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Les propositions du Grand Nord à Paul Biya par les élites des régions septentrionales du Cameroun par Raoul Givanda

Pour annihiler la secte islamiste Boko Haram au Cameroun, la stratégie du gouvernement ne se limite pas seulement à une réponse militaire. Il entend aussi combattre l’extrême pauvreté des régions septentrionales du pays, abandonnées à elles-mêmes depuis des lustres, et qui peuvent servir de terreau fertile aux ambitions déstabilisatrices des uns et des autres. Bien que la tâche s’annonce ardue, l’intention politique est tout de même à saluer. Vaut mieux tard que jamais.

                       C’est sans doute pour cette raison que les populations ont acclamé l’instruction donnée par le chef de l’Etat, Paul Biya, à son Premier ministre Philemon Yang, le 26 juin 2014, de faire élaborer par son gouvernement un grand Programme d’investissement prioritaire pour les régions septentrionales. Elles ont cru percevoir dans cette démarche une tentative de mettre à niveau cette partie du pays. Pour ne rien laisser au hasard, le gouvernement a choisi la voie de la démarche participative. Il s’est tourné vers les populations des régions septentrionales afin que de la base, remontent vers le sommet les attentes des uns et des autres.


                       Dans ce sens, un Comité ad hoc des élites chargé de l’identification des projets du Programme d’investissement prioritaire des trois régions septentrionales et présidé par le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibrila, été mis sur pied. Après un travail fastidieux, ledit Comité a transmis en septembre 2014, ses conclusions au gouvernement. L’objectif recherché par ce Programme est de permettre aux Régions septentrionales du Cameroun d’améliorer les Indicateurs de Développement Humain (IDH), d’inverser la tendance actuelle de la croissance économique, d’améliorer la situation sociale et sécuritaire, de rattraper le retard accusé à l’horizon 2020.

                       A moyen terme, il vise à améliorer de manière substantielle le niveau de développement socioéconomique et d’éradiquer toutes formes d’extrémisme inhérentes à la pauvreté et à l’oisiveté des populations indique le document de 82 pages transmis au gouvernement. Fruit d’une réflexion collective qui a connu la participation des élus locaux, des autorités locales, des organisations des jeunes, de la société civile, etc, le document dont votre journal a obtenu copie offre au gouvernement des solutions afin que les régions septentrionales montent enfin dans le train du développement.

INQUIèTUDES

Quatre mois après l’initiative présidentielle et plusieurs semaines après sa transmission au gouvernement, le fameux plan d’urgence tarde à se dessiner. De sources internes au gouvernement, le dossier est toujours à l’étude. Chez les populations du Grand Nord, c’est l’impatience. Urgence ne veut certes pas dire précipitation, mais tout de même quatre mois après c’est long. Nous craignons que l’idée du chef de l’Etat ne soit torpillée ou même que nos propositions ne soient vidées de tout leur sens, explique une élite qui a participé à la rédaction du document.

Quid du financement de ce mini plan Marshall ? Nous avons appris que ce sont les pays occidentaux qui allaient financer cette affaire et que l’idée viendrait même d’eux. Cela suppose que la mise à exécution du plan d’urgence va encore prendre du temps, dans la mesure où les propositions du gouvernement devront être encore validées par les bailleurs de fonds. Entre temps, nous continuons de crever.

La famine pointe même déjà à l’horizon et à ce rythme, c’est d’un plan d’urgence humanitaire dont nous aurons bientôt besoin, regrette un député Rdpc.


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