L’histoire constitutionnelle des Etats africains a été particulièrement mouvementée. C’est un parcours difficile et sinueux, semée d’embûches et de chausse-trappes. Alternant des passages escarpés et les aires de repos, les succès et les revers mais surtout des revers au point de penser que l’Afrique noire est mal partie. La solidité des Institutions comme des Constitutions ne se décrète pas, c’est un long construit qui appelle différentes expertises et surtout une réelle éducation à la fois des gouvernants mais aussi des gouvernés. Les Institutions se doivent de construire un paysage social, culturel, économique, médiatique et politique pourquoi pas religieux. C’est dans ce construit que la transition voire le respect des Institutions se solidifie et s’affirme comme étant la norme de toute volonté d’exercer le pouvoir suprême. A regarder avec attention, les Institutions dans notre continent. Nous sommes en face d’un quatuor de difficultés diachroniques allant de l’émergence de nos institutions à leur légitimation en passant par l’expérimentation et leur réactualisation permanente qui émane de la volonté des dirigeants à ne point construire une société stable. Toutes ces phases traduisent plus ou moins mais plus une dynamique institutionnelle relativement chaotique avec une volonté de centralisation voire même de personnalisation et ou de confiscation du pouvoir comme on vient de le constater au Burkina Faso et bien avant ce pays ici au Cameroun et vous pouvez ajouter tous les autres pays, la Guinée Equatoriale qui en ce moment réunit les acteurs politiques afin de voir dans quelle mesure le tenant du pouvoir actuellement peut l’éradiquer pour gouverner même après sa mort.
La terminologie « fragile » est fortement combattue notamment par l’Union Africaine qui voit là une porte ouverte à l’interventionnisme de la communauté internationale dans la gestion interne de ses « non-successions ». Le concept d’État fragile a été porté à l’attention de la communauté internationale après le 11 septembre 2001. En effet, jusqu’alors, les États faibles, incapables de faire régner l’État de droit et de conserver le monopole de la violence légitime, étaient essentiellement considérés comme une menace pour leurs propres populations et pour la stabilité de leur environnement immédiat. Les attentats du 11 septembre ont modifié cette perception, un consensus général ayant émergé des forums politiques autour de l’idée que l’instabilité d’un seul pays était susceptible de favoriser le développement d’activités terroristes et donc de mettre en péril la sécurité internationale. Cette question a été abordée dans la Stratégie de sécurité nationale des États-Unis en 2002, rapidement suivie par la Stratégie européenne de sécurité, adoptée en 2003. Par voie de conséquence, le concept s’est profondément enraciné dans le discours sécuritaire occidental. Il a aussi revêtu une importance de plus en plus grande au sein de la communauté du développement, au travers du prisme de la sécurité humaine et de la prise de conscience de plus en plus prégnante du lien entre sécurité et développement. Cette évolution doit également être replacée dans le cadre de la « redécouverte » de l’importance des institutions étatiques, après l’échec des politiques de réformes économiques des années 90 menées par les institutions financières internationales. C’est dans ce contexte que le CAD (Comité d’aide au développement) de l’OCDE a mis sur pied un « Groupe sur les États fragiles », destiné à tirer des enseignements des approches développées dans les différents États membres de l’organisation, afin de proposer des directives politiques pour améliorer l’engagement dans les Etats fragiles et accroître l’efficacité du développement.
Je prends ainsi cette liberté de circonscrire le concept afin de montrer à vos lecteurs toutes la difficulté que revêt le concept en lui-même et ensuite combien de fois il est difficile que les mécanismes de transition soient respectés dans un Etat qui a perdu la puissance de faire et la légitimité de faire faire. Si nous voulons arriver à la légitimation de nos Institutions et à des transitions qui respectes la Constitution il nous faut un aggiornamento et un Instrumentum laboris consensuel avec l’armée comme garant de la stabilité du pays. Un peuple qui est maître du pouvoir et qui sait contester mais aussi qui sait remettre sa part de souveraineté aux députés et sénateurs. Nous en sommes encore loin. Le Cameroun est sur un volcan et nous devons parer au plus urgent qui est la démission de l’équipe gouvernementale actuelle afin de trouver un cadre de concertation politique capable de permettre au Président Biya de quitter le sommet de l’Etat sans casse pour lui mais aussi pour le pays.
Dr Vincent-Sosthène FOUDA
Président du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie [M.C.P.S.D]
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