoyages), ancien maire de Sangmélima aujourd’hui député. Originaire d’Eminemvom, personne ne se souvient du dernier passage dans son village natal où il n’a pas investi. «Il fait partie de l’élite citadine et est diminué par la maladie. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes», explique un cousin.
 
Amba Salon. 
Le 10 décembre 2013, un communiqué, publié à l’issue d’une réunion dévaluation de la feuille de route présidée par le ministre des Travaux publics, indiquait : «Beaucoup de problèmes se posent pour l’exécution des travaux de construction de la route Mengong-Sangmélima. Il y a les retards dans les procédures de libération de l’emprise et dans le paiement des décomptes. En plus l’entreprise dont le contrat était en cours de résiliation s’est ajustée et vient de reprendre timidement les travaux.»
Ce fameux «timidement» ne se manifeste point sur le terrain. Au contraire. Galdiano a fermé sa base-vie à l’entrée sud de Sangmélima, congédié ses dizaines d’ouvriers et les dégagements effectués par ses engins se sont transformés en véritables cratères avec l’érosion. L’approche des pluies fait craindre le pire. On se retrouvera alors dans un bourbier sans nom, l’enclavement total. Une zone névralgique du Dja et Lobo, connue pour la culture du cacao et l’approvisionnement du département, du Gabon et de la Guinée Équatoriale en produits vivriers, sera coupée du monde.
Personne, parmi les autorités, n’a cru devoir aller sur ce terrain expliquer les raisons du blocage aux pauvres paysans. Le ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla, ne sort pas de son douillet cabinet pour s’assurer du respect des engagements pris par Paul Biya devant des concitoyens. Sans doute a-t-il raison : un trajet Sangmélima-Mengong lui renverra sur le visage les images de la misère du pays profond, pourtant à moins de 300km de Yaoundé.
Selon des sources introduites, le bras de fer entre Galdiano et les pouvoirs publics s’expliquerait non seulement par l’incapacité de la société à respecter le cahier de charges mais également du fait de profondes mésententes sur le paiement des contreparties financières. «Les gens aux affaires auraient tort de nous prendre pour des lâches. Ils attendent peut-être que nous abattions des arbres en travers de la route, ou encore d’autres actes de mécontentement du même type. Voilà donc comment on fabrique des opposants», avertit un instituteur du coin.
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