Après le printemps arabe, l’Afrique noire est en train de subir son tour des révolutions populaires. Les peuples s’insurgent désormais contre le sommet du pouvoir, et cette violence insurrectionnelle est applaudie, cautionnée, soutenue tant par la communauté internationale que par celle de la rue.
Certains financent ces révolutions afin de lutter contre le brigandage politique, contre l’embrigadement du pouvoir par un seul ou par un groupe. C’est une guerre contre la dictature. On oppose donc la force de la démocratie à celle du dictateur. Le combat du peuple vise l’alternance politique dont on fait désormais le pilier de la démocratie.
Kadhafi était un dictateur selon les américains et les français qui ont financé sa mise à mort. Le peuple libyen a donc dégagé du pouvoir le tyran. De même que Compaoré qui se trouve aujourd’hui en exil après que le peuple burkinabé ait marché jusqu’à son palais. Ici comme là c’est la chute de la dictature. Pour le Pr Shanda TONME s’agissant du cas du Burkina il déclare que « ce qui est en cause, c’est malheureusement la longévité au pouvoir, l’absence de perspective d’alternance transparente et claire ».
La longévité au pouvoir explique donc la révolution du peuple. Cette vérité n’appartient pas malheureusement à ce Pr seul, pour qui j’ai beaucoup d’admirations. Il n’y a pas longtemps d’ailleurs, un document figurait dans un numéro du Messager signé par quelques africains militants en faveur de l’alternance comme gage de la démocratie véritable.
Sans toutefois défendre ce qui s’apparente la plupart du temps dans nos pays africains à de la monarchie, nous pensons néanmoins que la longévité n’est pas la cause des révolutions populaires, et que par conséquent l’alternance n’a de valeur que si elle est faite pour et dans l’intérêt du peuple. Si les peuples se révoltent, c’est que la mal gouvernance en est le principal mobile. Le mal-être. Dans ce qu’on qualifie de démocratie parce qu’occidentale, on assiste à ces manifestations de rue. C’est dire que la révolution ou la révolte du peuple, tente de dire son mal-être.
L’alternance qui signifie la possibilité de roter le pouvoir, la chance que l’on accorde à chacun de s’essayer, ne garantit pas le bien-être. On peut bien avoir tous les 6 mois, les 2 ans, ou les 4 ans des hommes différents au pouvoir, mais qui soient tous des fainéants, des corrompus, des incapables, sans pour autant que le peuple se porte bien. Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui pour le Pr Shanda, comme pour beaucoup d’africains désormais, Kadhafi reste un héros. Si Kadhafi est désormais encensé au détriment de sa longévité réelle au pouvoir, c’est qu’on pense qu’il était un visionnaire, soucieux du développement de l’Afrique. Cet avis mitigé, contrasté, nous ramène donc à dire que ce n’est pas le temps qu’un homme met au pouvoir qui fait problème, mais ce qu’il a fait pendant tout le temps qu’il y est resté.
Nous ne sommes pas des zélateurs de ces tyrans qui nous gouvernent. Mais leur tyrannie repose plus sur le fait que leur gestion du pouvoir se fait dans leur unique intérêt et non parce qu’ils se sont éternisés au pouvoir. M. Necker posait ce problème aux gouvernants afin de les éviter les crises sociales, pour lui seule une « sage administration », que nous nommons aujourd’hui « bonne gouvernance » peut garantir la longévité du pouvoir, et la bénédiction du peuple. « N’en doutez point, Sire, une sage administration vous vaudra mieux que la politique la plus transcendante; et, si vous réunissez à tant de forces l’empire que donne sur toutes les nations un caractère éclatant de justice et de modération, vous jouirez à la fois, et de la plus grande gloire, et de la plus formidable puissance.
Ah! Donnez au monde ce magnifique spectacle; et, s’il vous faut des arcs de triomphe, montrez-vous alors dans vos provinces ; et précédé de vos bienfaits, paraissez au milieu des cris de bénédiction et des acclamations impétueuses d’une nation sensible, heureuse par son roi ». Telles sont les propos inspirées à cet auteur par l’abbé de Saint-Pierre, d’un homme qui a compris que le peuple a besoin d’autre chose que d’un défilé d’hommes politiques, affamés comme des rapaces, mais d’un homme qui se soucie de leur bien-être.
Par DJEMO Arnaud
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