Hier en
zappant mon 15 pouces cathodique, je suis tombé sur Bernard Ndjongang sur une
de nos chaînes de télévision privée du pays. J’ai été séduit comme à chaque
fois que je l’ai écouté par son langage simple, son français de « paysan »
dont il a longtemps porté « la voix ». Le verbe de l’homme qui maîtrise le
sujet dont il parle. Toujours une explication d’une explication afin de mieux
se faire comprendre.
L’ingénieur
agronome expliquait au journaliste, les raisons de son entrée en politique. A
titre de rappel, il faut dire que depuis la semaine dernière officiellement
Bernard Ndjongang est le nouveau président national du Crac. Un nouveau-né dans
la famille de la politique plurielle et pluraliste déjà nombreuse du Cameroun.
Si les nombreux exemples qu’il a pris lors de son intervention pour démontrer
les réalisations possibles dans le domaine de l’agriculture au Cameroun m’ont
fasciné, ainsi que les différentes potentialités que notre pays présente, je n’ai
pas manqué néanmoins de constater que son rêve politique se construisait sur
une véritable illusion.
Si à la
place de l’agriculture, il avait mis Dieu dans son discours, j’aurais pris l’ex
président de l’ACDIC pour un de ses nouveaux illuminés qui se réveillent avec
le nom de Dieu en bouche et qui devient la solution à tous les problèmes. J’aurais
pensé qu’il avait été atteint du syndrome du Christ, médecin, commerçant,
enseignant, enfanteur, douanier. Bref, du Christ fait tout ou peut tout. Du
Christ qui remplace le politique dans ses missions régaliennes. Mais toujours
est-il que Bernard Ndjongang a rêvé et que son rêve il veut le vendre au
camerounais.
Il prétend
que c’est le politique qui a toujours bloqué la plupart des projets qu’il a
porté en matière d’agriculture, que c’est ce blocage qui justifie son irruption
en politique. Mais dans le même temps il refuse de se faire qualifier de parti
politique. « Le crac est un mouvement politique », « on ne vise pas le
pouvoir », « les élections ne nous intéressent pas », « on veut
donner à manger aux camerounais ». Questionné sur le faible taux de réalisation
des projets, il a répondu que les questions politiques ne les intéressent pas
au Crac, car « les camerounais ont faim », et ces questions sont très
complexes. Mais que veut donc Bernard Ndjongang ? Ne valait-il pas mieux créer
une ONG pour résoudre les problèmes de famine ?
Le but d’un
parti ou d’un mouvement politique, pour éviter le réductionnisme, (qu’il a
voulu éviter même si chaque parti veut le maximum de partisans et ne recrute
pas que dans une classe. En cela chaque parti est donc un mouvement) que craint
l’ingénieur agronome, c’est la conquête, la prise et la conservation du
pouvoir. A moins bien sûr que Bernard Ndjongang ne veuille assigner un autre
but au parti ou alors qu’il nous dise comment réaliser ses projets si le
pouvoir ne l’intéresse pas et que ce seront toujours les mêmes qui ont
longtemps bloqué ces projets qui seront au pouvoir ? Comment faire de l’agriculture
le moteur du développement, du progrès social sans pouvoir décisionnaire (législatifs
ou exécutifs) ?
Si tant il
vrai que le pouvoir ne les intéresse pas, l’Acdic n’aurait-il pas suffit pour
mener le combat contre la famine ? Sauf bien sûr si à travers ce geste Bernard
Ndjongang espère le ministère de l’agriculture dont il n’a pas manqué de
fustiger le travail de son actuel locataire. Mais aurait-il eu besoin d’un
parti pour cela ? En rentrant au Rdpc il aurait réussi à se faire coopter qui
sait ?
Un projet ou
un programme politique peut avoir pour fondement l’agriculture, notre homme ne
doit pas en avoir honte au contraire, cela peut susciter des adhésions sérieuses
dans un pays où la majorité vit en zone rurale et espère quotidiennement sur l’agriculture.
Mais pour réaliser un tel projet, sauf un pouvoir réel et effectif peut le
permettre, ce que Bernard refuse. De l’autre côté, on ne peut pas compter
seulement sur l’agriculture comme certains sur le foot pour développer un pays.
Pour un président de parti, c’est aberrant de ne pas donner son avis sur les
questions politiques de son temps, et de privilégier un seul domaine de son développement.
Le parti écologique
français ne compte pas que sur la protection d’un environnement déjà dégradé
pour en faire le poumon du développement économique de la France. Une priorité
politique ne signifie pas le dédain de toute autre opportunité. Doit-on devenir
tous agriculteurs ou paysans ?
Bernard
Ndjongang a-t-il peur d’assumer son opposition ? Tout porte à le croire à moins
qu’il ne joue la carte de la mauvaise foi afin de rallier le maximum de
camerounais en leur faisant croire que le pouvoir ne l’intéresse pas. Alors
nous ne sommes pas dupes, nous accompagnerons un homme capable de s’assumer
publiquement, qui démontre par quels moyens il compte nous hisser vers les
sommets, qu’un homme qui nous dise que le paradis est là alors qu’on vit l’enfer.
Par DJEMO
Arnaud
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.